M. Gibbs est en désaccord avec ceux qui prétendent que certaines des actions à dividendes les plus défensives ont augmenté jusqu’à constituer une bulle. Pour commencer, dit-il, les rendements en dividendes de la plupart de ces actions sont confortablement au-dessus du taux d’intérêt sans risque fourni par les obligations des gouvernements canadien et américain.
Ensuite, dit-il, nous n’avons pas vu « une avalanche de nouvelles émissions qui caractérise les derniers stades d’une bulle, comme en témoigne la fièvre technologique de la fin des années 90 ». Au stade final d’une telle bulle, indique-t-il, des sociétés de qualité inférieure se joignent à la parade. De plus, la démographie nord-américaine est telle qu’il y a « une préférence croissante de l’investisseur pour les actions à dividendes. »
M, Gibbs concède qu’il y a des cas où les actions à dividendes sont chères. En général, les ratios de ces actions « ont substantiellement augmenté, dit-il. Il y a peu de chances que cela se poursuive indéfiniment. La clé est de se fixer sur des sociétés dont les bénéfices sont en augmentation et dont les flux de trésorerie croissants provoquent une augmentation de leurs dividendes. »
Il est vrai qu’un « accroissement important des taux d’intérêt » représenterait un handicap considérable pour toutes les actions à dividendes, dit-il, « mais à mon avis cela ne se produira pas de sitôt. »
GCIC Ltée, depuis longtemps gestionnaire de la famille de fonds Dynamique, est la division de gestion de placements de Patrimoine Dundee, achetée par la Banque de Nouvelle-Écosse au début de 2011. M. Gibbs est un cadre de l’équipe des actions à revenu de GCIC, qui gère un vaste éventail de mandats dont le M. Gibbs est un cadre de l’équipe des actions à revenu de GCIC, qui gère un vaste éventail de mandats dont le Fonds Scotia de dividendes canadiens , le Fonds Scotia de revenu mensuel diversifié et le Fonds Scotia revenu avantage.
Vers la fin de 2011, M. Gibbs est devenu le gestionnaire principal du Fonds Scotia de dividendes canadiens. Ce fonds, qui a été lancé en octobre 1992, comporte actuellement 53 noms, dont aucun ne constitue plus de 5 % du portefeuille.
Dans la sélection des actions, la discipline bien au point de l’équipe des actions à revenu de GCIC est de se concentrer sur les chefs de file qui génèrent des flux de trésorerie solides et affichent des bilans à toute épreuve. La société ciblée doit avoir une position dominante dans une industrie où il y a d’importantes barrières à l’entrée.
M. Gibbs signale qu’il a continué à étoffer ses avoirs américains dans le Fonds Scotia de dividendes canadiens, qui a désormais un contenu étranger d’environ 30 %, soit le maximum autorisé. « Le gros de ce contenu est composé d’actions américaines, à la fois comme un moyen de diversifier le fonds et une mise sur le redressement économique américain. »
Le Fonds Scotia de dividendes canadiens a environ 11 % d’actions de l’immobilier. « Je n’ai pas récemment ajouté à ce secteur, dit M. Gibbs, mais il continue à répondre à mes critères. L’offre d’immobilier commercial de première qualité est limitée sur les marchés principaux du monde, et les sociétés génèrent des flux de trésorerie robustes. » À ses dires, les évaluations des avoirs immobiliers du fonds sont « honnêtes ». Les actions se négocient « légèrement à prime » par rapport à la valeur des actifs nets de leurs portefeuilles immobiliers sous-jacents.
Le plus gros avoir du fonds est Brookfield Asset Management, société qui s’est construit « un portefeuille mondial exhaustif et imposant » d’actifs dans l’immobilier, les énergies renouvelables et les infrastructures, et a aussi développé ses produits de capital-investissement. Les actifs immobiliers de la compagnie comprennent une participation de 50 % à Brookfield Office Properties. La compagnie a aussi entre autres des participations à des actifs portuaires, de services publics et de routes à péage, qui génèrent « des flux de trésorerie durables et croissants », dit-il.
Les actions des services de télécommunications représentent environ 7 % du fonds. Dans ce domaine, les trois avoirs de M. Gibbs sont Telus Corp. T , qui est parmi les 10 avoirs principaux du fonds, BCE et Rogers Communications. M. Gibbs précise qu’il a récemment étoffé Rogers lors d’une baisse de ses cours. « Au Canada, les services de télécommunications sont un oligopole, et les sociétés ont un pouvoir de fixation des prix; les nouveaux venus ont de la peine à percer. »
Parlant de Telus, M. Gibbs dit que la société a une bonne visibilité quand il s’agit de ses bénéfices et de la croissance de ses flux de trésorerie. La société, dit-il, a connu une croissance continue de ses dividendes. En mai de cette année, Telus a annoncé qu’elle prolongerait son programme semi-annuel de croissance des dividendes jusqu’en 2016 et qu’elle « projetait que cette augmentation continuerait à se situer dans une fourchette de 10 % par an. »
Quant à l’énergie, M. Gibbs dit que les sociétés d’infrastructure, comme les entreprises d’oléoducs et celles du secteur énergétique intermédiaire, fournissent « un excellent mariage entre le revenu et la croissance ». Ces sociétés représentent quelque 13 % du Fonds Scotia de dividendes canadiens.
Un favori de longue date de M. Gibbs est le géant des oléoducs Enbridge, qui affiche « une croissance visible et importante de ses flux de trésorerie, pour laquelle le marché est prêt à payer le prix fort. »
La carte nord-américaine des infrastructures énergétiques est en train d’être redessinée, dit M. Gibbs. De nouveaux systèmes d’oléoducs sont en construction, et les oléoducs existants sont convertis « pour livrer à leurs marchés respectifs toute la batterie des nouveaux produits énergétiques : pétrole lourd, pétrole brut léger et gaz de schiste. »
À part Enbridge, qui compte parmi les 10 avoirs principaux, ce fonds participe aussi à TransCanada, également dans les dix premiers, Pembina Pipeline et la société de services énergétiques intermédiaires Gibson Energy.
Dans le domaine des valeurs industrielles, M. Gibbs note qu’il étoffe depuis quelques temps ses avoirs chez nos voisins du sud, mettant l’accent sur les sociétés les mieux placées pour profiter du redressement économique américain.
Il invoque l’exemple d’une participation qu’il a dans une grosse société ferroviaire américaine : Union Pacific. « Cette société ferroviaire de l’ouest des États-Unis a diverses sources de revenu, car elle transporte une vaste gamme de produits. » Elle s’en trouve moins dépendante du transport du charbon que ses rivales, dit-il. « La demande de charbon métallurgique a faibli avec le ralentissement de la Chine. »
Dans le secteur des biens de consommation discrétionnaires, M. Gibbs aime bien Home Depot, en tant que mise sur la relance du marché américain de l’habitation. « La société génère des flux de trésorerie importants et ses dividendes vont croissant, dit-il. Elle a aussi un programme permanent de rachat d’actions. »
M. Gibbs indique qu’il a réduit sa participation à la société canadienne des biens de consommation courante Alimentation Couche-Tard. L’évaluation de cet exploitant de dépanneurs avait atteint des niveaux trop élevés, dit-il, et le rendement en dividendes de son action est désormais inférieur au taux d’intérêt sans risque. « Couche-Tard a besoin d’une très grosse croissance pour justifier cela. »
Photo Bloomberg