La Banque du Canada a relevé mercredi son taux directeur de 0,25 point de pourcentage pour le porter à 5,00 %.
Le gouverneur de la banque centrale, Tiff Macklem, a indiqué que les pressions inflationnistes ne s’atténuaient pas aussi rapidement que la banque centrale le souhaitait, et que d’autres hausses de taux pourraient survenir si les données économiques l’exigeaient.
Voici les leçons à tirer de la décision de mercredi et du rapport sur la politique monétaire de la Banque du Canada, ainsi que des remarques de Tiff Macklem et de la première sous-gouverneure, Carolyn Rogers, lors de leur entretien avec les journalistes après l’annonce.
Une récession n’est probablement pas dans les cartes
La Banque du Canada ne s’attend pas à une récession, malgré la pression des taux plus élevés sur l’économie, a expliqué Tiff Macklem.
La banque centrale calcule que la croissance économique atteindra en moyenne environ 1,0 % l’année prochaine, avant de repartir à la hausse par la suite.
« Nous avons besoin d’une période de croissance inférieure à la tendance, inférieure au potentiel, pour permettre à l’offre de rattraper la demande. C’est ce qui va soulager ces pressions sur les prix », a indiqué Tiff Macklem.
« Mais nous pensons qu’il existe un chemin vers la stabilité des prix, alors que l’économie continue de croître. »
Une inflation à 2 % est encore lointaine
La banque centrale ne voit pas l’inflation atteindre son objectif de 2,0 % avant le milieu de 2025.
Tiff Macklem a indiqué qu’il s’attendait à ce que l’indice des prix à la consommation, qui mesure l’inflation, augmente d’environ 3 % dans la prochaine année, avant de diminuer progressivement pour atteindre son objectif.
« C’est environ six mois plus tard que nous l’avions prévu en avril », a-t-il affirmé.
Il ne faut pas s’attendre à des baisses de taux de sitôt
Les taux d’intérêt peuvent encore augmenter si les données l’exigent, mais ils ne baisseront pas dans un avenir proche, a indiqué Tiff Macklem.
« Il est manifestement trop tôt pour parler de baisse des taux d’intérêt », a-t-il estimé.
« Nous essayons certainement d’équilibrer les risques (d’un resserrement trop ou pas assez important) et nous y allons une réunion à la fois. »
La croissance démographique nuit à l’inflation, mais la favorise aussi
La rapide croissance de la population du Canada, qui a récemment dépassé le cap des 40 millions, contribue à la pression inflationniste avec la demande pour les dépenses et les logements, a expliqué Tiff Macklem.
Et cela malgré le fait que les nouveaux arrivants au Canada contribuent également à atténuer les tensions sur le marché du travail.
« La croissance rapide de la population contribue à la fois à l’offre et à la demande dans l’économie, a poursuivi Tiff Macklem. Les nouveaux arrivants au Canada entrent sur le marché du travail, atténuant les pénuries de main-d’œuvre, mais en même temps, ils augmentent les dépenses de consommation et la demande de logements. »
L’épargne pandémique n’est pas encore épuisée
Même si Tiff Macklem a reconnu que des taux d’intérêt plus élevés nuisaient probablement à de nombreux ménages canadiens, il a affirmé que les dépenses restaient élevées, en particulier dans les services, et que cela contribuait à une inflation persistante.
Une raison possible à cela est que l’épargne que les Canadiens ont accumulée pendant la pandémie aide à soutenir les dépenses malgré les hausses de taux, a-t-il affirmé.
« Certains ménages ont réduit leurs dépenses parce que l’inflation et les taux d’intérêt plus élevés ont rongé leur budget, et certains sont sévèrement coincés », a observé Tiff Macklem.
« Mais pour plusieurs, cette épargne plus importante peut agir comme un coussin et soutenir les dépenses de consommation. »
La banque centrale est dans un exercice d’équilibriste
La Banque du Canada craint que si elle n’agit pas assez fermement maintenant, les Canadiens en paient le prix plus tard, a prévenu M. Macklem.
« L’inflation s’est mise à descendre moins vite et nous craignons que si nous ne faisons pas attention, les progrès vers la stabilité des prix puissent stagner », a-t-il fait valoir.
Si l’économie voit des surprises à la hausse, l’inflation pourrait même repartir à la hausse, a averti Tiff Macklem.
« Nous nous efforçons de bien doser notre resserrement monétaire », a-t-il affirmé.
« Nous savons que si nous n’en faisons pas assez maintenant, il faudra probablement en faire beaucoup plus par la suite. Nous savons aussi, par contre, que si nous en faisons trop, nous risquons de plonger tout le monde dans une situation économique inutilement difficile. »