Les étudiants sont confrontés à un marché de l’emploi particulièrement difficile cet été, observe Statistique Canada, tandis que les nouveaux immigrants sont touchés de manière disproportionnée par le ralentissement du marché du travail dans son ensemble.
C’est ce qu’a soulevé l’agence fédérale vendredi matin dans sa plus récente enquête sur la population active, dans laquelle on apprend également que le taux de chômage est resté stable à 6,4 % le mois dernier au pays, alors que l’économie a perdu un modeste 2800 emplois.
Au Québec, l’emploi est aussi demeuré pratiquement inchangé et le taux de chômage s’est maintenu à 5,7 %.
Cependant, le taux d’emploi, qui mesure la part de la population âgée de 15 ans et plus qui a un emploi, a légèrement baissé à l’échelle nationale, puisque moins de personnes étaient à la recherche d’un emploi.
« Pour un deuxième mois consécutif, l’emploi au Canada est resté essentiellement inchangé, décevant les attentes d’une modeste augmentation de 25 000 emplois », a écrit l’économiste principale à la Banque TD, Leslie Preston, dans une note destinée aux clients de l’institution.
Dans un contexte où la Banque du Canada a maintenu son taux d’intérêt directeur à des niveaux élevés, le taux de chômage a grimpé de 0,9 point de pourcentage au cours de la dernière année.
Les plus récentes données suggèrent toutefois que les jeunes et les nouveaux immigrants ont été parmi les plus touchés par la détérioration des conditions du marché de l’emploi.
Chez les étudiants âgés de 15 à 24 ans qui retourneront aux études à l’automne, 51,3 % avaient un emploi en juillet, soit une baisse stupéfiante de 6,8 points de pourcentage par rapport à l’année dernière.
Selon Statistique Canada, il s’agit du plus faible taux pour cette catégorie de travailleurs depuis juillet 1997, à l’exception de juillet 2020, soit pendant la pandémie de COVID-19.
Le ralentissement du marché du travail a également été ressenti par les immigrants récents, dont le taux de chômage a grimpé de 3,1 points de pourcentage sur une base annuelle, pour atteindre 12,6 % en juillet.
En comparaison, le taux de chômage des personnes nées au Canada a augmenté de 0,5 point de pourcentage au cours de la même période, pour atteindre 5,6 % le mois dernier.
Et chez les jeunes immigrants récents, le taux de chômage s’est établi à 22,8 %, soit une augmentation de 8,6 points de pourcentage par rapport à l’année dernière.
Des données qui inquiètent
Le ralentissement du marché du travail ne semble toutefois pas affecter la croissance des salaires, puisque le salaire horaire moyen a continué de croître à un rythme soutenu, augmentant de 5,2 % par rapport à l’année dernière en juillet.
La Banque du Canada a néanmoins reconnu qu’elle est de plus en plus préoccupée par les conditions du marché du travail.
Son gouverneur, Tiff Macklem, a affirmé il y a quelques semaines que la décision de la banque centrale de réduire à nouveau son taux d’intérêt directeur était motivée en partie par une volonté de stimuler la croissance économique.
Le résumé des délibérations de la Banque du Canada, publié plus tôt cette semaine, suggère que certains membres du conseil de direction craignent qu’une nouvelle détérioration du marché du travail ne freine ce processus.
« Le compte-rendu de la décision de politique monétaire de la Banque du Canada du mois dernier a mis en évidence une inquiétude croissante concernant l’état du marché du travail, et les données d’aujourd’hui ne contribueront guère à apaiser ces inquiétudes, même si le taux de chômage reste stable », a écrit Andrew Grantham, économiste principal à la CIBC.
Andrew Grantham a noté que la CIBC s’attend à trois autres baisses de taux d’intérêt cette année, soit une lors de chaque décision prévue au calendrier.