La réduction du poids de la fiscalité est souvent évoquée par les gouvernements au Québec, mais en dépit de cette volonté, c’est plutôt l’inverse qui s’est observé en 2019, selon le septième bilan de Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques (CFFP) de l’Université de Sherbrooke.
Ainsi, les différents ordres de gouvernement et autres administrations publiques, comme les municipalités, ont perçu 179 milliards de dollars (G$) auprès des contribuables québécois, ce qui représente 38,9 % du produit intérieur brut (PIB) de la province. Ce portrait, publié vendredi, ne tient toutefois pas compte des effets de la pandémie de COVID-19.
Lire également : Au cœur de réformes fiscales
Cette « pression fiscale » de 38,9 %, en hausse de 0,4 point de pourcentage sur une année, plaçait la province au 11e rang parmi les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), alors que le Canada se trouvait près de la moyenne, avec un taux de 34,1 %.
« Ce qui est peut-être le plus surprenant, c’est que même si les gouvernements ont une volonté de réduire le poids de la fiscalité, notamment depuis les deux derniers budgets du gouvernement libéral précédent, on ne l’observe pas dans notre indicateur », a souligné le professeur Luc Godbout, titulaire de la chaire, au cours d’un entretien.
Le Mexique est le pays où la pression fiscale est la moins élevée (16,5 occupe la tête du classement.
À 38,9 %, le taux de pression fiscale enregistré au Québec est le plus élevé depuis 2000, a fait remarquer Luc Godbout, qui a toutefois pris soin de souligner que les règles fiscales ne s’étaient pas nécessairement alourdies.
« L’économie avait affiché une bonne performance, a-t-il dit. En moyenne, les gens ont eu des augmentations de salaire et les profits des entreprises ont été en hausse, ce qui a un effet sur les sommes prélevées. »
Sur les 179 G$ perçus en 2019, le gouvernement québécois a prélevé 49 % des recettes, suivi d’Ottawa, avec 33 %, alors que les administrations locales ainsi que le Régime des rentes du Québec ont chacun prélevé environ 9 % des sommes.
Bien que la pression fiscale soit élevée au Québec, Luc Godbout a voulu relativiser le ratio en rappelant qu’il s’accompagnait de plus de services publics.
« Moins il y a de fiscalité, plus il y a d’inégalités, a affirmé le professeur. Nous avons des revenus mieux répartis dans la société. Il y a deux ans, l’ensemble des gouvernements, dont le Québec, ont bonifié le Régime de pension du Canada et le Régime des rentes du Québec. Nos taux augmentent parce qu’on aura de meilleures prestations à notre retraite. »
De leur côté, les dépenses fiscales, qui englobent des mesures comme les différents crédits d’impôt, les exonérations et les REER, notamment, ont totalisé environ 35,8 G$ en 2019.
Pour l’année 2020, qui a été marquée par la crise sanitaire, Luc Godbout s’est montré prudent dans ses prévisions, puisqu’il y avait « beaucoup de paramètres » à évaluer.
« À priori, on serait tenté de penser qu’il (le taux de pression fiscale) serait plus élevé », a-t-il estimé.
D’après les données les plus récentes de Revenu Québec, la province comptait quelque 6,5 millions de contribuables en 2017. Environ 67 % gagnaient un salaire annuel inférieur à 50 000 $.