Statistique Canada publiera mardi son rapport sur l’Indice des prix à la consommation (IPC) de janvier et les prévisionnistes s’attendent à une baisse du taux d’inflation au Canada.
Les banques RBC, CIBC et TD prévoient toutes que le taux annuel du mois dernier baissera à 3,2 %, alors qu’il a été de 3,4 % en décembre.
Nathan Janzan, économiste en chef adjoint de RBC, affirme que le ralentissement est probablement dû aux prix de l’énergie et des aliments. « Les prix de l’essence étaient plus bas qu’il y a un an en janvier et la croissance des prix des produits alimentaires a probablement continué à ralentir d’une année à l’autre », à son avis. « Je pense que l’attention sera davantage portée sur les autres composantes de l’IPC, en surveillant les signes indiquant que les pressions inflationnistes plus larges continuent de ralentir, ne serait-ce qu’à un rythme graduel. »
Alors que les coûts d’emprunt élevés incitent les consommateurs et les entreprises à réduire leurs dépenses, l’inflation devrait se rapprocher lentement de l’objectif de 2 % d’ici la fin de l’année. Mais contrairement à ce qui se passe habituellement lorsque les taux d’intérêt augmentent, le marché immobilier ne contribuera pas à ralentir l’économie.
La plupart des économistes s’attendent à ce que les coûts du logement continuent de monter en flèche cette année, ce qui rendra la tâche de la Banque du Canada encore plus difficile.
« L’alimentation et le logement restent l’épine au pied de la Banque du Canada », d’après James Orlando, directeur des affaires économiques au Groupe financier TD.
En décembre, les frais de logement ont augmenté de 6 % par rapport à l’année précédente et les prix des produits d’épicerie ont progressé de 4,7 % en un an. James Orlando soutient que la banque centrale ne devrait pas attendre de réduire les taux d’intérêt en espérant que le marché immobilier ralentisse, étant donné que des taux d’intérêt élevés ne contribueront pas à réduire ces coûts.
Dans un rapport publié vendredi, la Banque CIBC a également noté que la banque centrale n’était pas en bonne position pour contribuer à réduire les coûts du logement. « Les réductions prévues de l’afflux d’étudiants étrangers, et peut-être d’autres mesures gouvernementales à venir, pourraient être plus efficaces que des taux d’intérêt élevés pour calmer la hausse des loyers », dit le rapport.
La Banque du Canada a récemment souligné le rôle démesuré que le logement a joué dans le soutien de l’inflation. Lors de l’annonce sur le taux directeur le mois dernier, lorsqu’elle a choisi de le maintenir à 5 %, la banque centrale a noté que les coûts du logement étaient désormais le principal moteur d’une inflation supérieure à l’objectif.
RBC affirme que les frais d’intérêt hypothécaires – qui sont entraînés par les hausses de taux de la banque centrale – représentent un quart de l’inflation. Si ces coûts étaient supprimés, la banque affirme que l’inflation se situerait dans la fourchette cible de 1 % à 3 %.
L’Association canadienne de l’immeuble a récemment annoncé une reprise des ventes de maisons en janvier pour un deuxième mois consécutif. Les prix ont baissé et il y a eu hausse de l’activité.
D’ailleurs, la perspective d’un rebond est clairement dans l’esprit de la Banque du Canada. Dans ses explications sur le maintien du taux directeur le 24 janvier, elle a signalé que son conseil des gouverneurs craignait qu’un rebond du marché immobilier ce printemps puisse maintenir l’inflation au-dessus de son objectif, même si la croissance des prix ailleurs dans l’économie ralentit.
James Orlando prévient que si la banque centrale devait réduire ses taux trop tôt, cela pourrait provoquer une agitation supplémentaire sur le marché immobilier. Mais il a ajouté que la Banque du Canada devrait continuer de se concentrer sur la façon dont l’économie se porte dans son ensemble. « Êtes-vous prêts à sacrifier le reste de l’économie pour faire baisser l’inflation du logement ? Notre analyse montre que vous ne parviendrez même pas à faire baisser l’inflation du logement, peu importe ce que vous faites avec les taux d’intérêt », affirme-t-il.
Pour atteindre une inflation de 2 %, James Orlando croit que les prix des autres biens et services devraient essentiellement cesser d’augmenter pour compenser les coûts élevés du logement.
Dans un discours livré le 6 février dernier à Montréal, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a reconnu que la banque centrale ne pouvait pas faire grand-chose en matière de coûts du logement. « L’offre de logements est restée inférieure à la demande depuis de nombreuses années. Il y a de nombreuses raisons à cela: restrictions de zonage, retards et incertitudes dans les processus d’approbation et pénurie de travailleurs qualifiés. Aucun de ces problèmes ne peut être résolu par la politique monétaire », a-t-il précisé.