Annoncée le 26 août, l’offre publique d’achat de 11 milliards de dollars (G$) US de Burger King créera la troisième plus grosse chaîne de restauration rapide au monde, avec des ventes annuelles de 23 (G$) US et 18 000 points de vente. 3G Capital, la firme d’investissement brésilienne qui détient une part majoritaire de Burger King, possèdera 51 % de la nouvelle compagnie combinée, les actionnaires minoritaires de Burger King 27 % et les actionnaires de Tim Hortons 22 %. Les actionnaires de Tim Hortons doivent voter pour accepter l’offre, et celle-ci sera examinée avec minutie par les autorités de réglementation des deux pays avant que l’accord ne soit conclu.

Les actions de Tim Hortons comme de Burger King ont connu une poussée d’environ 20 % dès la première séance en bourse après l’annonce de la fusion, signe que le marché a perçu cet accord comme bénéfique pour les deux compagnies. Les deux marques poursuivront chacune leurs activités indépendamment l’une de l’autre, mais être soutenu par une société mère bien plus grande est considéré comme un avantage concurrentiel. De plus, l’entité combinée pourrait éventuellement bénéficier d’une économie d’impôt. En installant le siège social de la nouvelle compagnie au Canada, Burger King pourrait alléger son fardeau fiscal par une disposition d’évitement fiscal appelée « inversion ».

Des deux compagnies fusionnées, Tim Hortons a été de loin le placement le plus attrayant, en particulier pour les investisseurs en quête de revenu cherchant des actions aux dividendes croissants. Au cours des cinq derniers exercices fiscaux, le dividende de Tim a augmenté à un taux annualisé de 29 %. De plus, on s’attend à ce que son dividende soit augmenté d’un autre 10 % au cours des quatre prochains trimestres. La prime de rachat a été une cerise sur la gâteau des investisseurs de Tim Hortons axés sur la croissance des dividendes, déjà comblés de détenir l’action à long terme en raison de la hausse régulière de ses dividendes.

En revanche, Burger King apparaît comme un investissement bien moins appétissant. Par rapport au secteur américain des biens de consommation discrétionnaire, ses évaluations sont élevées. Par exemple, le ratio cours/bénéfice sur l’estimation des bénéfices par action est de 27,6 alors que ce ratio est de 17 pour le secteur. Ses ratios cours/valeur comptable, cours/ventes et cours/flux de trésorerie dépassent aussi ceux de ses pairs, avec des multiples respectifs de 7,4, 11 et 26,2 contre trois, 1,2 et 11,8 pour le secteur. Par conséquent, les investisseurs axés sur la valeur ne devraient avoir aucun intérêt à détenir des actions de Burger King.

Le bilan financier n’est pas non plus impressionnant. Le niveau d’endettement de Burger King par rapport à ses capitaux propres est élevé à 1,9 contre 0,5 pour le secteur, et son ratio flux de trésorerie/dettes est très faible à 0,1 comparé à 0,5 pour le secteur.

Toutefois, grâce à ses ratios de croissance et d’élan, l’avenir de Burger King semble plus prometteur. Le rendement de ses capitaux propres et la croissance de sa valeur comptable sont estimés respectivement à 26,9 % et 19,5 comparativement à 17 % et 13,2 % pour son groupe de pairs.

Les chiffres de l’élan des bénéfices trimestriels de Burger King (pour le dernier trimestre, le trimestre actuel et le prochain) sont plus élevés (6,9 %, 4,2 % et 7,5 %) que ceux du secteur (respectivement 1,1 %, 1,4 % et 1,6 % pour les mêmes périodes). Toutefois, la croissance estimée des bénéfices pour l’année à venir, qui est de 17,9 % contre 15,2 % pour le secteur, reculera l’an prochain à 12,6 % contre 16,3 % pour le secteur.

Par conséquent, Burger King devrait être un point de mire pour les investisseurs axés sur la croissance dynamique et sur l’élan. Mais pour que ces investisseurs envisagent d’acheter l’action, elle devra réserver beaucoup plus de surprises positives dans ses bénéfices; dans les résultats publiés pour le trimestre le plus récent, Burger King a signalé des bénéfices inférieurs à ceux que la communauté des analystes avaint espérés.

L’acquisition de Tim Hortons va probablement contribuer à la future croissance des bénéfices de Burger King. Entre-temps, toutefois, les investisseurs devraient attendre avant d’investir dans la nouvelle compagnie.