Le prix de l’or noir a été très volatil cette année. En effet, il s’était d’abord écroulé jusqu’à 26 $US en début d’année lorsque l’Arabie Saoudite avait refusé de diminuer sa production, comme elle l’avait toujours fait auparavant afin de maintenir le prix. Mais ensuite, le prix du baril a rebondi pour surpasser la barre des 50 $US d’abord en juin, puis en octobre. Il cote présentement 47 $US.
Plusieurs analystes pensent qu’il pourrait terminer l’année en force. À cet égard, la réunion de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) qui se tiendra à Vienne le mercredi 30 novembre pourrait bien être déterminante.
Dans un sondage réalisé par CNBC, 75 % des analystes interrogés disaient croire que cette rencontre devrait permettre d’entériner l’entente établie en septembre par les pays membres de l’OPEP. Cet accord limiterait leur production à 32,5 millions de barils par jour.
L’entente de septembre avait permis au prix du pétrole de remonter au-dessus de 50 $US. Mais il est retombé à 44 $US lorsque l’on a réalisé que la production en octobre avait atteint 33,8 millions de barils par jour. Au même moment, la Russie produisait 11,2 millions de barils, un record.
L’OPEP et la Russie comptent pour près de la moitié de la production mondiale de pétrole qui se situe actuellement à 96 millions de barils par jour. On estime que la demande mondiale au troisième trimestre était de 95 millions, ce qui entraîne une offre excédentaire d’environ 1 million de barils.
Si la décision de l’OPEP est si importante, c’est que l’on estime que, à partir du point d’équilibre, un changement de 1 % du niveau de production entraîne un mouvement de 10 % du prix du baril, explique Luc Vallée, stratège chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. « S’il n’y a pas d’entente, on peut penser que le prix retombera rapidement dans la zone de 40-45 $US», dit-il. Mais si l’on s’entend pour réduire l’offre suffisamment, le prix se dirigera vers 60 $US et plus, selon lui.
Toutefois, même si une entente survient, il faudra voir comment elle sera respectée, prévient le stratège. « Le problème, c’est ce que feront les pays en difficulté », dit-il. La Libye, le Nigéria et l’Iran, entre autres, produisent en deçà de leur quota, et pourraient tricher en ne gelant pas leur production au niveau convenu.
L’Irak, un des plus importants producteurs de l’OPEP, prétend que celle-ci sous-estime sa production, ce qui la pénaliserait en cas de gel ou de réduction de production. Elle pourrait donc être récalcitrante à la respecter.
L’OPEP demande également aux producteurs non membres de couper leur production de 500 000 barils par jour. Cela semble actuellement peu probable. La Russie est le plus gros producteur en dehors de l’OPEP. À cette demande, son ministre de l’énergie, Alexander Novak, répondait en entrevue à Bloomberg que la Russie était seulement disposée à geler sa production au seuil actuel. Aucun autre non-membre n’a indiqué qu’il avait l’intention de couper sa production pour l’instant.
L’entente préliminaire intervenue en septembre avait eu un impact très positif, car à ce moment-là plus personne ne s’y attendait, rappelle Mathieu D’Anjou, économiste principale chez Desjardins. Le 30 novembre, il y aura probablement une entente, mais elle ne devrait pas être trop restrictive, croit-il. « On s’entendra probablement pour 33 millions de barils, ce qui stabilisera le marché et permettra de terminer l’année à environ 50 $US le baril », estime-t-il.