Le temps est venu pour les gouvernements d’encadrer le télétravail et de prévoir des mesures plus contraignantes pour soutenir la conciliation famille-travail.
La pandémie s’est en effet avérée un lourd fardeau pour les familles et particulièrement pour les femmes.
C’est ce que démontre une enquête menée par la Coalition pour la conciliation famille-travail-études (CCFTÉ) auprès de 1009 personnes, dont 90 % de femmes. On y apprend que sept personnes sur dix ont eu davantage de difficulté à conjuguer travail, famille et études durant la pandémie. Cette situation s’est particulièrement fait ressentir chez les parents étudiants et les familles monoparentales.
La fermeture des écoles, des services de garde et des garderies, l’accès difficile à un réseau de soutien, la pression de performance, l’impossibilité de visiter les proches et les proches aidés ainsi que le télétravail ont sévèrement miné la qualité de vie, la santé mentale et les revenus de nombreux répondants.
« On voit que les gens ont besoin de plus de mesures collectives et de mesures législatives qui vont encadrer davantage soit le télétravail, mais aussi les responsabilités familiales parce qu’on a vu pendant la pandémie comment, notamment pour les familles, cela a occasionné des défis quand même considérables, surtout chez les familles qui étaient plus vulnérables ou dans des conditions plus précaires », relate Sylvie Lévesque, porte-parole de la Coalition.
Santé mentale affectée
Un peu plus des trois quarts d’entre eux (77 %) rapportent que la pandémie a eu un impact sur leur santé mentale.
Aussi, les personnes proches aidantes disent avoir vu leurs responsabilités augmenter avec la crise sanitaire, et ce, dans une proportion de 79 %. Les proches aidants disent également, dans des proportions similaires, avoir subi des impacts négatifs sur leur santé mentale et avoir eu de la difficulté à conjuguer leurs différents rôles.
S’il a permis le maintien des activités de nombreuses entreprises, le télétravail a créé des difficultés pour de nombreux répondants qui n’avaient pas vraiment d’endroit adéquat à la maison pour s’y installer. Et pour la moitié des répondants, la scolarisation des enfants du primaire et du secondaire à la maison en même temps que le télétravail a représenté un casse-tête difficile à résoudre.
Loi-cadre sur le télétravail
La Coalition réclame notamment une loi-cadre qui mettrait des balises au télétravail, faisant valoir que même les conventions collectives ne prévoient rien à cet effet. Elle demande également que le nombre de journées rémunérées consacrées à la famille et à la proche aidance passe de deux à dix par année dans la Loi sur les normes du travail.
« La majorité des gens ne sont pas syndiqués. On a beau avoir ajouté deux journées pour la famille dans la loi en 2018, mais si ton enfant est malade et que tu dois en prendre plus, tu peux perdre ton emploi », fait valoir Sylvie Lévesque.
La pandémie a par ailleurs eu un impact financier direct sur 17 % des personnes sondées, qui disent avoir vu leur situation précarisée par la crise sanitaire.
Impact négatif plus grand sur les groupes déjà vulnérables
L’enquête a également démontré que la crise sanitaire a été très difficile pour les familles monoparentales, les étudiants, les familles recomposées, les personnes aux horaires de travail atypique, les communautés ethnoculturelles, les personnes travaillant dans les services essentiels et les femmes.
Fait à noter, les membres de communautés ethnoculturelles rapportent le plus faible pourcentage d’absence du travail en raison de symptômes liés à la COVID-19, soit 47 % contre une moyenne de 55 % pour le total de l’échantillon. Les auteurs de l’enquête croient que cela peut s’expliquer par le fait que les personnes issues de ces communautés occupent des emplois à plus faible revenu, non syndiqués, qui n’offrent pas l’option d’avoir des absences rémunérées.
Outre une loi-cadre sur le télétravail et l’ajout de huit jours de congé familial rémunérés, la Coalition demande le droit de refuser les changements d’horaire pour les proches aidants, la création de places en garderie et d’en consacrer une part importante aux parents ayant des horaires atypiques, ainsi que des investissements plus importants en santé, en services sociaux et en services de répit.
Côté méthodologie, 1009 personnes ont répondu au sondage en ligne, entre le 18 mars et le 12 avril 2021. Les femmes constituent 90 occupaient un emploi durant la pandémie, pour la majorité dans les services essentiels.