Selon les analystes techniques Ron Meisels et Monica Rizk de la firme de gestion Phases & Cycles, les titres bancaires canadiens ont réalisé un «breakout» technique. Qu’est-ce que cela signifie ?
Depuis les sommets atteints en 2014, les actions des six principales banques canadiennes étaient toutes dans une tendance à la baisse. À chaque tentative de reprise, le haut qu’elles atteignaient était toujours inférieur au haut précédent. En traçant une ligne reliant ces hauts, la tendance à la baisse apparaissait clairement. Mais les cours des actions sont maintenant passés nettement au-dessus de cette ligne de tendance baissière, ce qui constitue le «breakout» technique.
Les résultats trimestriels divulgués depuis la semaine dernière ont généralement satisfait les attentes des investisseurs quant à la profitabilité de leurs opérations, note Stéphane Rochon, directeur de la recherche chez BMO Nesbitt Burns. « Ce que l’on craignait, c’était une hausse sensible des provisions pour pertes, mais si le prix du pétrole se maintient au niveau actuel, les pertes seront limitées », dit-il.
En effet, la baisse du cours des titres bancaires a été exacerbée par la chute du prix du pétrole jusqu’à 26 $ à la mi-février. Celle-ci laissait craindre un fort ralentissement dans le secteur pétrolier qui risquait de s’étendre à l’ensemble de l’économie canadienne, ce qui allait affecter sensiblement la qualité du crédit consenti par les banques canadiennes. Mais depuis, le prix du pétrole a rebondi jusqu’à 50 $, et les actions des banques canadiennes ont emboîté le pas.
Cependant, le «breakout» actuel pourrait ne pas avoir l’effet escompté, craint Larry Berman, président, ETF Capital Management, une firme de gestion de portefeuilles de Toronto. Il existe présentement un risque de marché à l’échelle mondiale, et les titres des banques canadiennes risquent fort de baisser en sympathie avec le reste du marché, selon lui. «Je ne vais pas courir après les banques alors que leurs prix sont de plus en plus élevés», dit-il. Il croit que les cours des actions des banques pourraient se retrouver 5 à 10 % plus bas d’ici 6 à 12 mois. ETF Capital Management se veut une firme de gestion tactique, c’est-à-dire qu’elle passe d’un secteur à l’autre selon les perspectives du moment.
Même si le «breakout» s’avère réel et qu’une tendance haussière s’installe vraiment, il ne faut toutefois pas s’attendre à des hausses spectaculaires des actions des banques, croit pour sa part Marc L’Écuyer, gestionnaire de portefeuilles chez Cote 100. « Ce sera difficile pour les banques canadiennes de connaître une forte croissance », dit-il. « Parce que les Canadiens sont déjà relativement endettés, le potentiel de croissance des prêts s’en trouve limité », explique-t-il.
Les banques ont présenté des résultats satisfaisants principalement grâce à un bon contrôle des coûts, estime M. L’Écuyer. Plusieurs d’entre elles effectuent des coupures de personnel importantes. « Cela pourra encore se poursuivre pendant un an ou deux, mais ensuite ce sera plus difficile », dit-il. Les banques demeureront de bons titres versant de bons dividendes, mais le rendement total ne sera pas pour autant mirobolant, croit le gestionnaire.