Mais tout d’abord, voici quelques faits pour mettre les choses en perspective. Ils sont tirés de L’effet 11 septembre: 15 ans après, un collectif publié par la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
– Depuis 2012, on note une recrudescence des attentats terroristes sur la planète. Ce phénomène tient en grande partie au retour des talibans en Afghanistan et à la guerre intra-étatique en Irak qui éclatée à la suite du retrait graduel des troupes américaines et alliées dans la région.
– le terrorisme fait beaucoup plus de morts, en grande partie en raison de la hausse des attentats-suicides.- De manière globale, l’Afghanistan, l’Irak et le Pakistan ont été le théâtre de près de la moitié (48%) des attentats commis dans le monde depuis 15 ans.
– En Amérique du Nord, le terrorisme est relativement stable depuis le 11 septembre 2001.
– Malgré les attentats de Paris (novembre 2015) et de Bruxelles (mars 2016), l’Europe est loin de vivre la «période noire» des années 1970 et 1980.
Bref, malgré l’impression que peuvent en donner certains médias, le terrorisme n’est pas en train de faire tache d’huile aux quatre coins du monde.
«L’augmentation du phénomène terroriste est largement circonscrite au Moyen-Orient, à l’Afrique subsaharienne et à l’Asie du Sud», font remarquer les analystes de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques.Quelle conclusion peut-on en tirer?
Qu’à moins d’investir directement dans ces régions instables (Moyen-Orient, Afrique subsaharienne et Asie du Sud), la plupart des investisseurs sont relativement peu exposés au terrorisme.
Du reste, les investisseurs qui sont exposés à ces régions critiques ressentent relativement peu l’impact financier du terrorisme sur leur portefeuille, montrent différentes données et analyses.
Par exemple, comme on peut le constater sur les cartes, l’Inde figure parmi les pays touchés régulièrement par des attentats en Asie du Sud.
Or, depuis 5 ans, l’un des indices phares de la Bourse indienne (le S&P BSE Sensex) s’est apprécié de 71%. Une performance qui est plus dynamique, entre autres, que le FTSE (30%) au Royaume-Uni ou le CAC 40 (51%) en France.
Bien entendu, cette comparaison est imparfaite, car d’autres facteurs sont à considérer comme le rythme de croissance économique, qui est beaucoup plus élevé en Inde comparativement au Royaume-Uni et à la France.
Cela dit, si les attentats perpétrés en Inde étaient si dommageables pour la Bourse, on le verrait certainement davantage dans l’évolution du S&P BSE Sensex.
D’autres situations vécues ailleurs dans le monde confirment que les attentats terroristes ont relativement peu d’impact sur les marchés boursiers.
Le cas du 11 septembre 2001 aux États-Unis est d’ailleurs éloquent.
Après l’effondrement des tours jumelles du World Trade Center, les Bourses américaines sont demeurées fermées pendant quatre jours. À la réouverture, le 17 septembre, le Dow Jones chutait de 7,1%, tandis que le S&P 500 perdait 5%.
À son niveau le plus bas niveau post-attentat, le S&P 500 avait même dégringolé de 13,5%.
Or, à la fin de 2001, non seulement l’indice avait-il récupéré ses pertes, mais il s’était aussi apprécié de 5,1% par rapport à la fermeture du marché, le 10 septembre.
En fait, les analystes ont noté le même modèle ou «pattern» à la suite des attentats de Madrid (le 11 mars 2004), de Londres (le 7 juillet 2005) ou de Mumbai, en Inde (le 26 novembre 2008), selon le site d’information et d’éducation financière Investopedia.
À la fin de chacune de ces années, les indices phares des Bourses britannique, espagnole et indienne ont terminé en force, et ce, à des niveaux bien plus élevés que ceux enregistrés le jour avant l’attaque.
Bref, si les attentats terroristes ont un impact à court terme sur la Bourse, les pertes sont rapidement comblées à moyen et à long terme.
D’autres statistiques permettent aussi de relativiser le risque terroriste auquel les investisseurs sont exposés dans les pays occidentaux.
Ainsi, à l’exclusion des attentats du 11 septembre 2001, seulement 0,5% des décès liés au terrorisme dans le monde entre 2000 et 2015 ont eu lieu en Occident, selon le Global Terrorism Index 2015, publié par l’Institute for Economics & Peace.
Et ce pourcentage grimpe à 2,6% si on inclut les victimes aux États-Unis il y a 15 ans.
Le terrorisme est terrible, car il tue, blesse et brise des vies, sans parler des coûts économiques tels que la reconstruction ou la réduction des ventes dans certaines industries, le tourisme au premier chef.
En revanche, sur une stricte base d’analyse du risque politique pour les investisseurs, le terrorisme a beaucoup moins d’impact qu’il n’y paraît à première vue.
C’est l’une des leçons à tirer des tragiques attentats du 11 septembre 2001.