Au cours du deuxième trimestre, le nombre de nouveaux prêts hypothécaires a passé les 410 000, soit son plus haut volume jamais enregistré sur une période de trois mois. Il s’agit d’une hausse de 60,2 % par rapport à la même période l’an dernier, selon le plus récent rapport sur les tendances et perspectives en matière de crédit à la consommation d’Equifax Canada.
Les prix des maisons connaissent également une hausse. Ainsi, la valeur moyenne des nouveaux prêts hypothécaires s’élève à plus de 355 000 $, soit une hausse de 22,2 % par rapport à l’an dernier. En dehors de l’essor du marché immobilier, la croissance de la valeur des nouveaux prêts hypothécaires s’explique notamment par le caractère saisonnier et le refinancement.
En raison de cette augmentation de la valeur des prêts et des faibles taux d’intérêt, on constate une relance des marges de crédit hypothécaire. Ces dernières ont augmenté de 56,7 % par rapport au deuxième trimestre de 2020, son taux le plus élevé de la décennie.
« La tendance des marges de crédit hypothécaire est inquiétante, car les paiements sont souvent associés à un taux d’intérêt variable, commente Rebecca Oakes, vice-présidente adjointe, Analyse avancée chez Equifax Canada. En 2018, quand les taux d’intérêt ont augmenté, nous avons constaté une baisse des paiements par carte de crédit, surtout chez les consommateurs ayant une marge de crédit hypothécaire. Cela a également entraîné une hausse des faillites parmi les consommateurs plus âgés ayant une marge de crédit hypothécaire. »
Autre fait inquiétant, les consommateurs ayant un moins bon crédit, donc ceux étant certainement les moins préparés pour gérer un stress financier supplémentaire, ont dans certains cas contracté un gros montant de dette. Ces derniers représentent environ 10 % des nouveaux prêts hypothécaires, mais le montant moyen de leur prêt a augmenté au même taux que celui des consommateurs ayant un pointage de crédit plus élevé.
« Les prix des biens de consommation ont augmenté et si la tendance de l’inflation se maintient, il est possible qu’une hausse des taux d’intérêt plus tôt que prévu vienne freiner cela, résume Rebecca Oakes. Puisque de nombreux consommateurs sont maintenant fortement endettés et qu’il est possible d’augmenter le montant des prêts hypothécaires à taux variable et des marges de crédit hypothécaire, les consommateurs pourraient ne pas être en mesure de rembourser leurs dettes si les taux d’intérêt augmentent. Cela peut entraîner plus de cas d’insolvabilité. »
L’endettement en hausse, les défaillances en baisse
Avec la hausse de la valeur des prêts hypothécaires, la dette à la consommation a atteint les 2,15 billions de dollars, une hausse de 7,5 % par rapport à la même période l’an passé. Sur une base individuelle, celle-ci est en moyenne de 20 640 $, une baisse par rapport à 2020, mais une hausse si l’on compare cela au premier trimestre de 2021.
Le nombre de nouvelles cartes de crédit est également en hausse, celui-ci a augmenté de 2,8 % en un semestre. Il n’a toutefois pas retrouvé son niveau prépandémique.
Toutefois, le taux de défaillance a chuté par rapport au premier trimestre de 2021, et ce, malgré la fin des programmes de report. On peut toutefois attribuer cette amélioration, du moins en partie, au soutien gouvernemental accordé durant la pandémie.
Depuis la COVID-19, les consommateurs travaillent à rembourser leurs dettes et améliorer leur pointage de crédit. Le pointage moyen Equifax des consommateurs aurait ainsi augmenté de 12 points dans les deux dernières années.
« La diminution des défaillances est une bonne chose, mais le nombre de cas d’insolvabilité ce trimestre est plus élevé que les baisses enregistrées l’an dernier, prévient Rebecca Oakes. Nous verrons peut-être des cas d’insolvabilité apparaître par surprise au dossier de consommateurs sans historique de défaillance et ayant un pointage de crédit décent. »