« Les actions de l’Indice CSI 300 se négocient à environ 12 ou 13 fois leurs bénéfices prévisionnels, soit un écart-type au-dessous de la moyenne historique », dit Richard Pan, qui dirige une équipe de six personnes ayant sous sa gestion environ 1,5 G$US d’actifs pour des comptes distincts.
L’Indice CSI 300 est un indice pondéré selon la capitalisation boursière qui réplique le rendement de 300 actions dites « A » se négociant sur les places boursières de Shanghai et de Shenzhen. Dans le cadre du programme QFII, les investisseurs étrangers ont accès à environ 2 800 compagnies chinoises, qui ensemble constituent une capitalisation boursière d’environ 6 billions $ US, contre 20 billions $ US aux États-Unis. Mais, Richard Pan fait valoir que la Chine rattrape son retard, et rapidement.
Le plus grand gestionnaire de fonds commun en Chine avec environ 158 G$ US d’actifs sous gestion, ChinaAMC gère également le fonds Excel Chine, qui est vendu aux Canadiens et qui détient des actions « H » négociées à Hong Kong.
Les évaluations actuelles sont une des raisons de l’optimisme de Richard Pan concernant son pays. « Nous pensons que les actions sont une aubaine, notamment les compagnies de premier ordre, comme les fabricants d’automobiles et d’appareils ménagers et les grands promoteurs immobiliers », dit-il, un vétéran de 19 ans dans l’industrie qui a un baccalauréat en ingénierie de l’université de Wuhan, sa ville d’origine, et un MBA de l’Université Georgetown.
Il cite en exemple Midea Group, le plus grand fabricant d’appareils ménagers. « Cette société dispose de 10 milliards $ US de liquidités et n’a aucune dette entraînant des intérêts à payer. Son ratio valeur d’entreprise/BAIIDA est inférieur à cinq, dit Richard Pan, ajoutant que l’action verse un rendement en dividendes et une croissance de son BAIIDA de 12 à 15 % est prévue pour les années à venir. « Nous pensons que c’est une compagnie intéressante et bon marché. »
La seconde raison de l’optimisme de Richard Pan est que les investisseurs étrangers sous-estiment le potentiel de croissance de la nouvelle économie chinoise. « La nouvelle économie sera nettement plus prospère que l’ancienne. J’y inclus le commerce électronique, les paiements mobiles et les loisirs. On assiste à une mise à niveau vers une consommation haut de gamme et les compagnies de services basées sur l’information sont en pleine croissance. »
Cette tendance est menée par une croissance graduelle des foyers au revenu moyen qui occupent une plus grande part de la population urbaine. Les données de ChinaAMC indiquent que la Chine a un long chemin à faire pour rattraper de nombreux pays développés dans la consommation des appareils ménagers et électroniques, et des produits de beauté et des soins personnels.
« Le PIB per capita est toujours faible », dit Richard Pan, ajoutant que le revenu par personne est d’environ 8 000 $ US. « Mais l’économie est beaucoup plus équilibrée par rapport à la plupart des marchés émergents. Elle ne dépend pas des marchandises. La Chine possède de nombreuses compagnies industrielles et de services financiers, et de compagnies Internet. Si vous examinez les secteurs du CSI 300, ils ressemblent beaucoup à ceux du S&P 500. »
Une autre source d’optimisme est la modernisation continue des fondements industriels de la Chine. « La Chine est le centre mondial de la fabrication, mais surtout bas de gamme. Ces trois dernières années, nous nous sommes dirigés vers une fabrication haut de gamme, et cette tendance continuera pendant au moins une décennie, dit-il, ajoutant que les communications à haute vitesse vont stimuler les améliorations de la productivité. « À l’avenir, le slogan passera de « Fabriqué en Chine » à « Innové en Chine ». »
L’esprit d’entreprenariat représente un autre moteur positif essentiel. La Chine compte 60 millions de PME, qui emploient plus de 70 % de la main d’œuvre. « Presque chaque compagnie Internet a été fondée par des entrepreneurs enthousiastes », ajoute Richard Pan.
Il prend pour exemple Jack Ma, qui a fondé le prestataire de services de commerce électronique Alibaba Group, qui a émergé comme la plus grande plateforme mondiale de négociations inter-entreprises en ligne. Un autre exemple est Pony Ma, fondateur de Tencent Holdings, qui depuis sa création en 2004 est passé en flèche à un marché de 200 milliards $ US grâce à ses intérêts dans les services médiatiques, les loisirs et la téléphonie mobile.
Richard Pan admet que les coûts de la main d’œuvre sont plus élevés que dans de nombreux marchés émergents. « Mais la Chine bénéficie d’économies d’échelle et d’un immense bassin de personnes talentueuses, dit-il. Nous avons mis à niveau nos installations manufacturières et nous concentrons vers le haut de gamme, au lieu du secteur bas de gamme. »
Dans une perspective descendante, Richard Pan soutient que la croissance plus lente de la Chine est plus saine que sa croissance à deux chiffres des années 2000. « Nous reconnaissons qu’une croissance de 10 % n’est pas durable. Une croissance de 5 %, quant à elle, est respectable, réalisable et durable, a-t-il dit. Et même si la croissance chute à 5 %, nous pouvons trouver beaucoup d’occasions pour les investisseurs. »
Il a divisé son portefeuille de 50 à 60 noms entre les noms de la soi-disant Nouvelle Chine et de l’ancienne Chine. C’est-à-dire qu’environ la moitié du portefeuille est détenue dans des compagnies basées sur le savoir, comme celles du secteur des soins de la santé. L’autre moitié est dans des compagnies traditionnelles comme les fabricants automobiles.
« Mon fonds combine la valeur et la croissance », dit-il, remarquant que les noms traditionnels du fonds ont pour moteur des mesures de valeur. « Notre stratégie est de suivre l’indice de référence CSI, mais par rapport à l’indice, nous penchons plutôt vers la croissance. »