Après la faillite des banques américaines Silicon Valley Bank (SVB) et Signature, c’est au tour d’une banque européenne d’être ébranlée. Le Crédit Suisse, deuxième groupe bancaire du pays, a dû faire appel à l’aide de la banque centrale helvétique après que son action a chuté brutalement mercredi.
Grâce à un apport de liquidités de 50 milliards de francs suisses (74 milliards de dollars canadiens), l’action de Crédit Suisse, qui avait chuté de 25 % le 15 mars, avait remonté de 30 % le lendemain, à l’ouverture de la Bourse, grâce à la bouée de sauvetage lancée par la Banque nationale suisse. L’institution financière a parallèlement annoncé une série d’opérations de rachat de dette pour environ 4 G$.
Le groupe bancaire, qui gère des actifs de plus de 2000 G$, a vu la valeur de son action chuter à près de 2 $ le 15 mars, dans la pire séance de son histoire, tirant vers le bas les principaux indices boursiers européens.
La débâcle a commencé lorsque Ammar al-Khudairy, le président de la Banque nationale saoudienne, principal actionnaire du Crédit Suisse, a déclaré dans une entrevue à Bloomberg TV que son groupe n’injecterait pas d’argent supplémentaire dans l’institution financière helvète en cas de difficulté, invoquant des raisons réglementaires.
L’actionnaire est déjà venu au secours de la banque une première fois en novembre. Un autre apport de capitaux porterait sa participation au-dessus de 10 %, ce qui impliquerait d’obtenir l’aval de la FINMA, l’autorité fédérale de surveillance des marchés financiers en Suisse, selon le journal économique Les Échos.
Cette nouvelle a déclenché un mouvement de panique dans un marché inquiet des risques de contagion après la faillite de la banque américaine SVB. L’onde de choc a secoué plusieurs grandes banques européennes. La valeur de BNP Paribas a chuté de 11,11 % dans la foulée, celle de la Société générale a baissé de 11,01 % et celle de la Commerzbank de 10,08 %. Le CAC 40 est tombé de plus de 3,5 %, atteignant son niveau le plus bas depuis le 10 janvier.
Les inquiétudes autour de la santé des banques, accentuées par la chute en Bourse du Crédit Suisse, n’ont pas fait dévier de sa course la Banque centrale européenne (BCE), qui a augmenté son taux directeur de 50 points de base mercredi.
Une débâche annoncée
Les déboires du Crédit Suisse, fondé en 1856, ne datent pas d’hier. En novembre dernier, la banque a entrepris une importante restructuration qui l’a conduite à aller chercher le soutien financier d’un actionnaire saoudien. En février, elle dévoilait une perte de 10 G$ pour l’exercice 2022.
L’établissement a subi plusieurs revers ces dernières années. L’action a perdu plus de 87 % de sa valeur depuis la faillite, en mars 2021, de la société financière britannique Greensill Capital. La banqueroute du fonds Archegos Capital, la même année, lui a coûté plus de 6 G$.
Le risque de voir la situation contaminer d’autres institutions financières européennes est cependant assez faible, selon un expert interrogé par la radio française Europe 1, étant donné que la capitalisation boursière d’UBS, la principale banque suisse, est 10 fois supérieure à celle du Crédit Suisse.