Une photo du bâtiment de la Banque du Canada.
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Après une baisse de 50 points de base en décembre, la Banque du Canada (BdC) revient à une baisse de 25 points de base, pour faire passer son taux cible du financement à un jour à 3,00 %. Le taux officiel d’escompte s’établit quant à lui à 3,25 %, et le taux de rémunération des dépôts, à 2,95 %. Il s’agit de sa sixième baisse consécutive depuis le mois de juin 2024.

« Comme prévu, la Banque du Canada a procédé à une baisse de taux, et c’est une décision pleinement justifiée. Bien que largement anticipée, cette annonce a malgré tout entraîné un léger affaiblissement du dollar canadien face au billet vert américain. C’est une tendance qui, selon nous, devrait se poursuivre en 2025 », commente Pierre-Benoît Gauthier, Vice-Président, Stratégie De Placement, IG Gestion de Patrimoine.

La BdC mentionne plusieurs facteurs expliquant sa décision. Elle souligne notamment l’incertitude particulièrement élevée entourant les projections présentées dans le Rapport sur la politique monétaire de janvier. Cette incertitude est en grande partie liée aux politiques publiques, notamment à la menace de tarifs douaniers de nos voisins du Sud.

Comme il est impossible de prédire l’ampleur et la durée d’un éventuel conflit commercial, la prévision principale présentée dans le Rapport a été élaborée sur l’hypothèse qu’aucun nouveau droit de douane ne sera imposé.

Le Rapport prédit ainsi une croissance économique mondiale qui devrait rester autour de 3 % d’ici les deux prochaines années. Le document évoque la dépréciation notable du dollar canadien vis-à-vis du dollar américain qui reflète en grande partie l’incertitude entourant les échanges commerciaux et la vigueur généralisée de la monnaie américaine.

« La possibilité d’un conflit commercial déclenché par l’imposition de nouveaux droits de douane américains sur les exportations canadiennes est une source majeure d’incertitude. Cela pourrait grandement perturber l’économie canadienne, et brouille les perspectives », souligne la première sous-gouverneure de la BdC, Carolyn Rogers.

Au Canada, nous commençons à constater les effets des baisses de taux d’intérêt sur l’économie.

« Les taux d’intérêt plus bas stimulent les dépenses des ménages et l’activité économique se redresse », continue Carolyn Rogers

La récente reprise de la consommation et de l’activité sur le marché du logement devrait se poursuivre. Cependant, les investissements des entreprises restent modérés. Quant aux exportations, leurs perspectives sont favorisées par l’augmentation des capacités d’exportation de pétrole et de gaz.

La croissance de l’emploi s’est accélérée ces derniers mois et les pressions salariales commencent à montrer des signes d’atténuation.

La Banque anticipe un renforcement de la croissance du produit intérieur brut (PIB) en 2025. Toutefois cette croissance sera plus modérée qu’annoncé dans le Rapport d’octobre en raison de la réduction des cibles d’immigration. La BdC prévoit une hausse de 1,3 % du PIB en 2024, puis de 1,8 % en 2025 et en 2026.

« Les données du PIB attendues vendredi sont déjà négatives sur une base mensuelle et s’annoncent faibles sur une base annuelle. Dans ce contexte, la Banque du Canada ne dispose d’aucune marge de manœuvre et doit impérativement adopter une approche proactive, d’autant plus que les incertitudes politiques aux États-Unis et le risque d’une guerre commerciale viennent assombrir l’environnement économique », estime Pierre-Benoît Gauthier.

La BdC a également révélé son plan pour achever la normalisation de son bilan et ainsi mettre un terme au resserrement quantitatif. À partir du mois de mars, la banque centrale du Canada reprendra progressivement ses achats d’actifs, dans le but de stabiliser son bilan avant qu’il ne commence à croître lentement, en ligne avec l’expansion de l’économie.

« Au cours des derniers mois, l’inflation est restée près de 2 %, les attentes des entreprises et des consommateurs se sont en grande partie normalisées, et il n’y a plus d’indications que les pressions inflationnistes sont généralisées », déclare Carolyn Rogers.

« L’inflation au Canada n’est plus un obstacle, laissant ainsi l’espace nécessaire pour poursuivre l’assouplissement monétaire. L’un des principaux points de pression pour les ménages demeure le coût du logement, et des taux plus bas pourraient non seulement alléger le fardeau des paiements hypothécaires, mais aussi encourager la construction résidentielle, ce qui favoriserait un rééquilibrage du marché immobilier », avance Pierre-Benoît Gauthier.

« Aux États-Unis, la situation est bien différente. Le retour potentiel de barrières tarifaires pourrait raviver les craintes inflationnistes et, si l’économie américaine parvient à maintenir son élan malgré ces tensions, nous pourrions assister à une résurgence de l’inflation de leur côté. Cela renforce notre conviction que le dollar canadien devrait continuer à s’affaiblir, nos modèles indiquant encore un potentiel de dépréciation de quelques cents », continue-t-il.