Le nouveau chef de la direction de la Banque Scotia a indiqué mardi que l’institution financière devait repenser sa stratégie, après avoir vu ses bénéfices reculer au plus récent trimestre en raison de coûts de financement élevés et de la croissance de ses dépenses.
Scott Thomson, qui occupe le plus haut poste de la direction depuis le 1er février, a affirmé mardi, lors d’une conférence téléphonique avec des investisseurs et des analystes financiers, que la banque examinerait les prêts qu’elle accorde, ainsi que divers moyens d’augmenter les dépôts, alors que la banque est pressée par les mêmes coûts d’emprunt élevés auxquels sont confrontés les consommateurs canadiens.
« Nous n’avons pas fourni à nos actionnaires le niveau de rendement total auquel ils devraient s’attendre de notre part », a estimé Scott Thomson lors de la conférence téléphonique.
Il a ajouté que la banque avait pour objectif de mettre à jour officiellement sa stratégie d’ici la fin de l’année civile, mais que ses principaux champs d’intérêt seraient l’augmentation du ratio de fonds propres à 12 % et une meilleure adéquation des prêts avec la croissance des dépôts.
Pour aider à accroître son ratio de fonds propres, la banque a introduit une remise de 2 % pour ses actionnaires qui augmentent leur participation en passant par son programme de réinvestissement des dividendes, comme la plupart des autres banques l’ont déjà fait.
Par ailleurs, pour ce qui est de faire grimper les dépôts, Scott Thomson a expliqué que la banque examinerait ses récompenses et mesures incitatives destinées aux employés et sa façon de communiquer avec les clients.
« Ce voyage prendra du temps et nécessitera un changement d’orientation de la façon dont nous récompensons nos employés à la façon dont nous collaborons entre nos secteurs d’activité, à la façon dont nous allouons notre capital aux clients et aux segments. »
Les banques obtiennent un financement grâce à l’argent que les consommateurs et les entreprises leur confient, ainsi qu’au financement de gros des investisseurs institutionnels. La Banque Scotia est l’une des banques canadiennes les plus dépendantes à la vente en gros, et les coûts de ce genre de financement ont grimpé à mesure que les taux d’intérêt de la banque centrale ont augmenté.
Scott Thomson a souligné que la banque chercherait à ajouter des clients et à augmenter les dépôts grâce à des programmes tels que leur programme de fidélisation Scene Plus, ainsi qu’à une plus grande attention aux petites entreprises et au côté commercial.
« Il y a une occasion pour nous d’être plus concentrés, plus délibérés, plus cohérents sur la façon dont nous allons vers les dépôts », a assuré Scott Thomson.
« Nous ne pouvons pas avoir un financement de gros d’un côté, à des coûts très élevés, puis faire croître le portefeuille de prêts à un rythme rapide avec des marges bénéficiaires dans des segments qui ne sont pas appropriés. Il y aura donc un ajustement des deux côtés, à la fois sur le du côté des dépôts et de celui de la croissance des prêts. »
Profits et revenus en baisse
La Scotia a affiché mardi un bénéfice de 1,77 milliard de dollars (G$) pour son premier trimestre, ce qui se comparait à un bénéfice de 2,74 G$ à la même période l’an dernier. Ses revenus ont légèrement chuté à 7,98 G$ au cours du trimestre, comparativement à ceux de 8,05 G$ réalisés un an plus tôt.
Les coûts de financement expliquaient une partie du recul, tandis que les dépenses ont augmenté de 6 % par rapport à l’année dernière, en raison de l’augmentation des coûts salariaux. La banque a également inscrit une charge d’impôt sur le revenu de 579 M$ liée au dividende pour la relance du Canada spécifique au secteur bancaire, que le gouvernement fédéral a introduit dans le dernier budget. Les provisions pour pertes sur créances se sont élevées à 638 M$, en hausse par rapport à une provision de 222 M$ au même trimestre l’an dernier.
Sur une base ajustée, la Scotia a engrangé un bénéfice de 1,85 $ par action, comparativement à un profit ajusté de 2,15 $ par action un an plus tôt. Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice de 2,03 $ par action, selon les estimations recueillies par la société de données sur les marchés financiers Refinitiv.
Les attentes pour le trimestre n’étaient pas élevées, mais les résultats semblaient malgré tout décevants, a souligné l’analyste John Aiken, de Barclays, la marge nette d’intérêt ayant diminué de 0,07 point de pourcentage.
« Une grande partie de la pression sur les bénéfices de Scotia est venue des pertes de son segment des entreprises, qui ont été imputées aux coûts de financement (qui restent un désavantage relatif pour Scotia) et à la baisse des gains », a-t-il écrit dans une note.
La banque a dit s’attendre à une pression continue à court terme, car les taux, en particulier aux États-Unis, pourraient encore augmenter, mais a ajouté qu’elle s’efforçait de renouveler son approche à long terme.
« Nos résultats de ce trimestre nous rappellent que si nous avons une franchise bancaire puissante, nous avons également des occasions d’amélioration, qui sont mises en évidence dans l’environnement de taux actuel », a affirmé Scott Thomson.
« Bien que je reste prudent sur nos perspectives de bénéfices à court terme, je suis convaincu que nous sortirons de cette année avec un bilan solide et des priorités actualisées », a-t-il indiqué.