L’économie canadienne s’est contractée au troisième trimestre, la hausse des taux d’intérêt ayant pesé sur les dépenses des consommateurs et des entreprises, mais elle est parvenue jusqu’à présent à éviter une récession après une importante révision à la hausse des chiffres du produit intérieur brut (PIB) du deuxième trimestre.
Statistique Canada a publié le 30 novembre son rapport sur le produit intérieur brut, qui montre que l’économie a reculé de 1,1 % sur une base annualisée.
L’organisme a également revu à la hausse les chiffres du PIB réel du deuxième trimestre, notant que l’économie ne s’est pas contractée, mais qu’elle a plutôt progressé de 1,4 % sur une base annuelle.
Bien que la baisse enregistrée au troisième trimestre ait été compensée par la croissance du deuxième trimestre, les économistes qui ont réagi à ces nouvelles données estiment que la tendance est claire : l’économie vacille.
« Le tableau d’ensemble est que l’économie canadienne a du mal à croître, tout en réussissant à garder la tête hors des eaux de la récession », a écrit l’économiste en chef de BMO, Douglas Porter, dans une note à l’intention des clients.
L’agence fédérale indique qu’une diminution des exportations internationales et un ralentissement de l’accumulation des stocks par les entreprises ont été partiellement compensés par des augmentations des dépenses publiques et des investissements dans le secteur du logement au troisième trimestre.
Elle souligne également que la construction de nouveaux logements a augmenté au cours du trimestre pour la première fois depuis le début de 2022, grâce à la construction d’appartements.
Les conséquences des hausses de taux
Les hausses de taux d’intérêt de la Banque du Canada ont exercé une pression sur les dépenses des consommateurs et des entreprises, qui doivent faire face à des coûts d’emprunt plus élevés.
Le rapport du 30 novembre montre que les dépenses de consommation restent stables pour le deuxième trimestre consécutif.
Les ménages épargnent davantage, leur revenu disponible ayant dépassé l’augmentation des dépenses nominales.
Le rapport indique que les transferts gouvernementaux, notamment le doublement du remboursement de la taxe sur les produits et services (TPS) au cours de l’été, ont soutenu les revenus alors que le marché du travail s’affaiblissait.
Dans le même temps, les investissements en capital des entreprises ont chuté de 2 % au troisième trimestre.
James Orlando, directeur de l’économie du Groupe Banque TD, a noté que des facteurs ponctuels ont affecté l’économie au troisième trimestre, tels que la grève des ports de la Colombie-Britannique et les incendies de forêt généralisés.
« Une partie de la faiblesse observée au cours de l’été semble rebondir quelque peu », a souligné James Orlando.
L’estimation préliminaire de Statistique Canada pour le PIB réel en octobre suggère que l’économie a progressé de 0,2 %, après une augmentation de 0,1 % en septembre.
Un atterrissage en douceur
La Banque du Canada s’efforce de réaliser un atterrissage en douceur, c’est-à-dire que des taux d’intérêt plus élevés ralentissent l’économie juste assez pour faire baisser l’inflation, mais pas au point de provoquer une récession.
Selon James Orlando, le Canada semble connaître actuellement un atterrissage en douceur, alors que le pays évite un ralentissement plus marqué.
« Si vous m’aviez demandé, il y a deux ans, comment l’économie canadienne réagirait, compte tenu de l’endettement élevé des consommateurs et du fait que la Banque du Canada a relevé ses taux d’intérêt de 0 à 5 %, la plupart des gens auraient pensé que nous aurions déjà connu une grave récession. Et ce n’est pas le cas », a rapporté James Orlando.
Le taux d’inflation au Canada est passé de 8,1 % à l’été 2022 à 3,1 % en octobre.
La banque centrale devrait annoncer sa prochaine décision sur les taux d’intérêt le 6 décembre, après avoir choisi de maintenir son taux directeur à 5 % lors de ses deux dernières annonces.
Les économistes s’attendent généralement à ce que la Banque du Canada maintienne son statu quo alors que l’inflation ralentit et que l’économie s’affaiblit.
« Le rapport mitigé d’aujourd’hui renforce l’idée que la Banque a fini de relever ses taux, mais ne fait pas vraiment avancer la cause des réductions de taux, car l’économie ne montre pas de signes de détérioration supplémentaire au début du quatrième trimestre », a déclaré Douglas Porter de BMO.
La Banque du Canada a réaffirmé sa volonté d’augmenter encore les taux si l’inflation ne diminue pas assez rapidement et a écarté toute discussion sur des réductions de taux à plus long terme.
Statistique Canada publiera vendredi son enquête sur la population active de novembre, qui permettra aux économistes de mieux comprendre si la dynamique économique a continué à ralentir.