C’est le message qu’a livré ce matin Peter Hall, vice-président et économiste en chef d’Exportation et développement Canada (EDC), lors d’un discours sur ses prévisions à l’exportation, organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Peter Hall, qui amorçait à Montréal sa tournée pancanadienne, affirme que plusieurs facteurs indiquent que les États-Unis – et du reste, l’économie mondiale – sont sur une lancée durable.
Les coûts d’emprunt des gouvernements sont à la baisse, tandis que les banques ont recommencé à prêter de l’argent aux entreprises et aux particuliers.
De plus, le secteur immobilier rebondit aux États-Unis, avec des prix des maisons à la hausse dans 48 États, sans parler de la hausse de 40% de l’activité par rapport à 2012.
Or, quand la construction va, tout va, car les propriétaires achètent une foule de biens et de services pour aménager leur résidence, a expliqué Peter Hall devant un auditoire de gens d’affaires. «Ça va stimuler la croissance économique.»
De manière générale, les consommateurs américains – qui comptent pour 70% du PIB américain – ont aussi recommencé à dépenser après des années de vaches maigres.
Des sceptiques
Assises sur 6 000 milliards de dollars de liquidités, les entreprises américaines leur emboîtent le pas. «Elles ont commencé à investir» dans la machinerie et l’équipement, sans parler de bâtiments, souligne l’économiste d’EDC.
Enfin, le recul du prix l’or (valeur refuge en période d’incertitude) indique que les marchés financiers s’attendent à une reprise économique, selon Peter Hall.
Comme le Canada expédie les trois quarts de ses exportations aux États-Unis (68,5% dans le cas du Québec), cette reprise qui s’annonce sur le marché américain est une bonne nouvelle pour l’économie canadienne, souligne l’économiste.
Dans les deux prochaines années, l’immobilier «sera faible», les dépenses de consommateurs seront modérées, et les gouvernements réduiront leurs dépenses. Rien pour stimuler la croissance économique au pays. Selon EDC, le PIB canadien progressera de 2,2% cette année, pour glisser à 1,9%, en 2014. Une performance inférieure à la croissance moyenne anticipée de 2,4% dans les pays développés, l’année prochaine. L’économie mondiale, elle, progressera de 4,2% en 2014, en hausse par rapport à 3,6%, cette année. Dans les pays émergents, la croissance passera de 5,5 à 5,9%.
C’est pourquoi Peter Hall estime que les entreprises ont tout intérêt à se concentrer sur le marché américain pour accroître leurs ventes dans les deux prochaines années.
Un discours tout à fait à l’opposé du Mouvement Desjardins. La semaine dernière, l’institution affirmait que l’économie québécoise devait avant tout compter sur le marché domestique pour maintenir sa croissance, et ce, en raison du manque de dynamisme des marchés d’exportation.
Ce scepticisme était aussi partagé par un entrepreneur présent ce matin à l’allocution de Peter Hall. Il affirmait que cette reprise annoncée aux États-Unis et ailleurs dans le monde ne s’était pas encore matérialisée par une hausse des carnets de commandes auprès de certaines entreprises.