Mais alors que l’indice Dow Jones s’approchait lundi de 18 000 points, niveau jamais atteint à ce jour, une voix s’est fait entendre pour inciter les gens à plus de prudence.
Et cette voix n’est pas la moindre, car c’est celle de James Paulsen, chef stratège chez Wells Capital Management, reconnu comme un «perma-bull» au cours des dernières années. Depuis 2009, il n’a jamais cessé d’être optimiste quant aux perspectives boursières américaines, même lors de la crise financière européenne en 2012 alors que les indices américains subissaient de fortes pressions à la baisse.
En entrevue à CNBC lundi, James Paulsen disait que la bourse américaine sera au mieux inchangée en 2015, et qu’elle pourrait même offrir un rendement négatif.
Il note qu’à Wall Street actuellement, trois thèmes jouissent d’un très fort consensus. «D’abord, l’endroit où il faut être, c’est aux États-Unis. Ensuite, le dollar américain ne peut qu’aller plus haut. Et enfin, les taux d’intérêt pourraient demeurer bas encore longtemps. Mais les gens qui croient cela seront fort déçus», dit-il.
Depuis 2009, le marché boursier américain a gravi sans interruption un mur d’inquiétudes. «Les mauvaises nouvelles étaient interprétées comme de bonnes nouvelles, car elle assurait que la Réserve fédérale (Fed) continuerait de maintenir les taux d’intérêt près de zéro», dit-il.
Mais tout cela est terminé, selon lui, et nous allons maintenant faire face à la situation inverse. «Les bonnes nouvelles, et elles ne manquent pas, seront perçues comme de mauvaises nouvelles qui nous rapprocheront du moment où la Fed haussera les taux», dit-il.
Le stratège de Wells Capital Management dit que les récents chiffres de l’emploi confirment que l’économie américaine fait très bien. «Mais le marché boursier américain reflète déjà cette situation», dit-il. Pour 2015, les meilleures occasions se trouvent ailleurs selon lui, notamment au Japon et en Europe.
Pourquoi? Parce que la Banque centrale européenne et la Banque du Japon doivent prendre les mesures nécessaires afin de relancer leur économie respective, et cela au moment où la Fed va resserrer sa politique monétaire et hausser les taux.
La thèse de James Paulsen pourrait vite faire des adeptes. Déjà chez Hexavest, firme de gestion de portefeuilles montréalaise, on sous-pondère les actions américaines. «Non pas à cause de l’économie, mais en fonction de l’évaluation boursière et du sentiment des investisseurs», explique Marc Christopher Lavoie, spécialiste des marchés étrangers.
Le ratio cours/bénéfice de l’indice MSCI US est de 16,3 comparativement à 13,9 pour l’indice MSCI Europe. Quant au sentiment, on est bien conscient chez Hexavest que le consensus à l’effet que l’économie américaine sera la plus performante en 2015 est très fort. «Mais on préfère aller à l’encontre de ce sentiment et être sous-pondéré à la Bourse américaine compte tenu que ce facteur est déjà incorporé dans les prix», dit M. Lavoie.