Le krach du coronavirus a été significatif. Le 23 mars dernier, le S&P 500 a chuté de 34 % par rapport à son niveau de février. Si depuis il a repris plus de 25 %, il va falloir se montrer patient avant d’être sûr que le marché a vraiment cessé de chuter et il faudra l’être encore davantage jusqu’à qu’il revienne à son niveau initial.
Et si la situation est inédite dans le sens où les anciens krachs n’étaient pas dépendants d’un arrêt de l’économie décrété par l’état, il est bon de se rappeler que ce n’est pas la première fois que le marché est confronté à une telle baisse.
Morningstar a classé les 10 krachs boursiers les plus douloureux de l’histoire, selon un Indice de douleur, déterminé par le directeur de recherche de Morningstar Canada, Paul D. Kaplan.
Il a ainsi examiné les 150 dernières années et définit ce qui différenciait chaque krach. L’objectif de l’Indice de la douleur est de mesurer la gravité de chaque krach boursier en fonction du degré de la baisse et du temps qu’il a fallu pour revenir au niveau le plus élevé du marché boursier précédent. Le Ratio de la douleur pour chaque baisse du marché, ou épisode, est le rapport de la zone entre la ligne de valeur cumulée et la ligne du pic de récupération, par rapport à la zone de la pire baisse du marché des 150 dernières années.
10) Le lundi noir
Indice de la peur de Kaplan : 7,73 %
Si cette note attribuée par Paul D. Kaplan peut sembler basse pour ceux qui ont vécu cette période où, du pic en août 1987 jusqu’au creux en novembre 1987, le marché a baissé de 30,21 %, l’expert a pris en compte la période de recouvrement qui a somme toute été assez courte. La période de récupération était ainsi inférieure à deux ans, les actions ont atteint leurs précédents sommets en juillet 1989.
9) La lutte pour les actions du Northern Pacific Railway
Indice de la peur de Kaplan : 8,18 %
En raison de la bataille entre JP Morgan et E.H. Harriman pour le contrôle des actions du Northern Pacific Railway, les actions ont chuté de 30,41 % entre leur pic en 1899 et leur plus bas en juin 1900. Les actions sont revenues à la normale en mars 1901.
8) La panique de 1907
Indice de la peur de Kaplan : 8,23 %
Surtout causé par la banqueroute de deux firmes de courtage, la panique de 1907 a causé une baisse de 34,22 % du pic de janvier 1906 au creux d’octobre 1907. Le marché est revenu à son pic en août 1908.
7) Marché inflationniste baissier
Indice de la peur de Kaplan : 14,22 %
Ce marché baissier est arrivé juste après l’assermentation de Richard Nixon. Il est dû à plusieurs raisons, soit une inflation moyenne de 6 % par année, la guerre du Vietnam et une économie plus faible qui a connu une chute de 35,54 % de son pic en novembre 1968 à son plus bas en juin 1970. Le marché est revenu à son niveau d’avant crise en novembre 1972.
6) Le marché baissier après-guerre
Indice de la peur de Kaplan : 29,06 %
De son sommet en mai 1946 à son plus bas en février 1948, le marché a baissé de 37,18 % et n’est revenu à son niveau antérieur qu’en octobre 1950.
5) La grande dépression et la Seconde Guerre mondiale
Indice de la peur de Kaplan : 59, 57 %
La partie plus tardive de la grande dépression était difficile pour plusieurs raisons, notamment la pauvreté, la guerre et une chute du marché des actions de 49,93 % en mars 1938 par rapport au sommet de février 1937. Le marché n’est revenu à son sommet qu’en février 1945.
4) Inflation, Vietnam et Watergate
Indice de la peur de Kaplan : 80,41 %
Ce fut une époque trouble pour les États-Unis. Entre son pic en décembre 1972 et son plus bas en septembre 1974, le marché a chuté de 51,87 %. Non seulement l’économie a été ébranlée, mais les Américains ont aussi dû faire face à la démission de leur président en raison du scandale du Watergate. Le marché n’est remonté qu’en juin 1983.
3) La décennie perdue
Indice de la peur de Kaplan : 85,51 %
De son plus haut en août 2000 à son plus bas en février 2009 le marché a chuté de 54 %. Si l’effondrement de la bulle Internet semble n’avoir été que passagère, le marché n’a pas retrouvé son sommet avant un moment. Le véritable désastre a frappé ensuite avec la crise financière mondiale de 2008-2009. Ce n’est qu’en mai 2013, que le marché a retrouvé son niveau de l’an 2000.
2) La Première Guerre mondiale et l’influenza
Indice de la peur de Kaplan : 89,34 %
Depuis son pic en juin 1911, le marché a chuté de 50,96 % jusqu’à son plus bas en décembre 1920. Pendant ce temps, les États-Unis ont rejoint l’effort de guerre et une épidémie d’influenza a frappé le pays en 1918. Le marché n’est pas revenu à son pic avant décembre 1924.
1) Le krach de 1929 et la Grande Dépression
Indice de la peur de Kaplan : 100 %
On peut voir deux parties à la Grande Dépression. Dans la première partie de celle-ci, le marché s’est effondré de 79 % entre son pic d’août 1929 et son plus bas en mai 1932. Il n’est pas revenu à ses précédents niveaux avant novembre 1935 avant de chuter à nouveau un an plus tard.
S’il est difficile de noter dès à présent la crise actuelle selon l’indice de la peur de Kaplan, on peut tirer un point commun entre tous ces événements dramatiques. Le marché est toujours remonté.