Si l’on se pose cette question, c’est parce qu’une nouvelle appréciation du dollar américain risquerait fort de faire chuter les indices boursiers en territoire négatif pour 2016, selon les analystes de Pavilion Global Markets
L’indice du dollar américain (DXY) a atteint un sommet en mars lorsqu’il a excédé le niveau de 100. Au même moment, le S&P 500 touchait 2120. Depuis, le DXY a fluctué entre 93 et 100, et le S&P 500 n’est guère allé plus haut, se permettant même une chute rapide de plus de 10% en août.
Plusieurs chroniqueurs et analystes financiers se veulent rassurants ces jours-ci, rappelant que l’histoire démontre que les premières hausses de taux d’intérêt dans un cycle de resserrement monétaire n’affectent pas généralement les marchés boursiers.
Mais la situation pourrait être différente cette fois-ci, selon les analystes de Pavilion.
Généralement, les politiques monétaires des pays du G-10 sont alignées dans la même direction, c’est-à-dire que la plupart des banques centrales resserrent leurs conditions de crédit en même temps.Mais ce ne sera pas le cas au cours des prochains mois.
Alors que la probabilité que la Fed hausse les taux d’intérêt dès décembre est maintenant supérieure à 50%, la Banque centrale européenne (BCE) s’apprête plutôt à augmenter ses achats d’obligations au cours des prochains mois, s’il faut se fier aux propos de Mario Draghi, président de la BCE. Il réaffirmait jeudi que l’organisme allait réévaluer à sa réunion de décembre le degré d’accommodation qu’elle fournit au système financier. Faut comprendre par là une détente supplémentaire, selon les experts. Cela a été conforté par les attentats survenus à Paris vendredi.
Risque pour les marchés
Selon les experts de Pavilion, si les États-Unis devaient avoir une politique monétaire divergente du reste du G-10 pour une période prolongée, le dollar américain pourrait s’apprécier de façon soutenue. Et cette appréciation risque d’avoir un effet pervers sur le S&P 500, car elle affectera négativement les bénéfices des sociétés américaine.
Cela dit, l’effet d’une hausse de taux d’intérêt sur le dollar américain serait déjà en bonne partie reflété dans le niveau actuel du DXY, croit Hendrix Vachon, économiste principal chez Desjardins et spécialiste du marché des devises. Depuis un mois, alors que les perspectives d’une hausse de taux sont réapparues, le DXY est passé de 94 à 99, souligne-t-il. «Les cartes sont en place pour un peu plus de stabilité sur le marché des devises», dit-il.
D’autres préfèreraient toutefois ne pas courir le risque. C’est le cas de Maurice Obstfeld, chef économiste du Fonds monétaire international (FMI). Il craint qu’une hausse de taux d’intérêt en décembre ne ferait qu’accroître la volatilité des marchés.
C’est également le cas de Charles Evans, président de la Réserve fédérale de Chicago, qui verrait d’un bon oeil de retarder la hausse des taux contrairement à plusieurs membres du Comité monétaire de la Fed. Ceux-ci sont plutôt en faveur d’un resserrement des conditions de crédit lors de la réunion des 15 et 16 décembre. M. Evans justifie sa prudence en disant qu’il ne croit pas que l’objectif d’inflation de 2% sera atteint de sitôt.