Gavin Ivory, spécialiste des actions mondiales à Beutel, Goodman & Co., prévient que l’histoire d’amour que nous traversons avec les actions défensives, qui a été particulièrement intense ces trois derniers mois, n’est pas nécessairement justifiée si l’on en croit les données fondamentales des sociétés.
Gestionnaire axé sur la valeur, Gavin Ivory dit que bien qu’il existe certaines occasions dans des domaines traditionnellement plus sûrs du marché des actions mondiales, comme les produits de consommation de base et les soins de la santé, « le risque à la baisse de certaines de ces actions est significatif. »
Les évaluations des actions défensives sont élevées, dit-il, et il se peut que les attentes envers la croissance des dividendes ne soient pas comblées. « Les sociétés paient déjà des dividendes historiquement élevés. »
En général, selon Gavin Ivory, « la croissance des dividendes a substantiellement ralenti, passant d’une allure vive en 2011 à un taux minimal en 2012, et cela devrait se poursuivre en 2013. »
L’Indice S&P 500, par exemple, a produit une croissance des bénéfices par action (BPA) de 18 % en 2011, « mais ce chiffre a dégringolé à seulement 2 % en 2012. » Les estimations de bénéfices anticipent une augmentation de 3 % en 2013, « et pourtant le marché des actions américaines a connu un essor fabuleux depuis le début de cette année. »
L’enthousiasme des investisseurs pour les actions versant des dividendes est, dans une grande mesure, motivé par les taux d’intérêt historiquement bas sur les titres à revenu fixe, d’après Gavin Ivory. « Cela reflète les politiques de relance de nombreuses banques centrales, la Banque du Japon étant la dernière à introduire une politique énergique d’allégement quantitatif. » Le marché boursier japonais, dit Gavin Ivory, est de loin le plus performant parmi des économies développées depuis le début de l’année.
Chez Beutel Goodman, l’équipe des actions mondiales a la responsabilité de 2,5 milliards $ en actif. Parmi les mandats de l’équipe, on trouve le Fonds concentré d’actions mondiales Beutel Goodman (dont M. Ivory est le gestionnaire principal), et le Fonds d’actions américaines Beutel Goodman .
Le Fonds concentré d’actions mondiales, qui détient 32 titres, a pour point de repère l’Indice MSCI Monde, qui est l’indice des marchés développés. À la fin du mois d’avril, le fonds avait une sous-pondération d’actions américaines, mais une surpondération d’actions de l’Europe continentale et du Royaume-Uni. Une autre position sous-pondérée était le Japon.
Gavin Ivory note que l’équipe des actions mondiales s’est orientée vers une sous-pondération aux États-Unis pour des raisons d’évaluation. « Il y avait plus de valeur à se procurer en Europe et au Royaume-Uni, dit-il. En Europe, nous mettons l’accent sur les actions de PME. »
L’équipe des actions mondiales, dit-il, trouve depuis quelque temps de la valeur dans quelques actions défensives à grande capitalisation. Un exemple de ceci dans le secteur des soins de la santé et le géant pharmaceutique américain Merck & Co. Cette action se trouve à la fois dans le Fonds concentré d’actions mondiales Beutel Goodman et dans le Fonds d’actions américaines Beutel Goodman.
L’industrie pharmaceutique mondiale se trouve à la fin d’une vague d’expirations de brevets, dit Gavin Ivory. La fin de ces difficultés se profile pour Merck, dit-il. La société a perdu la protection d’un brevet pour son médicament de soins contre l’asthme Singulair, mais elle travaille sur de nouveaux lancements de produits, dit-il.
Les marges d’exploitation de Merck et son rendement liquide du capital ont atteint leur creux en 2009 et ont rebondi énergiquement depuis. « C’est seulement maintenant que les investisseurs le reconnaissent. La société a un bilan solide et génère des flux de trésorerie robustes. » Il y a aussi la possibilité que Merck organise une scission de ses divisions consacrées à la médecine animale et aux produits de consommation. L’action se négocie à 11,3 fois les estimations de son BPA pour 2014 et a un revenu en dividendes de 4 %.
Un avoir pharmaceutique de longue date dans le Fonds concentré d’actions mondiales Beutel Goodman est la société française Sanofi. Cette action, dit Gavin Ivory, « a traversé une bonne phase et s’approche de notre prix cible, où notre discipline est de vendre le tiers de nos avoirs. » Sanofi a un certificat américain d’actions étrangères, qui se négocie à New York sous le symbole. Dans le secteur financier, un ajout récent au Fonds concentré d’actions mondiales est la société allemande Deutsche Boerse AG, un des plus gros exploitants mondiaux de bourses de valeurs et un intervenant majeur dans les marchés de produits dérivés en Europe. « Il y a des barrières élevées à l’entrée dans le domaine des bourses de valeurs, qui est essentiellement une entreprise axée sur le volume », dit Gavin Ivory.
Les faibles volumes boursiers depuis la crise financière ont, dit-il, mis pression sur les évaluations de Deutsche Boerse. L’action se négocie à 10,8 fois les estimations de son BPA pour 2014, et a un revenu en dividendes de 4,7 %. Le ratio de versement de dividendes est élevé (entre 40 % et 60 %), puisque les besoins en capitaux dans ce domaine sont faibles.
Un accroissement du volume des marchés boursiers « devrait améliorer l’évaluation de Deutsche Boerse et permettre un accroissement de ses dividendes. » Cela, dit Gavin Ivory, contraste avec certains des noms les plus défensifs, où il y a moins de latitude pour augmenter les dividendes à moyen terme.
JPMorgan Chase & Co. bénéficiera aussi d’une amélioration des volumes sur les marchés des capitaux, dit M. Ivory. Cette action est un avoir majeur à la fois dans le Fonds concentré d’actions mondiales Beutel Goodman et dans le Fonds d’actions américaines Beutel Goodman. « Les services bancaires aux particuliers de JPMorgan marchent bien. Son entreprise d’hypothèques résidentielles s’améliore avec le renforcement du marché de l’habitation. »
Dans le Fonds concentré d’actions mondiales Beutel Goodman, M. Ivory a vendu des avoirs dans HSBC Holdings PLC, qui a un certificat américain d’actions étrangères se négociant à New York sous le symbole HBC . « L’action a traversé une très bonne période et atteint notre valeur cible, et nous avons donc vendu cet avoir tout entier. » Selon lui, c’était une bonne banque à détenir au cours de la crise financière mondiale, compte tenu de la solide qualité de son crédit.
Dans le secteur des produits de consommation discrétionnaire, une société à moyenne capitalisation de pièces automobiles que M. Ivory affectionne est D’Ieteren SA. Cette société est « un chef de file mondial dans le remplacement et la réparation des vitres d’autos », dit-il. La société est un agent consolidateur dans ce domaine et « l’exploitant principal dans tous les pays où elle évolue. »
D’Ieteren travaille en étroite collaboration avec les sociétés d’assurances-dommages dans ses différents marchés, ce qui renforce sa domination sur les marchés. La société distribue aussi une vaste gamme de véhicules en Belgique, notamment ceux du groupe Volkswagen : « un générateur fantastique de flux de trésorerie pour la société ». D’Ieteren a un bilan solide. La société se négocie à un ratio C/B de 11 fois les estimations pour 2014 et a un rendement en dividendes de 2,2 %.