Le 31 janvier 2020 marque la conclusion tant attendue de processus tumultueux qui a commencé le 23 juin 2016 à la suite d’un vote populaire qui a redéfini la place de la Grande-Bretagne sur la scène mondiale. Après 27 ans d’adhésion, à 23h, heure londonienne, le Royaume-Uni a quitté officiellement l’Union européenne (UE). Quelles sont les conséquences d’un tel dénouement?
D’abord dans les conséquences directes, 73 députés européens britanniques perdront leur emploi, après moins d’un an de mandat, note CBC. Pour les autres conséquences, notamment commerciales, du côté des droits des citoyens et des soins de santé, beaucoup seront reportées à la fin de la « période de transition » de 11 mois, pendant laquelle la Grande-Bretagne continue à contribuer au budget de l’UE et à être liée par les règles de l’UE.
Il est toutefois possible qu’aucun accord réglant ces questions ne soit conclu d’ici la fin 2020. En effet, ce délai, imposé par Boris Johnson, le premier ministre anglais, a été qualifié, à Bruxelles, d’insuffisant pour négocier un nouvel accord commercial.
Déjà les négociations ne se présentent pas comme une partie de plaisir. Boris Johnson vise un accord de libre-échange équivalent à celui signé entre l’UE et le Canada, sans alignement sur les règles communautaires, quitte à accepter des contrôles douaniers. Mais Bruxelles a affirmé que sans « conditions équitables » en matière d’environnement, de travail ou de fiscalité, il n’y aurait pas de « large accès au marché unique ».
Le ministre français de l’Europe estime donc que la fin 2020 sera le théâtre d’un scénario chaotique où la Grande-Bretagne quittera l’UE sans accord. Toutefois, une prolongation d’un à deux ans pourrait être conclue par les parties, à condition de la demander avant le 1er juillet 2020.
Une question frontalière épineuse
Outre la question commerciale, la question de la frontière avec l’Irlande du Nord est également épineuse. La République d’Irlande et l’Irlande du Nord partagent la seule frontière terrestre entre le Royaume-Uni et l’UE. À la suite de la période de transition, les marchandises ou personnes franchissant cette frontière seront soumises à la nouvelle réglementation, quelle qu’elle soit. Sauf que, pour le moment, les propositions ne satisfont pas les parties impliquées.
Créer une frontière rigide avec des contrôles douaniers et d’immigration semble hors de question. Cette possibilité a suscité la grogne des parties et des menaces de retour à la violence.
Boris Johnson a écarté la possibilité de négocier un dispositif de protection de la frontière qui entrerait en vigueur, empêchant une frontière dure, jusqu’à ce qu’un nouvel accord puisse être négocié. Toutefois, son nouveau protocole irlandais qui crée une frontière douanière efficace entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord, a alimenté la colère des loyalistes d’Irlande du Nord qui s’opposent à toute division avec la Grande-Bretagne.
L’Irlande du Nord n’est pas le seul territoire posant problème. L’Écosse avait voté à 60 % en faveur de l’UE. Confronté à l’obligation de quitter l’UE, un mouvement indépendantiste écossais s’est développé affirmant qu’une Écosse indépendante pourrait réintégrer l’UE.
Le premier ministre écossais Nicola Sturgeon a remporté un vote symbolique auprès de l’Assemblée législative écossaise, exigeant que le premier ministre anglais convoque un second référendum sur l’indépendance. Ce dernier refuse catégoriquement une telle possibilité
Nicola Sturgeon s’est toutefois dit prêt à lutter contre le refus de Londres d’autoriser un référendum sur le sujet. Pour le prouver, même après la déclaration officielle du Brexit, un drapeau de l’UE continue de flotter au Parlement écossais, révèle La Presse.
Et le Canada là-dedans?
Alors que l’accord commercial entre l’Europe et le Canada est entré en vigueur en 2017 après sept ans de négociation, il est temps de revenir à la planche à dessin pour créer un nouvel arrangement qui régira le commerce avec la Grande-Bretagne.
Mais cette fois, pas le temps de traîner. Le Canada devra conclure un nouvel accord avant la fin de la transition s’il ne veut pas perdre son troisième partenaire commercial, avec lequel il procède à un échange bilatéral annuel de près de 30 milliards de dollars de marchandises, prévient CBC.
Un futur houleux pour la Bourse de Londres
Secouée par le Brexit et le Coronavirus, l’indice londonien, le FTSE 100, a perdu 4 % en une semaine, note La Presse. Si rien ne change concrètement pour les marchés financiers, pour le moment, la Grande-Bretagne se lance dans l’inconnu.
La période de transition sera marquée par de difficiles négociations commerciales pour définir la relation commerciale de long terme avec l’UE, ce qui aura certainement un impact sur les marchés boursiers.
Les investisseurs devront rester à l’écoute pour en savoir plus sur la stratégie du premier ministre Boris Johnson, qu’il devrait dévoiler cette semaine.
Toutefois, la d’Angleterre a déjà baissé sa prévision de croissance pour 2020, désormais attendue à 0,8 %. Cette croissance sera la plus faible depuis 2009.