Devenir propriétaire est considéré depuis longtemps comme un moyen de s’assurer une certaine stabilité financière et de construire une base solide pour la retraite. En effet, la grande majorité des Canadiens (78 %) pensent cela, révèle un récent sondage de KPMG. Mais, contrairement aux générations précédentes, les milléniaux ne peuvent plus s’acheter aussi facilement une maison ou sont ensuite empêtrés dans les dettes hypothécaires qui assombrissent leur avenir financier.
« L’avenir financier des milléniaux s’annonce largement différent de celui des générations précédentes. Malgré leurs diplômes et leurs revenus plus élevés, ils sont confrontés à des enjeux encore jamais vus quand il est question de bâtir leur patrimoine, notamment en raison du coût très élevé des maisons », affirme Martin Joyce, associé et leader national du groupe Service à la personne et services sociaux chez KPMG.
Seuls 54 % des membres de la génération Y auront les moyens d’accéder à la propriété, contre 70,1 % des Canadiens de 35 à 54 ans et 76,3 % des Canadiens de 55 à 64 ans en 2016, selon les chiffres de Statistiques Canada.
Une ombre sur la retraite
Si la moitié des milléniaux estiment pouvoir devenir propriétaires, une grande majorité (65 %) craint de ne pas avoir assez d’économies à la retraite s’ils achètent une maison. Il faut savoir que nombre d’entre eux (42 %) reportent leur épargne-retraite à plus tard afin de réduire leur dette hypothécaire.
De plus, deux sondés sur cinq craignent de ne pas pouvoir revendre leur maison au même prix que celui auquel ils l’auront achetée.
« Nous constatons aujourd’hui que les milléniaux ont un choix à faire que n’ont jamais eu leurs parents. Soit ils achèteront une maison, soit ils épargneront pour la retraite. L’accès à la propriété entraîne un important endettement en raison du prix très élevé des maisons par rapport aux revenus, et cela réduit la capacité d’épargne des milléniaux. Si la plupart d’entre eux estiment que l’accès à la propriété représente un investissement favorable à la stabilité financière, ils craignent toutefois que leur maison perde de sa valeur à l’avenir », note Martin Joyce.
Une retraite différente
Les milléniaux ont pourtant généralement un meilleur revenu que leurs parents, entre autres parce qu’ils font partie de la génération la plus instruite de l’histoire. Mais ceux qui ont eu l’occasion d’acheter une maison sont bien plus endettés que l’étaient leurs parents dans la même situation. Leur ratio d’endettement serait ainsi de 216 %, soit 2,16 $ de dette par dollar de revenu disponible, selon Statistique Canada.
Ainsi, les membres de la génération Y imaginent que la retraite en 2050 sera différente de celle d’aujourd’hui. Une grande majorité d’entre eux (77 %) pense que l’épargne-retraite accusera « d’importants déficits ». De ce fait, la plupart estiment que l’âge de la retraite dépassera les 65 ans et que, pour éviter cette situation, le gouvernement devrait jouer un plus grand rôle pour tenter de répondre aux besoins futurs des Canadiens en matière de retraite.
« Nous craignons que les milléniaux ne soient pas en mesure de prendre leur retraite comme les générations qui les ont précédés l’ont été. Divers facteurs nuisent à leur capacité d’accumuler davantage de richesse et suscitent des appels en faveur d’une réforme gouvernementale », Martin Joyce.