Les travailleurs canadiens se sentaient optimistes quant à leurs perspectives d’emploi dans les semaines qui précédaient le choc économique imposé par la pandémie de COVID-19, mais les employeurs ne voyaient pas les choses du même œil, révèle un rapport de la Banque du Canada.
L’enquête trimestrielle de la banque centrale sur les attentes des consommateurs suggère que plus de gens prévoyaient se mettre à la recherche d’un nouvel emploi et s’attendaient à trouver rapidement quelque chose, tandis qu’un moins grand nombre s’attendaient à perdre leur emploi.
Les perspectives des ménages en matière de dépenses continuaient à grimper plus rapidement que les prévisions de croissance des salaires, ce qui, selon la banque, suggère que les consommateurs, à la mi-février, n’envisageaient pas de se montrer plus prudents dans leurs dépenses.
Puis la COVID-19 a frappé.
Au cours des deux dernières semaines, plus de deux millions de personnes ont demandé des prestations d’assurance-emploi, un pic spectaculaire par rapport à ce que le programme connaît habituellement.
Et depuis lundi, les Canadiens qui ne sont pas admissibles à l’assurance-emploi peuvent demander une nouvelle prestation d’urgence de 2000 $ par mois, qui devrait coûter 24 milliards de dollars (G$) au gouvernement fédéral.
Les perspectives pour le reste de l’année sont révisées à la baisse de façon spectaculaire par rapport à il n’y a que quelques semaines, et les résultats du sondage de la Banque du Canada donnent un portrait des consommateurs et des entreprises d’avant la pandémie.
Les résultats de l’enquête sur les perspectives des entreprises suggèrent que le moral des sociétés s’était affaibli dans la plupart des régions avant même que la pandémie s’intensifie.
Une grande partie de ce sentiment émanait des régions du pays qui produisent du pétrole, où les entreprises étaient généralement moins optimistes et réduisaient leurs dépenses en immobilisations et leurs intentions d’embauche alors qu’elles voyaient le cours du pétrole plonger.
Des entreprises ont indiqué à la banque centrale qu’elles s’attendaient à ce que le choc économique de la baisse des prix du pétrole soit pire que celui qui a frappé le secteur en 2015 et la crise économique de 2008. En moyenne, les dépenses en immobilisations ont été réduites de 30 % par rapport à 2019, a indiqué la banque centrale.
La raison, explique la banque, tient à la crainte que le financement devienne plus difficile à trouver pour les entreprises qui anticipaient « un redressement de l’activité plutôt qu’un choc négatif ».
L’enquête suggère également que les compagnies pétrolières prévoyaient peu de mises à pied à moins que la faiblesse des prix du pétrole persiste sur une plus longue période.
Plusieurs s’attendaient à ce que le prix de référence du brut, connu sous le nom de West Texas Intermediate, se situerait entre 30 $ US et 35 $ US le baril. Au début de la semaine, ce prix était plus proche de 28 $ US le baril.
Le rapport publié lundi suggère que la situation se compliquait dans un plus grand nombre de secteurs à la mi-mars, car les restaurants, les hôtels et les autres industries de services voyaient leur chiffre d’affaires s’effondrer et avaient fermé, ou prévoyaient le faire bientôt, et « procédaient à des mises à pied massives ou réduisaient les heures de travail du personnel ».
D’autres, a noté la banque, s’orientaient vers la livraison de nourriture et la vente en ligne pour trouver de nouvelles façons de gagner de l’argent.
Les fabricants anticipaient des fermetures temporaires et une baisse des ventes aux clients en difficulté.
Les détaillants en alimentation et les sociétés de transport apparentées ont vu leurs ventes atteindre des « niveaux inédits » alors que les travailleurs se faisaient dire de rester chez eux.