Patricia White, directrice générale de l’organisme Conseil en crédit du Canada, rappelle que plusieurs consommateurs qui ont connu des années de taux d’intérêt faibles ne seront pas préparés aux éventuelles hausses qui pointent à l’horizon.
Mme White croit qu’à cause d’un recours de plus en plus répandu aux prêts sur la valeur nette d’une maison et aux marges de crédit, les Canadiens seront plus nombreux à devoir affronter très rapidement des coûts d’emprunt plus élevés. Et ceux qui souhaitent acheter une maison devront choisir davantage en fonction de leurs moyens, estime la conseillère de cet organisme sans but lucratif.
La Banque du Canada a relevé mercredi son taux directeur d’un quart de point de pourcentage, pour le porter à 1 %. Il s’agit de la deuxième hausse de 25 points de base depuis juillet, et la première ronde d’augmentations depuis 2010.
Eric Kam, chargé de cours en économie à l’Université Ryerson de Toronto, estime que le gouvernement utilisera cette hausse des taux d’intérêt pour calmer le jeu dans le secteur immobilier, mais aussi pour rappeler aux consommateurs que l’ère des planchers historiques ne durera pas éternellement.
« Conscient que plusieurs Canadiens ont investi dans des biens qu’ils n’auraient peut-être pas les moyens de se payer si les taux augmentaient, le gouvernement se dit qu’une hausse légère des taux pourrait permettre de faire le ménage dans tout ça », résume M. Kam. Une hausse des taux n’empêcherait pas les Canadiens de s’acheter une maison, soutient-il, mais elle les amènerait peut-être à en acheter une moins grande. « Le gouvernement tentera sans doute d’en faire un ver d’oreille auprès des Canadiens: soyez attentifs à votre endettement global. »
Les dettes à la consommation en hausse
La société de crédit à la consommation Equifax indiquait mardi que la dette à la consommation totale des Canadiens, excluant les hypothèques, avait connu une hausse de 3,3 % au deuxième trimestre comparativement à l’an dernier, pour atteindre en moyenne 22 595 $ par personne _ un nouveau record.
Regina Malina, directrice principale en analyse de données chez Equifax, rappelle toutefois que les taux de délinquance et le nombre de faillites sont en baisse, ce qui laisse croire que les taux d’endettement demeurent viables. Selon elle, la hausse des taux annoncée mercredi pourrait ajouter de 50 $ à 150 $ par mois aux dépenses des ménages, qui devraient en général pouvoir s’ajuster.
Le président et chef de la direction de la RBC, Dave McKay, a de son côté prévenu mercredi que les hausses des paiements sur les prêts hypothécaires et sur les autres créances se traduiront par une baisse du revenu disponible des ménages _ ce qui pourrait ralentir à long terme la croissance dans d’autres secteurs de l’économie. « C’est là l’un des effets dont on ne parle pas assez souvent », a-t-il déploré lors d’un colloque financier à Toronto.