COP15 vise d’abord à inciter les gouvernements « à jouer un rôle exemplaire » dans la préservation de la biodiversité, comme le note le site de Fondaction. Mais l’action doit aussi être menée au plan financier, secteur où Fondaction se distingue à titre de chef de file financier au Québec.
Dès son lancement en 1996, Fondaction s’est donné comme mission cardinale le développement durable. Aujourd’hui, son actif de 3,1 milliards de dollars (G$) lui permet de multiplier les investissements visant la préservation de la biodiversité, la santé et le mieux-être des travailleurs et la lutte aux changements climatiques.
Le moteur de la préservation de la biodiversité est la lutte aux changements climatiques. « La destruction de la nature est une façon de relâcher du carbone, d’où l’intérêt premier pour la biodiversité, » affirme Geneviève Morin, PDG de Fondaction.
Rentabiliser une forêt sans la couper
Comment mettre la finance au service de la biodiversité? Le fonds Inlandsis, créé en 2016 avec la collaboration de Fondaction et qui est doté de 30 M$, en est un modèle emblématique, où il s’agit de financer des projets de réduction de gaz à effets de serre par contrat carbone. Un investissement forestier traditionnel, par exemple, va viser à en exploiter le potentiel de transformation en bois d’œuvre. Le défi d’Inlandsis est de « rentabiliser une forêt sans qu’elle soit transformée en deux-par-quatre », comme l’illustre Geneviève Morin.
L’un des principaux projets d’Inlandsis est celui de Woodbury Mountain, une vaste forêt vouée précédemment à la coupe forestière et détenue par une papetière, qui constituera la plus grande réserve naturelle non-gouvernementale, explique Geneniève Morin. Le but est de rentabiliser la préservation de cet espace naturel en le consacrant à des activités rentables d’écotourisme, mais surtout en le monnayant par la vente de crédits carbone sur les bourses de carbone. Inlandsis « finance d’avance les futurs crédits de carbone » que la forêt générera, de même que les revenus d’écotourisme à venir.
Une telle rentabilité n’est pas évidente au départ, en grande partie parce que le prix des crédits de carbone est encore trop bas, « mais il va monter, tranche la PDG, ça s’en vient, surtout après le COP27 », qui s’est récemment terminé en Égypte. Un appui précieux qui pallie la faible rentabilité tient à la présence dans l’actionnariat du projet de Woodbury Mountain de grandes sociétés de conservation qui n’ont pas comme but premier la rentabilité de leur mise de fonds.
Fondaction agit aussi en biodiversité par la voie d’autres fonds spécifiques, notamment le Fonds de gestion durable des sols Urapi SLF, qui investit dans le développement et l’opération de projets d’agroforesterie durable partout dans le monde. Un autre, le Fonds LCC, soutient la croissance d’entreprises actives, entre autres dans la valorisation de matières résiduelles.
Impact direct
Cependant, le cheval de bataille de Fondaction tient essentiellement à l’investissement direct en entreprise. « On vise à mettre de l’argent directement dans des projets qui contribuent à une économie plus verte dès le départ », dit Geneviève Morin.
Et ces projets sont nombreux, notamment dans la gestion des rejets agro-alimentaires. Par exemple, en partenariat avec Recyc-Québec et la Ville de Montréal, Fondaction a investi dans Still Good Foods, un manufacturier agroalimentaire qui récupère, entre autres ingrédients, la drèche des brasseurs de bière pour en récupérer les protéines, qui sont ensuite incorporées dans des biscuits.
Un autre investissement dans Les Viandes Bio de Charlevoix appuie le chauffage des étables avec une biomasse forestière résiduelle, le plus souvent laissée sur place et qui, transformée en copeaux, « minimise les gaz à effets de serre », note la PDG. Autre exemple « d’économie circulaire », Viandes Charlevoix récupère l’okara, un résidu de soya, récupéré auprès de producteurs de soya. Auparavant rejeté, ce résidu est riche en protéines et sert, en formule sèche, à l’alimentation des veaux. « C’est notre filière agro-alimentaire circulaire qui vise des intrants requérant le moins de transformation possible en faisant appel aux extrants négligés d’autres secteurs », dit Geneviève Morin.
Il s’agit là de quelques exemples d’investissement ayant un lien plus direct à COP15. Cependant, plusieurs autres investissements visent aussi le thème « Société » de l’ESG. Par exemple, un investissement dans Gogo Quinoa, une entreprise lavalloise, vise l’approvisionnement équitable et la juste rémunération des travailleurs boliviens par l’entremise d’un partenariat avec une coopérative locale d’environ 200 fermiers pratiquant un mode d’agriculture durable. D’autres investissements visent des femmes entrepreneures de même que des entrepreneurs noirs et immigrants. « C’est une préoccupation constante pour nous, insiste Geneviève Morin : qu’il y en ait pour tous ».