Selon Shawn Langlois, chroniqueur financier sur MarketWatch, un des indicateurs préférés de Warren Buffet pour mesurer l’état de cherté du marché est la valorisation boursière en pourcentage du PIB. Les paramètres sont les suivants: si la valeur totale de toutes les actions cotées en Bourse aux États-Unis représente 70 à 80% de la valeur du PIB américain, c’est que les Bourses sont bon marché et que les perspectives d’appréciation sont bonnes. C’est alors le temps d’acheter. «Mais lorsque l’on passe bien au-dessus de 100%, c’est le moment d’appliquer les freins», rappelle Langlois.
On serait actuellement tout près de 140%. Le record historique est de 145%, et il est survenu en 2000 lors du sommet de la bulle techno. Pas de doute que l’Oracle d’Omaha doit trouver la Bourse très chère.
Question de profits
Plusieurs prétendent que les indicateurs de ce type ne ne sont pas très utiles pour évaluer les perspectives boursières. Ce qui importe ce sont plutôt les profits des entreprises auxquels on applique un certain multiple.
L’année 2017 semble vouloir être un grand cru quant aux bénéfices des sociétés américaines, car la croissance est actuellement nettement supérieure aux prévisions des analystes. Et cela devrait se poursuivre selon plusieurs, ce qui explique que la hausse boursière ne s’arrête pas.
Au deuxième trimestre, 78% des entreprises composant le S&P 500 ont surpassé les bénéfices estimés par le consensus des analystes selon les données colligées par Bloomberg. Les bénéfices ont augmenté en moyenne de 9,8% durant le trimestre. Et en fonction des résultats divulgués jusqu’à maintenant pour le troisième trimestre, la croissance des bénéfices semble vouloir être aussi forte.
Mais il y aussi un risque actuellement à justifier la valorisation en se basant sur les bénéfices, explique James Rickards, éditeur de la lettre financière Strategic Intelligence pour le groupe Agora Financial. Si la croissance des bénéfices est si forte en 2017, c’est qu’on les compare à ceux de 2016 alors qu’ils étaient très faibles.
Les évaluations boursières actuelles reposent sur le fait que les analystes extrapolent une croissance des bénéfices pour 2018 au moins aussi bonne sinon meilleure qu’en 2017, croit Rickards. «Nous avons toutes les raisons de douter de cette extrapolation», dit-il.
L’encaisse s’accumule
Même chez les gestionnaires qui font peu de cas de l’ensemble du marché, préférant sélectionner chaque titre selon son propre mérite, l’appréciation importante des indices boursiers les conduit indirectement à tenir compte de la cherté du marché et d’agir avec prudence.
Chez Cote 100, par exemple, on investit dans une entreprise parce que le cours du titre est attrayant en fonction de sa valeur intrinsèque, explique son président et chef des placements, Philippe Leblanc. «Mais lorsque le titre monte beaucoup, l’attrait en fonction de nos critères peut s’amoindrir s’il n’y a eu de changements significatifs au niveau de l’entreprise», dit-il.
Actuellement, l’encaisse s’accumule chez Cote 100, car plusieurs titres se sont beaucoup appréciés et les positions ont été vendues en tout ou en partie. «Cela ne nous fait pas plaisir, car l’on préfèrerait toujours être investi à 100 %», dit Philippe Leblanc. «Mais on préfère être patient et attendre que de bonnes occasions en fonction de nos critères d’évaluation de la valeur intrinsèque se présentent à nouveau», conclut-il.