La Banque du Canada devrait maintenir son taux d’intérêt directeur cette semaine alors que l’inflation continue de ralentir, malgré d’autres données suggérant que l’économie est toujours effervescente.
La banque centrale devrait annoncer mercredi sa prochaine décision sur le taux cible du financement à un jour. L’annonce sera accompagnée de projections économiques actualisées sur la croissance et l’inflation dans le rapport trimestriel sur la politique monétaire.
L’économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, souligne que bien que l’économie croisse plus rapidement que prévu, une inflation plus faible que prévu convaincra la Banque du Canada de maintenir son taux directeur à 4,5 %.
« Lorsque nous combinons toutes ces choses ensemble, il semble certainement que la banque (centrale) est susceptible de maintenir les taux stables pour l’instant », affirme Douglas Porter.
Depuis des mois, les données économiques sur lesquelles s’appuie la Banque du Canada pour ses décisions en matière de taux directeur envoient des signaux mitigés sur l’état de l’économie.
Jusqu’à présent cette année, la croissance et les chiffres de l’emploi sont plus solides que prévu, même si le taux directeur de la Banque du Canada se situe à son plus haut niveau depuis 2007.
Après s’être légèrement contracté en décembre, le produit intérieur brut réel a augmenté de 0,5 % en janvier. L’estimation provisoire de Statistique Canada suggère qu’il a de nouveau augmenté de 0,3 % en février.
La directrice générale de l’économie de la CIBC, Karyne Charbonneau, affirme qu’un examen plus approfondi des chiffres de la croissance économique montre cependant qu’il n’y a peut-être pas trop de raisons de s’inquiéter.
« Une partie de la force que nous voyons dans le PIB semble être le dénouement de certaines perturbations de l’approvisionnement, ce qui est en fait une bonne chose pour l’inflation », explique Karyne Charbonneau.
Pendant ce temps, les entreprises continuent d’embaucher. En mars, quelque 35000 emplois se sont ajoutés au Canada, portant le nombre total d’emplois gagnés au cours des six derniers mois à près de 350000.
Le taux de chômage est également resté stable à 5 % pour le quatrième mois consécutif. C’est juste au-dessus du creux historique de 4,9 % atteint cet été.
Bien que cette vigueur continue de l’économie ne corresponde pas nécessairement à ce que souhaite la Banque du Canada, la baisse de l’inflation est une bonne nouvelle.
En février, le taux d’inflation annuel du Canada est tombé à 5,2 %, marquant le deuxième mois consécutif que l’inflation était inférieure aux prévisions. Le ralentissement de l’inflation globale intervient alors que les chaînes d’approvisionnement se redressent et que les prix des matières premières se modèrent.
Les données mensuelles sur l’inflation montrent que l’inflation se rapproche en fait beaucoup plus de la cible d’inflation de 2 % de la Banque du Canada.
Étant donné que la hausse rapide des prix s’est produite en grande partie au cours de la première moitié de 2022, le taux d’inflation au Canada devrait chuter considérablement en 2023, la plupart des économistes prévoyant qu’il tombera à environ 3 % d’ici le milieu de l’année.
Tant que l’inflation continuera de baisser comme prévu, la Banque du Canada n’envisage pas de hausser davantage son taux directeur, qui influe sur de nombreux taux d’intérêt. Une pause conditionnelle sur les hausses de taux a été décrétée plus tôt cette année, tout en gardant la porte ouverte à d’autres augmentations si nécessaire.
La Banque du Canada semble prudemment optimiste que ses hausses de taux agressives entre mars 2022 et janvier 2023, qui ont vu son taux directeur passer de près de zéro à son plus haut niveau depuis 2007, seront suffisamment puissantes pour étouffer l’inflation.
L’effet de la hausse du taux directeur, qui peut prendre jusqu’à deux ans pour se faire pleinement sentir dans l’économie, devrait continuer à s’étendre dans l’économie et entraver la croissance.
De récents sondages menés par la Banque du Canada montrent également que les consommateurs et les entreprises se préparent à un ralentissement. Les consommateurs ont signalé qu’ils prévoyaient de réduire leurs voyages et leurs sorties au restaurant pour économiser de l’argent. Pendant ce temps, les entreprises s’attendent à ce que leurs ventes ralentissent.
Et bien que les pénuries de main-d’œuvre soient toujours une préoccupation majeure pour les entreprises, l’enquête a révélé des signes de ralentissement de la croissance du marché du travail et des salaires.
« Les résultats de l’enquête montrent en fait que les hausses de taux directeur fonctionnent, indique Karyne Charbonneau. Je pense que tout cela est encourageant. »