Dans une note publiée mercredi, l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) soutient qu’au Québec, près de 50 % des aînés vivant seuls ont un revenu insuffisant.
L’Institut précise par exemple que le déficit annuel serait d’environ 5000 $ à Montréal.
Eve-Lyne Couturier, chercheuse à l’IRIS, conclut que le portrait actuel montre l’échec du système à responsabiliser les employeurs pour le régime de retraite de leurs employés. À son avis, les réformes récentes ne parviennent pas à améliorer la condition des personnes dans le besoin.
« Nos régimes publics ont été bâtis en présumant que le marché du travail prendrait ses responsabilités et comblerait une partie des besoins financiers des retraités », écrit la chercheuse.
Or, note-t-elle, en 2016, seulement 37,5 % des personnes dotées d’un emploi bénéficiaient d’un régime d’employeurs, contre plus de 45 % au tournant des années 1990.
« Ce pourcentage n’a jamais été aussi bas », souligne-t-elle.
L’étude de l’IRIS affirme que le nombre de personnes qui ont recours au nouveau régime volontaire d’épargne-retraite (RVER) est anémique. D’autre part, la hausse du plafond des cotisations au Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) favorise les personnes aisées qui peuvent épargner plus, d’après l’IRIS.
« Le plus gros changement apporté dans les dernières années pour encourager la participation est d’augmenter la limite de cotisation autorisée. (…) Sans surprise, cette mesure a surtout bénéficié aux personnes de condition plus aisée », écrit Mme Couturier.
Travailler, pas toujours une option
La chercheuse de l’IRIS estime également que les appels à hausser l’âge de la retraite doivent être remis en perspective, puisque pour un nombre important d’aînés, continuer de travailler n’est tout simplement pas une option.
« C’est souvent ceux et celles qui ont le moins de moyens qui se retrouvent exclus du marché du travail pour des raisons de santé », affirme-t-elle.
Elle remarque également qu’un employé en fin de carrière coûte souvent plus cher qu’une personne qui arrive sur le marché du travail et que les avancées technologiques peuvent amener des employeurs à favoriser le renouvellement de leur force de travail plutôt que la formation de ceux qui y sont déjà.
« La simple exigence que des travailleurs et travailleuses restent en poste plus longtemps ne permet pas de prendre en considération les milieux de travail peu accueillants pour les personnes plus âgées. »
Eve-Lyne Couturier affirme que le système québécois doit être revu afin que la responsabilité ne repose pas uniquement sur les individus. Elle prône une solution publique et obligatoire, avec participation des employeurs.
« Il est maintenant temps de faire un pas de plus et de mettre en place des politiques publiques garantissant non seulement le minimum, mais une vie digne pour ceux et celles qui ont travaillé toute leur vie », conclut-elle.
Un rapport « très inquiétant »
Le député de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois a jugé « très, très inquiétant », mercredi, les conclusions du rapport.
« Ça montre que la pauvreté chez les aînés est un problème grandissant. Il y a de plus en plus d’aînés pauvres, et ça, dans une société aussi riche que le Québec, c’est honteux », a-t-il lancé.
M. Nadeau-Dubois estime que la solution se trouve du côté de régimes de retraite publics « beaucoup plus généreux ».
« Il faut des régimes de retraite publics pour prendre soin de tout le monde. Pour ma génération, ces nouvelles-là sont encore plus inquiétantes, parce qu’on se dit si, aujourd’hui, les personnes aînées ont de la misère à vivre sans s’endetter, imaginez quand ma génération va être rendue à ce stade-là de la vie », a souligné le politicien de 27 ans.
Le député Jean-François Roberge, de la Coalition avenir Québec, a de son côté affirmé que la problématique de la pauvreté des aînés est un sujet dont il entend souvent parler dans sa circonscription.
Selon lui, il existe plusieurs aînés vivant dans une maison qu’ils ont fini de payer il y a déjà un certain temps, mais qui se retrouvent pris à la gorge en raison des taxes foncières et scolaires élevées.
« On va réduire le fardeau fiscal via une baisse de la taxe scolaire. Ça va faire une différence », a-t-il estimé.
« Bien sûr ça ne va pas tout régler, mais c’est quelque chose qui va les aider. »