«La façon dont la Fed a pris ses décisions a généré beaucoup d’incertitude dans les marchés financiers», explique-t-il en marge d’une présentation organisée par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM). « C’est particulièrement vrai pour les pays émergents. C’est une raison pour laquelle leurs marchés boursiers ont procuré un si mauvais rendement.»
M. Fenton a parlé à Les Affaires une quinzaine de minutes avant que la Fed ait dévoilé le contenu de sa dernière réunion sur la politique monétaire. Sans surprise, la banque centrale américaine a maintenu son taux directeur dans une fourchette de 0% à 0,25%. La porte reste ouverte pour une hausse en décembre, bien qu’aucune promesse n’est faite en ce sens. Lire aussi: É-U: comme attendu, la Fed ne bouge pas.
L’ancien chef de l’analyse économique à la Banque du Canada dit avoir été surpris par les critiques qu’a soulevées l’attentisme de la Fed, qui n’a pas relevè les taux en septembre. « Honnêtement, je n’ai jamais vu des critiques de cette ampleur à l’endroit de la Fed. Le message des experts était presque unanime : la Fed a manqué une occasion de hausser les taux et en attendant, elle créé beaucoup trop d’incertitude.»
La politique monétaire de la Fed comptait parmi les nombreux sujets abordés dans le cadre d’une discussion entre M. Fenton, Stéfane Marion, de la Financière Banque Nationale et François Dupuis, du Mouvement Desjardins. De la stabilité de la zone euro à l’élection d’un gouvernement libéral majoritaire à Ottawa, le modérateur de la discussion Clément Gignac, économiste de l’Industrielle Alliance et ancien ministre du gouvernement Charest, a ratissé large.
La surprise de François Dupuis
M. Dupuis confie avoir été surpris de voir la Fed se faire autant attendre. «On avait d’abord prévu une hausse en début d’année, puis au printemps, puis en septembre, a-t-il dit devant les invités du CORIM. On parle de décembre, mais ça pourrait également aller au printemps 2016.»
Non seulement l’incertitude a lourdement plombé les marchés émergents, mais elle a eu des impacts aux États-Unis. «La hausse du dollar américain se substitue à la hausse des taux. L’appréciation de 20% à 25% du dollar équivaut à une hausse de 2% des taux. C’est pour ça qu’on voit les importations augmenter et les exportations stagner.»
Le pétrole
Le redressement des prix du pétrole pourrait cependant faire remonter un peu l’inflation au cours de la deuxième moitié de 2016, a ajouté M. Fenton. La Banque du Canada et la Fed devront vraisemblablement ajuster le tir à ce moment.
Sur ce point, Stéfane Marion croit que le baril du pétrole devrait revenir aux alentours des 60 $US. Ce serait le seuil nécessaire afin que l’Arabie saoudite cesse d’exploiter l’or noir à perte. « Au-delà de ce seuil, je suis sceptique quant au potentiel haussier du pétrole tandis que d’autres sources d’énergie viendront le concurrencer.»