La croissance du PIB a décroché de ses 10 % traditionnels pour passer à environ 7,3 %, dit Mandy Chan, chef du service des actions de la Chine et de Hong Kong pour Gestion globale d’actifs HSBC. « Nous faisons attention au PIB, mais la gestion du changement est plus importante que le rendement lui-même. » Installée à Hong Kong, Mandy Chan est directrice du placement au sein de l’équipe des actions de HSBC en charge du Fonds en actions chinoises de la HSBC.
Lorsqu’on évoque les compagnies d’État chinoises, de nombreuses personnes pensent aux banques ou aux compagnies pétrolières géantes. Toutefois, les propriétés d’État sont beaucoup plus répandues. Dans l’ensemble, selon Mandy Chan, 155 000 entreprises sont toujours détenues par le gouvernement central et les gouvernements locaux.
L’an dernier, une série de réformes des entreprises propriétés d’État – la version chinoise du capitalisme — a été annoncée par les gouvernements central et locaux. Elles visent à stimuler les investissements et à améliorer la rentabilité.
« Les réformes des entreprises d’État chinoises seront probablement un catalyseur majeur, dit Mandy Chan, pour la réévaluation à la hausse de tout le marché boursier chinois. » Parmi les principales percées de la réforme des sociétés d’État, a-t-elle ajouté, il y a l’introduction d’entreprises à propriété mixte. Cette structure permet aux entreprises privées de devenir des investisseurs principaux, d’offrir une diversification et d’améliorer l’efficacité et la rentabilité. De plus, les sociétés d’État peuvent se tourner vers des partenariats avec des compagnies étrangères.
De nombreux secteurs d’activité sous l’emprise exclusive des capitaux d’État, comme les finances, le pétrole et le gaz naturel, les télécommunications, les chemins de fer et les services publics, vont probablement ouvrir leur porte aux capitaux privés, dit Mme Chan. Cette réforme pourrait fournir des sources de financement pour les secteurs insuffisamment développés, et améliorer leur compétitivité. De plus, les sociétés d’État peuvent céder leurs actifs non rentables au gouvernement afin de rehausser leur rentabilité générale.
Mandy Chan dit que certaines compagnies d’État qui sont passées par le processus de restructuration ont obtenu d’excellents résultats, et la plupart d’entre-elles ont généré des rendements à deux chiffres. « Avant tout, nous pensons que les réformes des compagnies d’État vont stimuler les évaluations, dit-elle, par des injections supplémentaires d’actifs. »
L’assouplissement monétaire est un autre thème de placement qui, selon Mandy Chan, attirera l’attention des investisseurs cette année. La Banque populaire de Chine a surpris le marché en diminuant les taux d’intérêt à la fin de novembre pour la première fois depuis 2012. La banque centrale a eu recours à ces réductions après qu’une série de mesures incitatives ciblées a été impuissante à stimuler davantage l’économie.
En Chine, le taux des prêts à long terme est assez raide à 6 %. Réduire les taux d’intérêt, dit Mandy Chan, est la façon la plus directe de faire prospérer les PME puisque la baisse des taux stimulera les investissements des sociétés. « Nous croyons que d’autres réductions des taux devraient aider le secteur de l’immobilier et les compagnies fortement endettées. »
De plus, en septembre dernier, la Banque populaire de Chine et la commission de réglementation bancaire chinoise ont assoupli leurs politiques hypothécaires et dévoilé des politiques de prêts commerciaux destinées à soutenir les financements consentis par les promoteurs immobiliers. Il s’agit du premier allègement officiel des politiques d’habitation par le gouvernement central depuis 2008. Les résidences secondaires représentent de 30 à 40 % des transactions en Chine, « c’est donc important », dit Mandy Chan. Avec la baisse des taux d’intérêt et les nouvelles réformes, Mandy Chan prévoit que l’immobilier rebondira.
Autre développement financier : le Conseil d’État a publié des consignes pour que les gouvernements locaux puissent faire face aux risques d’endettement. Elles comprennent une réglementation plus serrée des nouveaux emprunts. Si elles sont appliquées de façon stricte, dit Mandy Chan, ces consignes devraient améliorer la stabilité financière des gouvernements locaux et réduire le risque auquel s’expose le système financier chinois.
Une mise en œuvre active des réformes devrait aider à stimuler le sentiment général des investisseurs, dit Mandy Chan, et entraîner une éventuelle réévaluation du taux des actions chinoises à moyen et à long termes. » Le taux d’épargne élevé de 40 % à 50 % représente un potentiel de croissance futur si cette épargne peut être débloquée. « Les chinois dépensent peu, dit Mandy Chan. Une grande partie de l’argent est encore investie dans l’immobilier. Le pays doit donc continuer à encourager la consommation en innovant. Le marché des capitaux s’ouvre, et cela aboutira à l’avenir à un grand changement dans les marchés mondiaux. »