Alors qu’on s’attendait à ce que la pandémie de COVID-19 bouleverse complètement les marchés, ils ont plutôt rebondi de manière surprenante.
Dans un article paru dans le Harvard Busiess Review, plusieurs leaders se questionnent sur la différence marquée entre les attentes liées aux répercussions du coronavirus et la réalité. Comment expliquer ce rebond rapide inattendu?
Des éléments de réponse
Il existe trois composantes d’une récession qui, ensemble, peuvent aider à comprendre les dynamiques d’une reprise économique. Le bouleversement économique entraîné par la COVID-19 présente des caractéristiques distinctes permettant d’expliquer une grande partie de ce que nous avons vécu jusqu’à maintenant.
1) La nature de la récession
De quoi s’agit-il au juste : une crise des investissements? Une crise financière? Une erreur politique? Un choc extérieur?
Malgré le choc qui a découlé jusqu’ici de la COVID-19, la situation est préférable à un effondrement des investissements ou une crise financière semblable à celle de 2008. La crise actuelle a requis un surplus d’investissements compensatoires dont il est encore difficile d’évaluer le poids sur la situation économique à venir, mais cette solution paraît jusqu’ici adéquate. « Finalement, le plus grand risque d’un choc exogène est de se transformer en crise systémique. »
2) La politique fiscale
La réponse fiscale est ce qui va déterminer la rapidité et la force de la reprise. Dans notre cas, la politique de soutien fiscal a permis de contenir les effets néfastes de la pandémie sur les finances des ménages, sur les faillites potentielles des entreprises et sur le système bancaire.
3) Les dommages structurels
Lorsqu’une récession entraîne un effondrement des dépenses en capital et des mises à pied au sein de la population active, la capacité de production d’une économie s’en trouve diminuée. C’est ce qui s’est produit aux États-Unis et ailleurs dans le monde en 2008, alors que la crise financière a perturbé la croissance du stock de capital et rendu beaucoup plus difficile le retour aux niveaux d’avant.
La situation découlant de la COVID-19 paraît jusqu’ici plus favorable à cet égard. De plus, la réponse bien plus rapide que celle de 2008 a permis – du moins pour l’instant – de minimiser le nombre de faillites tout en entraînant une reprise en V.
Et pour la suite?
Rien n’indique que tout sera au beau fixe pour la suite, et la crainte d’un effondrement économique mondial est toujours d’actualité. Une période de récession en forme de « W » fait partie des pires scénarios. Ainsi, après une chute en Q2 et un retour très marqué en Q3, on pourrait observer une croissance négative en Q4 (ou Q1 pour 2021), prévient le Harvard Business Review.
Un confinement semblable à celui du printemps dernier pourrait déclencher un tel scénario. Ainsi, cela dépend de la capacité des hôpitaux et de la volonté des décideurs politiques de maintenir un niveau d’activité économique élevé.
Le confinement actuel, moins restrictif que celui du printemps semble suffire pour maintenir le taux de croissance en-dessus de 0.
Pour les pessimistes, le Harvard Business Review rappelle tout de même que chez nos voisins du Sud, 14% des entreprises, tous secteurs confondus, profitent généralement d’une augmentation de leurs revenus et de leurs marges de profit lors de telles périodes de ralentissement.