Des banques centrales, comme celles de la Suisse, du Japon ou la Banque centrale européenne (BCE), recourent à des taux d’intérêt négatifs pour stimuler l’économie et dévaluer leur devise.
En réduisant ainsi leurs taux d’intérêt sous zéro, elles espèrent inciter les banques à accorder davantage de prêts aux entreprises et aux particuliers.
Mais dans le même temps, des taux d’intérêt négatifs découragent aussi l’épargne des particuliers et amènent certains investisseurs à prendre plus de risques.
Au pays, le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a déjà indiqué que des taux d’intérêt négatifs au Canada étaient une «option» – actuellement, le taux directeur de l’institution est de 0,50%.
Malgré tout, l’économie canadienne serait en grande partie à l’abri de ce phénomène, selon des économistes du Mouvement Desjardins, de la Banque Nationale, de la Banque Laurentienne et de BMO Marchés des capitaux.
«Notre vision est que ce scénario apparaît actuellement peu probable», affirme Hendrix Vachon, économiste principal chez Desjardins.
Pour qu’il y ait des taux d’intérêt négatifs, la Banque du Canada devrait selon lui avoir une raison majeure pour assouplir davantage sa politique monétaire.
Par exemple, cela pourrait être le cas si l’économie canadienne se détériorait à nouveau et si cela menaçait clairement l’atteinte de la cible d’inflation de la Banque du Canada.
L’économie canadienne reprend de la vigueur
«Or, les plus récentes données indiquent plutôt que l’économie canadienne reprend de la vigueur, aidée entre autres par la croissance des exportations manufacturières, souligne Hendrix Vachon.
Paul-André Pinsonnault, directeur économie et stratégie à la Banque Nationale, ne croit pas non plus que le Canada aura bientôt des taux d’intérêt négatifs.
«Dans le contexte canadien actuel ou les risques de déflation sont bas et/ou les anticipations face à l’inflation sont bien ancrées, il ne semble pas y avoir de justification pour la banque centrale de recourir à cet outil», affirme-t-il.
En février, l’indice des prix à la consommation au Canada s’établissait à 1,4%, comparativement à -0,2% dans la zone euro.
Sébastien Lavoie, économiste en chef adjoint de la Banque Laurentienne, est du même avis. Selon lui, il n’est pas envisageable à court terme d’assister à plusieurs baisses successives de taux directeur de la Banque du Canada, qui mèneraient à un environnement de taux d’intérêt négatifs au pays.
«Ce n’est pas pour bientôt», dit-il.
L’économie canadienne, explique-t-il, est en voie de connaître une année de croissance positive mais modeste, propulsée par la demande américaine vigoureuse, un huard faible et les récentes mesures budgétaires du gouvernement Trudeau.
De plus, l’inflation continuera de naviguer près de 2%.
Pour sa part, Douglas Porter, économiste en chef chez BMO Marchés des capitaux, croit que la Banque du Canada pourrait recourir à l’outil des taux d’intérêt négatifs seulement dans le cas «d’une véritable urgence financière mondiale».
Selon lui, une politique de taux d’intérêt négatifs est loin d’être une panacée. «Les banques centrales qui ont essayé des taux d’intérêt négatifs dans les derniers mois ont eu des succès mitigés», indique-t-il.
Comme plusieurs économistes, il estime que la recherche économique doit se poursuivre afin de déterminer si une telle politique est efficace et utile à terme.