De nombreux indicateurs, notamment l’indice manufacturier ISM, donnaient d’importants signes de ralentissement en 2019, tout particulièrement à cause des tensions commerciales provoquées par le différend Chine/États-Unis.
Toutefois, « l’économie mondiale montre des signes (les pousses vertes dont on entend parler) d’une modeste reprise de la croissance en 2020, notamment grâce à un relâchement des tensions commerciales et à l’adoption de politiques monétaires stimulantes par les banques centrales », écrivent les auteurs de l’étude, Brent Joyce, chef des stratégies de placement et Andrew O’Brien, directeur des stratégies de placement.
Espoir prudent
Tout cela annonce bien pour l’économie et les marchés tant des actions que des obligations. Mais il ne faut pas donner dans un enthousiasme débridé, avertit l’étude. Car les marchés des actions ont déjà entrepris d’assimiler dans leurs cours un scénario à lunettes roses au chapitre des échanges commerciaux et une fin anticipée de la récession des bénéfices de 2019.
On peut donc s’attendre à une certaine croissance additionnelle en 2020, mais il faut donner du temps aux actions pour consolider les gains récents. En fait, les auteurs salueraient favorablement une correction de l’ordre de 5% à 7% et demeurent prudents, jugeant que le cours des actions aurait besoin de signes plus substantiels – et non de simples espoirs – que les nuages vont effectivement se dissiper en 2020.
Comment ces perspectives se transforment-elles en recommandations concrètes de placement. En bref, voici ce que l’étude en dit : « Notre penchant actuel pour une position défensive sur fond de neutralité (c’est-à-dire une légère sous-pondération en actions et une légère surpondération en titres à revenu fixe) continue d’assurer notre participation à la croissance des marchés des actions sans toutefois nous exposer à un risque excessif. »
Le Canada en bonne position
Pour les actions, des gains possibles avoisinant les 10% sont possibles, avec le Canada et les marchés émergents pouvant faire un peu plus. Néanmoins, parce que les conditions demeurent incertaines, les auteurs recommandent des allocations prudentes. Ainsi, ils proposent de donner des pondérations neutres à toutes les régions, qu’il s’agisse d’actions canadiennes, américaines ou internationales. Pour les pays émergents, ils proposent une légère sous pondération.
Les actions canadiennes conservent leur attrait. La confiance gagne et les évaluations demeurent intéressantes en vue d’une croissance des bénéfices de l’ordre de 7%. « En tenant compte d’un rendement de l’action de 3%, nous envisageons un rendement total de 10% en 2020 », écrivent les auteurs. Côté américain, les perspectives demeurent positives à long terme; cependant, un modeste rendement des titres de 2% laisse entrevoir un rendement total de 6% pour l’année.
Pour les actions internationales, l’Europe et le Japon présentent des difficultés structurelles; par contre, plusieurs sociétés peuvent profiter d’une reprise de la croissance et du relâchement des tensions commerciales. « Ce groupe offre des évaluations raisonnables et un potentiel de croissance des bénéfices acceptable », affirme l’étude. Enfin, les actions des marchés émergents sont plus vulnérables aux tensions commerciales; elles présentent plus de risque et, bien sûr, un bêta plus élevé. L’étude les réserve aux investisseurs à long terme qui ont une plus grande tolérance au risque.
Pour les titres à revenu fixe canadiens, l’étude prévoit un rendement total fort modeste de 1,5% pour les 12 prochains mois. Cependant, ce volet conserve sa vertu cardinale d’outil d’atténuation du risque pendant les épisodes de turbulence et dans un contexte de détérioration du contexte macro-économique. L’étude recommande une surpondération des obligations de société de catégorie investissement, mais une pondération neutre du côté des obligations souveraines et une légère sous-pondération en titres à rendement élevé.
Les obligations d’État offrent les vertus les plus hautes d’atténuation du risque, mais les rendements sont en baisse. Les auteurs proposent donc d’être aux aguets d’occasions de duration qui pourraient présenter des possibilités de rendement un peu meilleur. C’est dans les titres de société de catégorie investissement que se combinent mieux les deux facteurs d’atténuation du risque et de rendement. Cependant, les perspectives d’appréciation demeurent faibles. Enfin, les écarts de taux des obligations de sociétés à rendement élevé, faibles et étroits, présentent un rapport risque-rendement « qui n’est pas intéressant à notre avis », juge l’étude.
Les vents deviennent donc favorables, mais cela ne veut pas dire que la navigation sera excitante et dépourvue de turbulences.