La force gravitationnelle des étoiles de Morningstar semble une faible emprise sur les FNB, d’après une étude de Strategic Insight. Autant les FNB cotés une ou cinq étoiles sur cinq récoltent des ventes nettes positives, alors que le nombre d’étoiles décernées par l’influent système d’évaluation aux fonds communs de placement (FCP) individuels déterminera s’il subit des rachats nets ou des ventes nettes.
Selon une étude de Strategic Insight, les FCP individuels (stand-alone) à long terme cotés quatre et cinq étoiles ont raflé 70,3 % des 36 G$ de ventes nettes enregistrées pour la période de 12 mois se terminant en juin 2017. Les fonds non cotés ont capté le reste (29,7 %). Les fonds d’une, deux et trois étoiles ont baigné dans le rouge, avec des sorties nettes combinées de 25,8 G$.
Toutefois, le lien entre les étoiles de Morningstar et les ventes n’est pas aussi tranché dans l’univers des FNB.
Durant cette dernière période, « les FNB d’au moins trois étoiles ont généré la majorité des ventes, soit 11,2 G$ [sur 20,8 G$ ou 53,8 % des ventes]. Cependant, les FNB d’une et deux étoiles ont inscrit des ventes positives de 2,0 G$», signale l’étude intitulée Investor Economics Insight (octobre 2017). Les FNB non cotés ont accumulé 36,5 % des ventes nettes. Rappelons qu’en juin 2017, environ la moitié des 515 FNB avaient un historique de performance supérieur à trois ans.
Le directeur général de Strategic Insight Carlos Cardone estime qu’il «est difficile de déterminer avec certitude si les ventes de FNB suivront le modèle des fonds communs, notamment à cause de la rapidité du cycle de développement de produits». Par exemple, précise-t-il, des FNB avec objectifs tactiques peuvent rapidement attirer l’attention des investisseurs en dépit de l’absence d’historique d’opération.
Étoiles importantes en revenu fixe
D’après Strategic Insight, les comportements d’achat de FNB ressemblent à ceux des FCP uniquement dans la catégorie des titres à revenu fixe canadiens. On achète alors que ce qui a déjà fait ses preuves. Les FNB de titres à revenu fixe canadiens de quatre et cinq étoiles se taillent ainsi la part du lion avec 81 % des ventes nettes sur un an.
En revanche, dans la catégorie des titres à revenu fixe étrangers, les ventes de FNB de quatre et cinq étoiles sont en territoire négatif avec près de -0,2 G$. Et les ventes nettes de FNB en actions canadiennes de quatre ou cinq étoiles sont nulles (0 G$).
Du côté des FNB d’actions américaines, les fonds cinq étoiles enregistrent des ventes nettes de 1,3 G$ de ventes nettes, comparativement à 1,1 G$ pour le reste.
Observateur chevronné de l’industrie, Jean Morissette explique le faible impact des étoiles Morningstar chez les FNB par la jeunesse du produit.
«Les FNB canadiens sont récents et l’offre reste embryonnaire. Avec l’expansion des FNB activement et semi-activement gérés, l’offre se raffinera et elle se segmentera. En conséquence, les cotes de Morningstar deviendront inévitablement un élément de différenciation [entre FNB]», dit ce consultant en gestion de patrimoine.
Ainsi, au fil du temps, les FNB d’actions américaines intégreront davantage de critères que la capitalisation ou l’appartenance à des indices. En conséquence, ces FNB divergeront davantage les uns des autres. Les étoiles de Morningstar en viendront alors à refléter les performances plus variées entre fonds de cette catégorie.
Analyste chez iA Valeurs mobilières, Denise Davids affirme que la nature de la bête pose des limites sur l’impact potentiel des étoiles de Morningstar.
«Le système d’évaluation de Morningstar jouera un rôle de plus en plus important auprès des investisseurs intéressés aux FNB activement gérés ou à bêta stratégique. Par contre, je ne m’attends pas à une corrélation aussi forte entre la classification par étoiles et les ventes/sorties nettes qu’avec les FCP individuels. Le gros des ventes des FNB devrait continuer à se produire dans des mandats de gestion passive. Simples à comprendre, peu coûteux, ils devraient continuer à attirer des flux d’actifs considérables, indépendamment des évaluations de Morningstar», affirme Denise Davids.
Représentant en épargne collective chez Services en placements Peak, Marc Dubuc ne cache pas ses couleurs. «Le marché canadien des FNB est relativement petit avec ses quelque 150 G$ d’actif sous gestion. Dans ce secteur, il y a beaucoup de mouvement et plusieurs FNB n’ont pas d’étoiles. Personnellement, je privilégie l’envergure du manufacturier dans mes critères de choix», dit-il.
Marc Dubuc ajoute que «le système de classification de Morningstar est un outil supplémentaire dans le coffre du conseiller. Mais les conseillers doivent examiner de très près tout ce qui peut influencer les rendements des FNB».
Directeur général et éditeur de ETF Insight, Yves Rebetez ajoute que les étoiles de Morningstar «donnent la possibilité de poser un jugement sur un FNB. Par exemple, il faudrait se méfier des FNB d’une étoile». Cependant, ajoute-t-il, les FNB n’ont pas la mission de synchroniser les marchés. «Par exemple, si un FNB consacré à la marijuana décrochait un cinq étoiles, ça ne deviendrait pas pour autant un investissement à suggérer aux investisseurs ennemis de la volatilité», dit-il.