Le taux d’inflation du Canada a probablement encore baissé le mois dernier, mais puisque de nombreux Canadiens restent aux prises avec le coût élevé de la vie, le gouvernement du Canada fait face à des pressions pour fournir plus d’aide dans son prochain budget.
Statistique Canada doit publier mardi prochain son rapport sur l’Indice des prix à la consommation (IPC) de février, avant le dépôt du budget du gouvernement fédéral à la Chambre des communes, le 28 mars.
Le Mouvement Desjardins et la Banque Royale (RBC) prévoient tous deux que le taux d’inflation est tombé à 5,4 % le mois dernier, alors qu’il avait été de 5,9 % en janvier.
Mais même si l’inflation diminue, le gouvernement fédéral a signalé que le budget comprendra des mesures devant aider les Canadiens qui sont toujours aux prises avec le coût de la vie.
Selon l’économiste en chef de Desjardins, Jimmy Jean, tous les regards sont tournés vers Ottawa pour équilibrer les priorités pour rendre la vie plus abordable avec les restrictions budgétaires.
La Banque du Canada s’est concentrée sur la réduction de l’inflation à sa cible de 2 %. Son cycle agressif de hausse des taux d’intérêt au cours de la dernière année commence à ralentir l’économie en obligeant les particuliers et les entreprises à réduire leurs dépenses.
Alors que l’économie ralentit, des observateurs craignent que des mesures excessives ou non ciblées du gouvernement fédéral ne nuisent aux efforts de la banque centrale et ne l’obligent à augmenter encore plus les taux d’intérêt.
La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a répété à maintes reprises qu’elle s’engage à appliquer des restrictions budgétaires et à veiller à ce que le gouvernement fédéral ne complique pas le travail de la Banque du Canada. Mais le gouvernement libéral subit aussi des pressions de la part de l’opposition du Nouveau Parti démocratique (NPD) pour continuer à soutenir les Canadiens à faibles revenus qui sont les plus durement touchés par l’inflation.
Le chef du NPD, Jagmeet Singh, souhaite que le gouvernement prolonge l’augmentation de six mois du remboursement de la taxe sur les produits et services (TPS), introduite l’automne dernier, qui a temporairement doublé le montant que les gens ont reçu.
Lors d’une conférence de presse tenue mercredi, le premier ministre Justin Trudeau n’a pas précisé si son gouvernement prolongerait le remboursement, mais a déclaré que le budget comprendrait des mesures d’abordabilité. « Dans notre budget, nous allons proposer des mesures qui aideront directement les Canadiens », a-t-il assuré.
L’inflation est devenue une préoccupation politique et économique majeure au Canada après une forte hausse des prix l’année dernière, due en partie à l’invasion militaire russe en Ukraine et les ruptures de chaînes d’approvisionnement. Mais depuis qu’il a culminé à 8,1 % l’été dernier, le taux d’inflation au Canada n’a cessé de baisser alors que les pressions mondiales sur l’inflation s’atténuent et que les taux d’intérêt élevés pèsent sur l’économie.
Jimmy Jean croit que le déclin des prix de l’essence le mois dernier a probablement fait baisser davantage le taux d’inflation global. D’autres composantes de l’IPC, comme les prix des aliments, n’ont pas beaucoup diminué. Les prix des produits d’épicerie en janvier étaient de 11,4 % plus élevés qu’il y a un an.
L’économiste de la Banque Royale, Carrie Freestone, soutient que les entreprises, y compris les épiciers, ont pu répercuter les coûts supplémentaires auxquels elles sont confrontées des fournisseurs aux consommateurs. Mais les prix des produits alimentaires devraient encore baisser à mesure que la baisse des prix des produits agricoles se répercutera sur la chaîne d’approvisionnement. « Cela semble juste prendre un peu de temps », précise-t-elle.
La Banque du Canada maintient actuellement son taux d’intérêt directeur à 4,5 %, espérant que l’inflation diminuera sans qu’il soit nécessaire de hausser davantage les taux. Elle prévoit que l’inflation tombera à environ 3 % d’ici le milieu de l’année.
« Tant que l’inflation continuera à baisser comme nous le prévoyons ? (la Banque du Canada) restera probablement sur la touche », selon Carrie Freestone.
Pour les travailleurs qui n’ont pas vu leurs salaires suivre l’inflation, la hausse rapide a été particulièrement éprouvante. Mais à mesure que l’inflation ralentit, l’écart entre les deux se réduit.
En février, le salaire horaire moyen a augmenté de 5,4 %, ce qui correspond aux prévisions d’inflation.
La Banque du Canada a déclaré que la croissance constante des salaires rendrait difficile le retour à la cible d’inflation de 2 %.
Jimmy Jean pense que pour les travailleurs, le rétrécissement de l’écart entre l’inflation et la croissance des salaires est une bonne nouvelle, mais ne compense pas ce qu’ils ont perdu. « Nous ne parlons pas ici de rattraper les deux dernières années de croissance des salaires sans suivre le rythme de l’inflation, mais juste de cesser l’hémorragie. »