Bien que les marchés boursiers se soient pour la plupart stabilisés mardi après une chute de trois jours, les professionnels de l’investissement estiment que la déroute mondiale souligne l’importance de se préparer à la volatilité.
« N’essayez pas de prédire l’évolution du marché, mais mettez en place une stratégie et préparez-vous à l’exécuter lorsque de tels événements se produisent », recommande Ashish Utarid, vice-président adjoint de la stratégie d’investissement chez IG Gestion de patrimoine à Edmonton, lors d’un entretien accordé mardi après-midi à Avdisor’s Edge.
Voici un aperçu de ce qui s’est passé au cours des derniers jours, de ce que cela pourrait signifier et de la façon dont les investisseurs devraient réagir.
Comment nous en sommes arrivés là
Le calme est revenu mardi, les actions américaines et japonaises ayant récupéré une grande partie de leurs pertes. Parallèlement, l’indice composite S&P/TSX était en baisse de 1,12 % à la clôture du marché mardi, dans le sillage de la déroute boursière mondiale de lundi, qui s’est déroulée pendant un jour férié au Canada.
L’effondrement du marché « a principalement commencé au Japon et s’est étendu à l’Amérique du Nord au cours des 72 dernières heures », explique Ashish Utarid. Il attribue ce phénomène au carry trade, où les investisseurs empruntent de l’argent sur des marchés à faibles taux d’intérêt, comme le Japon ou la Chine, pour l’investir sur des marchés offrant des taux plus élevés.
« Ainsi, les investisseurs, les fonds spéculatifs, les petits investisseurs empruntaient des yens japonais à un faible taux d’intérêt et les investissaient dans des actifs, des obligations, des actions et d’autres choses qui payaient un taux d’intérêt plus élevé. Cet arbitrage crée donc une opportunité de rendement gratuit, résume Ashish Utarid. Mais il n’y a pas de repas gratuit. »
Mais les choses ont pris un tournant lorsque la Banque du Japon a relevé ses taux d’intérêt la semaine dernière, alors que la faiblesse des données économiques américaines faisait craindre une récession dans la première économie mondiale.
Il a décrit la situation comme une boucle de rétroaction négative : « Vous vendez les actifs, vous payez le prêt, mais vous augmentez la valeur du yen, ce qui fait que votre transaction se renverse très rapidement. »
Selon lui, les marchés se sont retournés dans la nuit de dimanche à lundi. Mardi, un renversement était en cours.
« Cela ne signifie pas que le rebond sera durable. Cela signifie simplement que cette volatilité est normale », souligne Ashish Utarid.
John De Goey, gestionnaire de portefeuille chez Designed Securities à Toronto, affirme ne pas avoir été surpris par l’effondrement du marché.
« Je ne sais pas quel sera le résultat. Personne ne peut prévoir l’avenir avec fiabilité. Mais je pense qu’il y a plus de chances que ce soit le début d’une baisse importante que la plupart des gens du secteur ne sont pas prêts à reconnaître », analyse-t-il, citant les valorisations et les taux d’intérêt élevés, ainsi que des facteurs tels que le changement climatique et la géopolitique.
Répondre de manière responsable
John De Goey et Ashish Utarid estiment tous deux que les investisseurs devaient être prudents face à la volatilité des marchés, mais qu’ils ne devaient pas laisser les émotions ou les changements soudains des marchés faire dérailler leurs plans.
« Nous disons toujours qu’une correction négative de 10 % pourrait correspondre à un mardi normal sur les marchés des actions, commente Ashish Utarid. Il est tout à fait possible que cela se produise en fonction des communiqués économiques ou de la politique gouvernementale [ou] d’une élection. Tout peut influencer le sentiment des investisseurs. »
« Mais ce qui se passe ensuite, c’est la manière dont vous réagissez », précise-t-il.
Ashish Utarid recommande aux investisseurs de remettre leur allocation d’actifs « en ligne » en révisant leurs portefeuilles et en les rééquilibrant si nécessaire. Et bien qu’il puisse être tentant pour les investisseurs qui disposent d’un tas de liquidités de sauter sur une opportunité de baisse du marché, il est important de faire une pause et de réfléchir à la stratégie.
« Il n’est pas nécessaire de se précipiter sur le marché. Vous pouvez échelonner vos investissements dans le temps, comme tout investisseur discipliné, rappelle Ashish Utarid. Nous croyons qu’il faut s’en tenir à ce plan financier et ne pas réagir à chaud lorsque les marchés sont volatils. »
John De Goey pense que la déroute mondiale ne devrait pas susciter de réactions majeures de la part des investisseurs. Ils devraient plutôt s’assurer qu’ils restent cohérents avec leur plan d’investissement et leur déclaration de politique d’investissement.
« Ils ne devraient pas réagir, car ce que nous avons vu jusqu’à présent est tout à fait conforme au comportement normal des marchés, résume-t-il. Il n’y a rien de particulièrement remarquable. »
Vérifier l’optimisme
Bien que les marchés semblent reprendre leurs positions, les investisseurs ne doivent pas tomber dans le piège de l’optimisme, avertit John De Goey.
« Il n’y a rien de mal à être confiant, mais il y a des problèmes à être trop confiant », continue-t-il.
Pour obtenir des projections d’investissement réalistes, John De Goey se réfère aux lignes directrices de FP Canada en matière d’hypothèses de projection et tient compte des frais de conseil et de gestion de portefeuille pour obtenir des rendements prévisionnels.
Ashish Utarid souligne que sa société s’appuie sur une « tonne de données macroéconomiques » pour établir ses perspectives.
« Notre équipe surveille la situation macroéconomique et formule ensuite des recommandations sur l’allocation d’actifs d’un point de vue géographique. Nous laissons la sélection des titres à nos sous-conseillers et aux experts sur le terrain. »
En outre, « nous avons nos modèles qui examinent les quatre ou cinq résultats différents qui pourraient se produire — les choses restent les mêmes, ou il y a un scénario haussier ou un scénario baissier », dit Ashish Utarid. « À partir de là, nous avons des fourchettes. »