Poussé par la volonté des gouvernements de réduire leurs émissions de carbone, le marché des obligations vertes au Canada, à l’instar de la situation observée ailleurs dans le monde, connait une forte croissance. En 2018, on comptait environ 1543 émissions d’obligations vertes dans le monde, pour un montant total de 167,6 milliards de dollars américains (G$ US), en hausse de 3,4 % sur 12 mois, selon les statistiques de la Climate Bonds Initiative (CBI) rapportées par l’Association canadienne du commerce des valeurs mobilières (ACCVM).
Cette offre d’obligations vertes provient d’un large éventail d’émetteurs situés essentiellement en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. Au niveau des émetteurs en eux-mêmes, on retrouve principalement les banques de développement internationales. Celles-ci sont apparues sur le marché des obligations vertes en 2007 avec une offre de la Banque européenne d’investissement, depuis elles figurent parmi les plus grands émetteurs d’obligations au monde. Ces dernières années, ces banques sont également devenues des investisseurs.
Toutefois, d’autres types d’émetteurs sont tranquillement apparus. On peut ainsi noter la présence toujours plus prononcée d’entités gouvernementales, de sociétés et d’institutions financières. Ces émetteurs ont fait leur apparition sur le marché en réponse à la forte demande des investisseurs institutionnels.
Et le Canada ?
Le Canada est encore un acteur relativement petit dans l’émission d’obligations vertes, les émetteurs dominants étant les États-Unis, la Chine et la France.
Jusqu’à récemment, au Canada, les obligations vertes étaient, en grande partie, émises par le secteur public. Cela différencie ce pays des marchés internationaux où de nombreuses émissions proviennent aujourd’hui d’entreprises. Une autre caractéristique du marché canadien, c’est la durée des obligations. Celle-ci est plus courte que la durée moyenne des obligations vertes sur les marchés mondiaux. L’ACCVM estime toutefois que la durée jusqu’à l’échéance des émissions devrait s’allonger avec le temps.
À ce jour, les plus grands émetteurs canadiens au niveau des placements nationaux et internationaux en 2019 sont :
- La Banque Royale du Canada qui a lancé une obligation sur 5 ans de 500 millions d’euros
- La Province de Québec avec une obligation également sur 5 ans, mais de 800 millions de dollars canadiens.
- L’Office d’investissement du régime des pensions du Canada avec une obligation sur 10 ans de 1 milliard d’euros. Il s’agit de la deuxième émission de ce fonds de pension qui est pour le moment le seul fonds de pension au pays à avoir émis une obligation verte.
- Algonquin Power Co. et Ontario Power Generation Inc. ont émis des émissions de, respectivement, 300 M$ CA et 500 M$, mais celles-ci ont été complétées.
Pour le moment, la province de l’Ontario continue de diriger les autres émetteurs pour ce qui est des émissions d’obligations vertes au pays, mais d’autres émetteurs sont en train de combler l’écart.
Perspectives de croissance
Compte tenu des émissions faites à ce jour, l’ACCVM pense qu’il est très probable que les émissions totales en 2019 dépassent les 200 milliards de dollars américains. L’association souligne toutefois que ces estimations sont soumises aux évolutions des marchés clés qui peuvent influer considérablement sur l’offre et la demande. L’émission d’obligations vertes dépend du marché local, notamment des taux d’emprunt, de la liquidité du marché, de l’appétit des investisseurs, des facteurs réglementaires et de la priorité accordée à l’investissement socialement responsable.
L’ACCVM estime que dans le futur, l’opportunité d’émettre davantage de titres de sociétés et de municipalités au Canada pourrait être envisagée, en raison de l’intérêt élevé des investisseurs socialement responsables.
Des provinces autres que l’Ontario et le Québec et diverses municipalités évaluent actuellement le marché des obligations afin de financer des projets respectueux de l’environnement. Les sociétés et les fonds de pension font également leur entrée sur le marché intérieur à titre d’émetteur. Cette évolution devrait se poursuivre et même s’accélérer en raison de l’accueil favorable des investisseurs et de la compétitivité des prix des obligations vertes.
Au niveau des secteurs privilégiés par les obligations vertes, les bâtiments à carbone zéro (norme) occupent toujours la plus grande part des fonds d’obligations vertes. Mais on voit déjà de plus en plus de projets liés au transport et aux énergies. Et à l’avenir, un éventail encore plus large de projets sera financé par les obligations vertes. L’ACCVM estime ainsi que les investissements dans les déchets et l’utilisation des sols pourraient augmenter.