Alors qu’investir dans les marchés émergents est plus complexe que d’investir dans les marchés développés, cela vaut-il vraiment la peine de se risquer à ajouter une difficulté supplémentaire en filtrant ces marchés selon les principes ESG? La réponse est oui, selon un article récent de Morningstar.
Les marchés émergents sont plus risqués et volatils que les marchés développés. Il est également plus difficile d’y naviguer puisque les investisseurs sont confrontés à des différences technologiques, réglementaires et culturelles. Cependant, les occasions sont multiples sur ces marchés qui surclassent les marchés canadiens et, il faut savoir que l’alpha est encore plus grand dans les marchés émergents prenant en compte les principes ESG. L’Indice MSCI Marchés émergents Leaders ESG a surclassé d’environ 3 % son homologue non-ESG des marchés émergents pour les rendements annualisés sur cinq et 10 ans en août 2019, révèle Morningstar.
Bien qu’il faille mettre plus d’efforts pour dénicher des placements ESG dans les marchés émergents que dans les marchés développés, cela en vaut vraiment la peine, selon John Bai, chef des placements à Placements NEI. C’est là qu’on risque de trouver les sociétés les plus respectueuses des principes ESG au monde, et souvent au rabais. Ces sociétés ont des objectifs mieux définis que celles des marchés développés et ont des perspectives stables.
« Parce qu’il y a plus de variabilité dans les normes de divulgation et de prise de décisions et dans les pratiques régissant chaque marché émergent, il y a sans doute plus d’occasions pour les investisseurs d’utiliser les principes ESG pour différencier les sociétés et choisir les gagnants potentiels, explique Judy Cotte, directrice générale à ESG Global Advisors à Morningstar. C’est en partie parce que les régimes juridiques ont souvent tendance à ne pas être aussi stricts ou prescriptifs, et les sociétés qui prennent les normes ESG au sérieux peuvent avoir une compréhension bien définie de leur valeur, au lieu de les aborder du côté de la conformité. »
Où chercher les données?
L’approche ESG dans les marchés émergents est difficile car la qualité des données n’est pas aussi bonne que dans les marchés développés. Afin de trouver les occasions dans ce marché, John Bai prend ses données de sources moins traditionnelles qui tiennent mieux compte de la complexité et de la subjectivité du placement ESG.
Par exemple, les données alternatives de la Chine peuvent inclure des statistiques sur les moteurs de recherche et les offres d’emploi, et des clichés de satellites. Ce sont souvent des indices plus détaillés abordant plus directement les problèmes ESG qu’un rapport trimestriel.
Une autre bonne source d’informations ce sont les places boursières des marchés émergents. « Il est intéressant de noter que les bourses des pays émergents sont des chefs de file dans le cadre de l’initiative des bourses pour un investissement durable, dit Michelle de Cordova, directrice, ESG Global Advisors. Les places boursières des marchés émergents ont été rapides à identifier les meilleures pratiques et divulgations ESG comme moyen de développer la confiance des investisseurs locaux et mondiaux dans leurs marchés. »
Plus d’impact
En tant qu’investisseur actif, l’approche ESG dans les marchés émergents est particulièrement intéressante. Le but de ces investisseurs c’est de changer les comportements des entreprises et les sociétés plus petites des marchés émergents seront plus à même d’écouter les commentaires des investisseurs, souligne John Bai.
« La variabilité des pratiques et des divulgations ESG entre sociétés des marchés émergents fait de l’engagement des sociétés une stratégie potentiellement productive, souligne Judy Cotte, parce que les actionnaires peuvent engager les sociétés dans des discussions comparant leur rendement à ceux de leurs homologues des marchés émergents. »
Les petites sociétés ne connaissent pas toutes les attentes ESG et veulent savoir ce qui leur permettra de réussir et d’attirer davantage d’investisseurs. Elles sont donc plus ouvertes au changement et les investisseurs auront plus d’impact sur ces sociétés que sur les grandes sociétés des marchés développés.