Les détails, cependant, étaient moins encourageants, ont souligné de nombreux experts.
L’économie a progressé à un rythme annualisé de 3,7 % au deuxième trimestre, essentiellement grâce à un rebond de 3,7 % des exportations de biens et à une baisse de 1,0 % des volumes d’importations.
Aux yeux de nombreux analystes, la stimulation attribuable au commerce de marchandises était probablement un facteur temporaire, en particulier en cette période de dégradation de la conjoncture économique mondiale.
« Cela n’est manifestement pas durable pour l’avenir, même si l’on ne prend pas en compte les obstacles extérieurs de plus en plus importants attribuables à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, à l’incertitude liée au Brexit et au ralentissement de la croissance mondiale », a noté Nathan Janzen, économiste principal chez Recherche économique RBC.
« Mais, je pense que, dans l’ensemble, on peut toujours dire que l’économie semble s’être bien comportée au cours de la première moitié de l’année. »
Dans l’ensemble, les données ont montré un redressement solide pour une économie sortant de sa plus faible croissance pour deux trimestres consécutifs depuis 2015. Elles ont également marqué le rythme de croissance le plus rapide enregistré par l’économie canadienne depuis la lecture de 4,4 % du deuxième trimestre de 2017.
Les exportations de produits énergétiques ont augmenté de 5,9 % après avoir diminué de 3,0 % au premier trimestre. De leur côté, celles de produits agricoles et de la pêche ont avancé de 15,2 %, après s’être contractées de 8,4 % et celles des minéraux non métalliques ont connu leur meilleur trimestre en près de trois ans, avec une hausse de 19 %.
La progression du PIB a aussi été appuyée par une baisse d’un pour cent des volumes d’importations, comparativement à une augmentation de 2,1 % au deuxième trimestre.
Les prévisions indiquaient un rebond plus modeste après une brusque décélération de l’économie hivernale causée en grande partie par une forte baisse des prix du pétrole.
Les experts s’attendaient à un modeste rebond pour le Canada après la faible croissance du premier trimestre, qui a été révisée à la hausse à 0,5 %. Ce ralentissement avait été attribué en grande partie à une forte baisse des cours du pétrole brut.
Les économistes misaient sur une croissance annualisée de trois pour cent pour le deuxième trimestre, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.
Plus tôt cet été, la Banque du Canada avait prédit que le redressement du deuxième trimestre se traduirait par une croissance de 2,3 %.
Baisse des taux en octobre?
À l’extérieur du Canada, il y a de plus en plus de preuves d’un ralentissement de la croissance mondiale, principalement en raison de l’intensification de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. La banque centrale sera contrainte de prendre en compte les préoccupations liées au commerce mercredi prochain, lors de sa nouvelle annonce sur les taux d’intérêt.
« Pour la (Banque du Canada), l’énorme trimestre est bien au-dessus de ses prévisions, mais les risques pour les perspectives restent négatifs », a écrit Benjamin Reitzes, de BMO Marchés des capitaux, dans un rapport.
« Compte tenu des détails du rapport et de la chute de la demande intérieure au cours de trois des quatre derniers trimestres, la banque restera probablement plus prudente la semaine prochaine. »
Les perspectives de l’environnement mondial se sont assombries depuis les derniers commentaires publics de la banque centrale au début du mois de juillet. À l’époque, elle soulignait la résilience de l’économie nationale et ne semblait pas pressée d’adapter sa politique, même si d’autres banques centrales étaient sur le point de baisser les taux en réponse à la dégradation des perspectives.
« Décidément, cela ne dissipera en rien les inquiétudes quant à la dégradation de la croissance externe », a estimé M. Janzen à propos du rapport sur le PIB vendredi.
Il a ajouté que la Banque Royale ne s’attendait toujours pas à ce que le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, réduise ses taux d’intérêt la semaine prochaine, mais qu’il semblait de plus en plus possible qu’une réduction ait lieu dans les mois à venir.
Stephen Brown, économiste principal pour le Canada chez Capital Economics, a écrit vendredi dans une note de recherche que, compte tenu des risques à la baisse, il maintenait sa prévision précédente, à savoir que M. Poloz abaissera les taux d’intérêt en octobre. M. Brown a estimé que la hausse du PIB au deuxième trimestre était soutenue par « des facteurs temporaires ».
Selon le rapport de Statistique Canada, l’investissement dans le logement a augmenté de 1,4 % après cinq trimestres consécutifs de baisse. Les investissements des entreprises ont diminué de 4,3 % après avoir pris 3,4 % au cours des trois premiers mois de 2019, tandis que les dépenses des ménages ont ralenti à 0,1 %, en baisse par rapport à leur croissance de 0,7 % du trimestre précédent.
D’un mois à l’autre, l’économie a crû de 0,2 % en juin, enregistrant un quatrième mois consécutif de croissance au Canada, a précisé l’agence fédérale. Le parcours des Raptors de Toronto dans les séries éliminatoires du championnat de la NBA, que l’équipe a remporté, a coïncidé avec la croissance des restaurants, des bars et de la catégorie des magasins d’articles de sport, d’articles de passe-temps, de livres et de musique.