Le ministre des Finances, Eric Girard, a annoncé le versement d’un montant de 500 $ non récurrent à 6,4 millions de contribuables dont le revenu annuel est inférieur à 100 000 $. Les adultes admissibles recevront ce montant, peu importe s’ils sont étudiants, travailleurs, retraités ou bénéficiaires des programmes d’aide de dernier recours.
Lors de la mise à jour économique du Québec effectuée l’automne dernier, une aide supplémentaire de 275 $ pour une personne vivant seule était annoncée. Ce montant visait à combler l’inflation de 4 % prévue pour l’année financière 2021-2022 versus celle de 2,64 % appliquée sur le régime fiscal du Québec en janvier 2022. L’écart de 1,36 % avait été appliqué à un panier de consommation de base de 20 709 $ pour 2020. On obtenait ainsi 281 $, arrondi à 275 $ dans la mesure.
Pour un couple, ce même panier était évalué à 29 287 $, donc une compensation nécessaire de 398 $ qui avait été arrondie à 400 $. Ces sommes ont été dirigées uniquement vers des ménages à faible ou moyen revenu, soit des gens admissibles au crédit pour solidarité dont les revenus sont sous 56 000 $ pour un couple. Les personnes admissibles recevaient cette somme par chèque ou dépôt direct, après le 24 janvier dernier.
L’inflation est maintenant prévue pour être davantage de l’ordre de 4,65 % pour l’année 2022. Au niveau canadien on voit clairement la hausse récente.
Le montant ponctuel pour le coût de la vie du présent budget est évalué sur une base similaire de l’automne 2021. On applique l’excédent d’inflation de 2,01 % (soit 4,65 % moins 2,64 %) à un panier de consommation de base de 2021 de 21 497 $. Le produit donne cette fois 432 $, montant qui a été arrondi à 500 $. Pour le montant applicable à un couple, il a simplement été décidé simplement de doubler la mise à 1 000 $ au lieu de la majoration de 45 % de l’automne 2021.
L’aide prévue au présent budget prendra la forme d’un crédit d’impôt remboursable. Le versement sera fait lorsque de la déclaration de revenus 2021 sera produite. Le plus grand changement majeur est son admissibilité. Ainsi, dans le cas présent, toute personne dont le revenu net individuel est de 100 000 $ ou moins pourra toucher le plein montant. Avec un revenu de 105 000 $, la récupération de 10 % sur l’excédent de 100 000 $ fera rapidement disparaître l’aide ponctuelle.
Le montant de janvier touchait environ 3,3 millions de personnes. Cette fois, 6,4 millions de contribuables sont concernés pour un coût de 3,2 milliards de dollars.
Est-ce que l’injection de cette somme risque de contribuer à nourrir l’inflation ? Est-ce que deux professionnels ayant chacun un revenu de 122 000 $, contribuant pour 22 000 $ chacun au REER, a vraiment besoin de cette somme de 1 000 $ pour le couple ? Et que fait-on si l’inflation devient négative ? Tout est discutable. La personne s’imposant sur 100 000 $ a peut-être un budget de 72 000 $, ou 6 000 $ par mois. Le 500 $ sur ce budget est assurément une compensation de 0,7 %.
Pour une personne s’imposant sur un revenu de 40 000 $, le montant net est de l’ordre de 33 000 $, donc le 500 $ représente 1,5 %. La réduction rapide de 10 % suivant l’excédent de revenus sur 100 000 $ est sans doute un signe que le ministre des Finances, en concevant cette mesure, savait pertinemment qu’on pouvait éliminer cette aide sans créer de sérieux préjudices pour les gens ayant un revenu de 105 000 $.
Probablement qu’une mesure dégressive à un rythme plus modéré que 10 %, applicable à un seuil de revenu plus bas, comme 75 000 $, aurait soulevé moins de questions. Mais parfois, la simplicité a bien meilleur goût. Ce qui est certain, c’est que les gens qui se qualifiaient au crédit pour solidarité sociale verront dans cette mesure un bénéfice « marginal » très palpable pour eux, et cela les aidera à faire face à cette poussée inflationniste.
Daniel Laverdière est directeur principal, Centre d’expertise, Banque Nationale, Gestion privée 1859.