Et l’avènement de chaque ère a été caractérisé par une transition difficile qui menaçait l’ordre établi, et qui pourtant créait des occasions de placement, selon Hyewon Kong, gestionnaire de portefeuille adjoint auprès de Placements AGF à Toronto et co-gestionnaire du Fonds d’actions mondiales Croissance durable AGF (46 millions $ d’actifs sous gestion). « Ce qui marque la transition, c’est une baisse considérable de la courbe des coûts, dit-elle. Au début de l’ère automobile, par exemple, elle était très chère. Mais la production de masse ne peut être réalisée que par une baisse considérable de la courbe des coûts. »
Depuis environ l’an 2000, affirme Hyewon Kong, le monde est en train de passer à une économie « verte » à faible production de carbone, ce qui a encouragé tout un ensemble de compagnies à développer des solutions novatrices pour les problèmes sociaux et environnementaux du monde.
« La thèse marquant cette ère nouvelle qui vient de débuter, c’est que nous avions auparavant un accès illimité aux ressources naturelles, observe Mme Kong. La pollution et les émissions de carbone n’étaient pas intégrées aux règlements ou aux prises de décisions sur les placements. Mais ce qui a suivi le Sommet sur le climat (qui s’est tenu à Paris en décembre dernier) est un monde très différent », dit Hyewon Kong, qui partage ses fonctions avec Martin Grosskopf, vice-président. Elle est entrée à AGF en 2014, après avoir acquis plus de 10 ans d’expérience des thèmes se rapportant à l’environnement et à son impact social.
La réalisation du besoin de contrôler l’exploitation aveugle des ressources naturelles, ajoute Hyewon Kong, a été acceptée par les autorités, les protagonistes du monde des affaires et les consommateurs. « Trois thèmes dominent cette transition », dit-elle, titulaire d’une maîtrise ès-sciences de l’Université Oxford en 2005. Elle a ensuite travaillé au Royaume-Uni comme analyste principale auprès de WHEB Asset Managament et de Henderson Global Investors. À Henderson, les fonctions de Hyewon Kong consistaient à gérer les portions de technologie propre et de soins de la santé d’un fonds d’innovation mondiale.
« Ce ne sont pas seulement les gouvernements et les autorités qui forcent les sociétés à se plier à de nouvelles règles, dit-elle. Les intervenants du secteur privé comprennent qu’ils doivent être à la hauteur des défis posés. Des innovations perturbatrices sont en train de se produire. C’est la survie qui en dépend. Dans la conjoncture actuelle à faible croissance, d’où vient la croissance? »
Selon Hyewon Kong, la croissance va venir des technologies perturbatrices. Prenons par exemple la transition qui se produit dans l’industrie de l’éclairage, où la croissance de l’éclairage traditionnel s’est tarie. « La seule société d’éclairage qui connaît une croissance rapide produit des DEL (diodes électroluminescentes). Le reste de l’industrie en est au point mort. La croissance ne vient que des nouvelles technologies. Il en va de même pour les téléphones cellulaires. Les téléphones intelligents ont pris la place des téléphones conventionnels. Pourquoi? Parce que les prix ont baissé. »
Une des sociétés préférées de Mme Kong est Acuity Brands, chef de file des solutions d’éclairage « intelligentes ». « Avec plus de la moitié des ventes provenant des éclairages à DEL, Acuity est la société le mieux positionnée sur le marché, qui adopte de plus en plus les DEL. La société se distingue par 12 trimestres consécutifs de croissance à deux chiffres et des marges et rendements élevés. »
Dans la même veine, elle fait remarquer que l’effondrement du coût de l’énergie solaire a été le moteur de l’adoption de cette technologie. En 2009, il fallait dépenser plus de 200 $US pour générer un million de BTU (British Thermal Units). En 2012, le coût avait chuté à environ 20 $US. « La courbe des coûts doit encore baisser pour qu’une adoption de masse se produise, dit Hyewon Kong. L’énergie solaire est plus compétitive que dans le passé. Dans certains pays très ensoleillés, le prix de l’énergie solaire est déjà proche de celui des sources d’énergie conventionnelles. »
Une firme qu’elle détient dans son portefeuille et qui profite de la transition à l’énergie solaire est Hannon Armstrong Sustainable Infrastructure Capital, qui fournit un financement d’emprunts et de capitaux propres aux marchés de l’efficience énergétique et des énergies renouvelables. Théoriquement une fiducie de placement immobilier, Hannon Armstrong est « un agent de financement majeur de projets d’efficience fiscale pour le gouvernement américain », dit-elle, ajoutant que cette FPI distribue 100 % de ses bénéfices. « Elle augmente chaque année son dividende d’un pourcentage à deux chiffres depuis son premier appel public à l’épargne en 2013. »
Les avoirs du fonds AGF tendent à refléter la transition qui se produit dans quatre domaines : l’énergie et l’électricité, l’eau et le traitement des eaux usées, la gestion des déchets et la santé et la sécurité (qui comprend la vie saine et les pratiques alimentaires durables). Hyewon Kong et Martin Grosskopf s’appuient sur le réseau mondial de 17 analystes de recherche d’AGF pour fournir des idées de placements. Le fonds, qui appartient à la catégorie Actions de PME mondiales, a une cote 2 étoiles Morningstar pour ses rendements ajustés selon le risque. Toutefois, il a aussi une Cote de durabilité Morningstar de 5 étoiles.
« Notre message est que la transition est en cours partout, et pas seulement dans le secteur énergétique. Elle se produit aussi dans les secteurs automobile et industriel », dit-elle, ajoutant que l’évolution de ce dernier secteur est bien illustrée par la société japonaise Toray Industries, premier fabricant mondial de fibres de carbone utilisée de plus en plus dans la fabrication des automobiles et des avions.
« Il y a le principe des trois R : réduire, recycler et réutiliser. C’est un très vieux concept, dit Hyewon Kong. Mais tout le monde se concentre sur les moyens d’utiliser les ressources de la façon la plus efficiente possible. C’est là que se produit l’innovation. Les technologies perturbatrices changent fondamentalement la dynamique industrielle. »