Conformément aux attentes des observateurs, la Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 5 % mercredi.
La banque centrale a ainsi continué dans sa récente ligne de conduite. Le mois dernier, elle avait également maintenu son taux directeur, mais avait toutefois prévenu qu’elle pourrait changer de politique en raison des pressions exercées sur les prix.
En marge d’une table ronde virtuelle le 13 octobre dernier, le gouverneur de la Banque du Canada Tiff Macklem soulignait que même si la demande dans l’économie ralentissait, l’inflation sous-jacente, qui élimine la volatilité des prix, était restée persistante au cours des six à huit derniers mois.
« Nous ne constatons pas vraiment de dynamique baissière de l’inflation sous-jacente, et c’est préoccupant », soulignait-il.
La décision d’aujourd’hui de la Banque du Canada de maintenir tout de même les taux peut s’expliquer par le ralentissement économique et le léger recul de l’inflation récemment observés. Pour rappel, en septembre, l’Indice des prix à la consommation (IPC) a baissé de 0,1 %, s’établissant ainsi à 3,8 %.
Cette baisse contribue à soulager quelques inquiétudes provoquées par la croissance de prix au pays. Et les économistes s’attendent à ce que ce ralentissement se poursuive d’ici la fin de l’année et au début de 2024.
« Les données indiquent que l’inflation a ralenti. Ce facteur, tout comme la piètre croissance économique à laquelle nous avons été témoins, devrait convaincre la Banque du Canada à maintenir son taux directeur, pas seulement pour ce mois-ci, mais aussi d’ici la fin de l’année et même au début de la prochaine année », assurait quelques jours avant la décision de la banque centrale le directeur général et économiste principal à la Banque CIBC, Andrew Grantham.
Les attentes des entreprises et le marché de l’emploi semblent confirmer la tendance. Les premières s’attendent ainsi à une croissance modérée de leurs ventes dans la prochaine année et le second n’a clairement plus la vigueur de 2022. Ainsi, le nombre de postes inoccupés a chuté tandis que le taux de chômage a dépassé les 5,5 %.
La hausse des taux d’intérêt de la dernière année n’a toutefois pas fini d’impacter l’économie du pays surtout que nombre de ménages doivent encore renouveler leur hypothèque à un taux supérieur et que de plus en plus de consommateurs évitent de dépenser.
Une majorité d’économistes s’attendent à ce que le ralentissement économique et des conditions financières plus serrées fassent éventuellement reculer l’inflation à 2 %.
Pour cette raison, Andrew Grantham se demande même si la Banque du Canada ne va pas commencer à songer à baisser son taux directeur.
Mais, si nombre d’indices semblent tendre vers une baisse de l’inflation, le début de la guerre entre Israël et le Hamas pourrait faire pencher la balance dans l’autre direction. « Les guerres causent l’inflation. On ne peut s’en sauver », rappelle Andrew Grantham.
Si on se souvient, l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février de l’an passé, qui a eu un impact important sur les prix des matières premières, avait largement contribué à la hausse de l’inflation.
Toutefois, Tiff Macklem juge qu’il est encore trop tôt pour dire si le conflit actuel au Moyen-Orient aura un impact sur l’économie mondiale.
(Avec La Presse Canadienne)