Les épargnants et les ménages moyens ne sont pas les seuls à souffrir des conséquences économiques des hausses du taux directeur. Jerome Powell, le grand patron de la Fed, goûte à sa propre médecine. Sa fortune accumulée lors de ses années de carrière dans la finance est descendue récemment sous la barre des 100 millions de dollars américains et pourrait écoper davantage alors que la Réserve fédérale songe à procéder à une nouvelle hausse de son taux directeur en septembre afin de maîtriser l’inflation, signalent Les Échos.
À la suite des 11 hausses de taux successives décrétées par la Fed depuis mars 2022, son président a vu la valeur de son patrimoine plonger avec la baisse des marchés, refroidis par le ralentissement de l’activité économique et donc, des perspectives de croissance moins importantes qu’espéré.
Selon ses déclarations à l’US Office of Government Ethics, l’organisme chargé de surveiller les placements des membres du gouvernement et agences fédérales, qui doivent lui fournir une fourchette de l’estimation de leur patrimoine, en 2022, le trésor du président de la Fed était évalué à 75,4 M$ US, selon son estimation la plus haute, et à 48 M$ US en moyenne.
Ces chiffres accusent une baisse de près de 27 % par rapport à l’année précédente, alors que les actifs du dirigeant avaient dépassé les 100 M$ US, hors immobilier, pour leur valeur la plus optimiste, rapportent Les Échos. En comparaison, au moment de son départ en 2018, la prédécesseure de Jerome Powell, Janet Yellen, actuelle secrétaire du Trésor des États-Unis, déclarait un patrimoine financier de 12 M$ US.
Nouvelle hausse des taux en septembre ?
Le magot accumulé par Jerome Powell au cours de sa carrière de banquier, puis d’homme d’affaires – Il a fondé en 2004 Severn Capital Partners, une société de capital-investissement spécialisée dans le financement des litiges, les acquisitions et l’investissement dans la dette – pourrait encore écoper.
Selon les analystes, la Fed pourrait décider de maintenir les taux d’intérêt à un niveau plus élevé pendant plus longtemps afin de maîtriser l’inflation. En juillet, la banque a porté son taux de référence à 5,4 %, son niveau le plus élevé depuis 22 ans. Cependant, ce tour de vis n’a pas suffi à ralentir l’économie américaine. Le taux de chômage est proche de son niveau le plus bas depuis un demi-siècle aux États-Unis, et les dépenses de consommation des Américains continuent de croître à un rythme soutenu. La croissance de l’économie des voisins du Sud a progressé à un rythme annuel de 5,8 % au cours du trimestre actuel (juillet-septembre), soit plus du double du trimestre précédent, selon des chiffres de l’antenne d’Atlanta de la Fed.
Ces résultats pourraient amener les dirigeants de la Fed à opter pour une augmentation supplémentaire du taux directeur lors de la prochaine réunion, les 19 et 20 septembre, pour tenter de ramener l’inflation à 2,0 % sur un an. En juillet, l’inflation est repartie à la hausse aux États-Unis, s’élevant à 3,2 % sur un an, comparativement à 3 % en juin.
Banquier et homme d’affaires
Devenu le 16e président de la Réserve fédérale américaine en 2018, choisi par Donald Trump et reconduit par l’administration Biden en 2022, Jerome Powell ne doit pas sa fortune à cette nomination. Le banquier et homme d’affaires, qui a débuté sa carrière au sein du groupe Carlyle dans les années 1990, déclarait en février dernier, lors d’une session de questions-réponses avec le cofondateur de la société d’investissement, David Rubenstein, toucher un salaire annuel de 190 000 $ US, a rapporté Bloomberg.
Ce montant, selon des chiffres du site spécialisé Wall Street Oasis de 2021, le situerait tout juste dans la fourchette du salaire de base d’un analyste financier employé par une banque d’investissement disposant d’une ancienneté de trois ans.
Comparé à ses homologues d’autres pays, le patron de la Fed ne figure pas parmi les plus hauts salaires. Il gagne par exemple deux fois moins que Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, qui affichait un salaire annuel de 458 000 $ US en 2021, selon une compilation de BFM Bourse. La même année, Andrew Bailey, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, déclarait une paie de 730 000 $ US, tandis que le patron de la Banque nationale suisse, Thomas Jordan, récoltait des émoluments de plus d’un million de dollars US par an.