«La situation commence à être préoccupante à Québec, affirme Mme Bégin, dans une note publiée lundi par Études économiques Desjardins. Les mises en chantier de condos ont grimpé de 30 % l’an dernier et près de 1 000 condos neufs sont présentement inoccupés.»
En décembre, les ventes de condos ont reculé de 41 % à Québec et de 29 % à Montréal.
Pour l’ensemble des habitations résidentielles de la province, les interventions d’Ottawa pour éviter une surchauffe du marché portent leurs fruits, explique l’économiste. Rappelons qu’Ottawa a fait passer la période d’amortissement maximale de 30 ans à 25 ans pour les prêts dont la mise de fonds se situe entre 5 % et 20 %.
En conséquence, les conditions du marché ont rapidement changé dans le segment de la copropriété. À Québec, il y a désormais entre 8 et 10 vendeurs par acheteur, ce qui excède le seuil d’équilibre. « Ce léger surplus fait en sorte que les acheteurs sont maintenant en position de force lors des négociations de prix, écrit-elle. Une première depuis le début des années 2000! Si la tendance se maintient, la même situation prévaudra bientôt à Montréal. »
Pas de choc pour les unifamiliales
Pour l’ensemble de la province, le ralentissement dans le segment de la copropriété ne devrait pas contaminer le marché résidentiel, nuance Mme Bégin. Les achats de condos ne représentent que 20 % des transactions (30 % à Montréal). « Malgré l’activité moins soutenue, le marché des maisons unifamiliales demeure en situation de pénurie, c’est-à-dire que le bassin de propriétés n’est pas suffisant pour combler entièrement la demande des acheteurs potentiels. »
En 2013, l’appréciation du prix de tous les types d’habitations devrait être semblable à l’inflation, soit entre 2 % et 2,5 % en moyenne sur le territoire québécois, selon les prévisions de l’équipe de Desjardins.
David Madani, économiste de Capital Economics, est plus pessimiste que Desjardins pour le marché résidentiel. Le marché immobilier entame une correction « brutale » qui plombera l’économie canadienne, prévient-il dans une note, dont LesAffaires.com a fait mention la semaine dernière.
En janvier, les mises en chantier ont reculé de 18,5 % au Canada et de 29,6 % au Québec selon les données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). En décembre, les ventes de maisons ont chuté de 17,4 % au Canada, selon l’Association canadienne de l’immeuble (ACI). C’est la plus forte baisse depuis octobre 2010.
Une longue correction, selon Mark Carney
La correction du marché de l’immobilier devrait s’étirer dans le temps, a dit Mark Carney, le gouverneur sortant de la Banque du Canada, lors d’une entrevue au réseau CTV diffusée dimanche. « Nous constatons un ajustement du marché résidentiel, répond-il. Nous croyons qu’il en reste encore un peu pour les prochaines années. »
La dernière période d’appréciation des habitations n’est pas normale, croit-il. Les Canadiens ne devraient pas se fier à l’immobilier comme principale source d’enrichissement. « La vraie richesse s’obtient par l’innovation et l’effort au travail », défend-il.
La mise en garde survient tandis que l’endettement des ménages canadiens avoisine les 164 % de leur revenu disponible. Les autorités canadiennes ont ainsi réorienté leur politique économique. Plutôt que d’encourager l’achat d’une propriété et l’endettement, les nouvelles politiques visent à décourager l’endettement et promouvoir les exportations, a présenté M. Carney, qui quitte ses fonctions en juillet pour prendre les rênes de la Banque centrale d’Angleterre.