Le gouvernement canadien retenait son souffle mardi alors que de l’autre côté de la frontière débutait une course contre la montre, avec l’économie mondiale pesant dans la balance.
Le président américain Joe Biden a rencontré des représentants du Congrès, dont le président républicain de la Chambre des communes, Kevin McCarthy, pour négocier une éventuelle hausse du plafond de la dette, qui limite le pouvoir d’emprunter du gouvernement.
La secrétaire du trésor, Janet Yellen, a prévenu la semaine dernière que le plafond pourrait être atteint dès le 1er juin.
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Les républicains, qui ont une majorité en Chambre, disent qu’ils n’accepteront pas de hausser la limite tant que l’administration Biden n’aura pas coupé dans les dépenses gouvernementales.
« McCarthy est aux prises avec une très fine majorité et la possibilité bien réelle que l’aile droite de son parti pourrait (encore) se retourner contre lui comme président de la Chambre », a expliqué le professeur de politique John Aldrich, de l’Université Duke.
« Tout le monde autour de la table comprend les risques d’un défaut de paiement: notre économie tomberait dans une grande récession, a dit le président Biden. Près de huit millions d’Américains perdraient leur emploi et notre réputation internationale serait endommagée. »
Si le Canada se garde bien de s’exprimer sur la situation, ses conséquences pourraient se faire sentir dans le pays.
« De bien des façons, nous sommes comme un 51e État », a soutenu le professeur Andreas Schotter, spécialiste du commerce international à la Western University. Les compagnies et institutions qui vendent des produits ou des services ou prêtent de l’argent au gouvernement américain sentiront l’impact d’un défaut de paiement presque instantanément, a-t-il dit, citant aussi l’effet que cela aurait sur les marchés boursiers et les taux d’intérêt, déjà en hausse, qui grimperaient en flèche.
Il ne pense pas qu’on en viendra là, mais prédit qu’avec la situation politique actuelle, l’éventuel accord risque de se faire à la dernière minute.
« Les conséquences d’un défaut de paiement de la dette des États-Unis seraient mondiales et des discussions sont en cours entre le président, la branche exécutive et le Congrès », a dit l’ambassade canadienne dans un communiqué. « Le Canada suit cette situation de très près. »
Le ministre adjoint aux Finances, Randy Boissonnault, a affirmé mardi qu’il s’agit d’un enjeu interne que les États-Unis doivent régler par eux-mêmes. Il a cependant noté que les ministres des Finances du G7 se rencontreront cette semaine au Japon.
(Avec des informations de David Fraser, à Ottawa.)