Les actions sont « le meilleur endroit où investir »

Durant le second semestre de l’année, dit-il, les risques auxquels s’exposera le marché boursier comprennent les élections de septembre en Allemagne et la possibilité de relève de la garde à la Réserve fédérale américaine. Néanmoins, dit-il, « les actions sont le meilleur endroit où investir en ce moment. »

Pour la première fois depuis plusieurs années, le marché obligataire « confronte les difficultés causées par l’augmentation des taux d’intérêt », dit M. Frost. La Réserve fédérale prévoit réduire ses achats d’obligations, se chiffrant présentement à 85 G$ US par mois, processus appelé allègement quantitatif. « Les marchés obligataires des deux côtés de la frontière ont été fortement liquidés dernièrement, et les actions de qualité supérieure générant un revenu, qui sont également sensibles aux taux d’intérêt, ont beaucoup souffert. »

M. Frost dit que les taux d’intérêt des marchés canadiens et américains « se négocient actuellement selon des fourchettes plus élevées ». Les obligations du gouvernement du Canada sur 10 ans, qui se négociaient dans une fourchette de 1,6 % à 2 %, ont dépassé ce niveau pour atteindre une fourchette de 2,5 % à 2,6 % ». Les obligations du Trésor américain sur 10 ans ont atteint 2,8 %, leur niveau le plus élevé sur deux ans, dit-il.

Chez AGF, les responsabilités de M. Frost comprennent deux fonds équilibrés axés sur les revenus : le Fonds de revenu mensuel élevé AGF (850 M$) et le Fonds de revenu traditionnel AGF (350 M$). Il gère aussi le produit phare axé sur les actions canadiennes, le Fonds de titres canadiens AGF (1,5 G$).

Les deux fonds équilibrés combinent la répartition d’actifs stratégique avec la sélection des actions et des obligations. La combinaison stratégique des actifs à long terme pour les deux fonds est de 50-50, (l’encaisse est incluse dans la composante des titres à revenu fixe). La combinaison tactique des actifs peut aller de 80 % à 20 % dans chaque catégorie d’actifs du Fonds de revenu mensuel élevé AGF, et de 70 % à 30 % pour le Fonds de revenu traditionnel AGF.

« La répartition tactique des actifs signifie que j’ai la capacité de modifier la combinaison des actifs à long terme, dans les limites des politiques respectives, pour ajouter de la valeur en profitant des tendances à court terme des marchés financiers », dit M. Frost.

Au cours des derniers mois, M. Frost a utilisé les encaisses de chaque fonds pour augmenter leur composante en actions. En même temps, il a conservé la participation obligataire de chaque fonds « stable et fortement sous-pondérée ».

Dans les deux fonds, l’accent est mis sur les obligations de sociétés. Il y a une petite participation aux obligations gouvernementales classiques dans le Fonds de revenu mensuel élevé AGF, dit M. Frost. La pondération de ces obligations est plus élevée dans le Fonds de revenu traditionnel AGF, « mais avec une faible durée, car ces obligations sont les plus vulnérables aux augmentations des taux d’intérêts. »

En général, dit M. Frost, la durée des obligations détenues dans les deux fonds est « agressivement courte, ce qui a été une bonne stratégie étant donné l’augmentation des taux d’intérêt ». Il indique que lorsque les taux d’intérêt sont bas, une augmentation des taux de 100 points de base a un impact bien plus important sur le prix des obligations qu’une telle augmentation aurait dans un contexte de taux d’intérêt plus élevés.

Au dernier décompte, le Fonds de revenu traditionnel AGF détenait un portefeuille de 70 % en actions avec un penchant pour les compagnies aux dividendes élevés, de 25 % de titres à revenu fixe et de 5 % en liquidités. À l’opposé, le Fonds de revenu traditionnel AGF, qui se concentre sur les actions des compagnies augmentant leurs dividendes plutôt que sur le rendement absolu, avait 67 % d’actions, 19 % de titres à revenu fixe et 14 % de liquidités. Certaines actions sont communes aux deux fonds. Le contenu étranger est de 35 % dans le Fonds de revenu mensuel élevé AGF, et de 28 % dans le Fonds de revenu traditionnel AGF.

Sur les secteurs des actions, M. Frost fait remarquer qu’il a maintenu une forte pondération dans l’énergie et une sous-pondération dans les services financiers. Dans le secteur des matériaux, il a augmenté ses avoirs en actions aurifères dans les deux portefeuilles. « J’ai vendu mes avoirs aurifères à l’automne de 2012, lorsqu’ils ont atteint mes prix cibles. »

Les actions aurifères ont nettement baissé depuis lors, dit-il, après la chute du cours de l’or, en partie en raison de l’appréciation du dollar américain, et en partie à cause des problèmes opérationnels de certaines sociétés minières mondiales. « Cela a représenté une occasion d’achat. »

M. Frost aime les compagnies à redevances sur l’or et achète depuis quelque temps les actions d’une importante compagnie canadienne à redevances, Franco-Nevada Corp. Il se concentre également sur les compagnies affichant un bon profil de croissance. « Un bon exemple en est Yamana Gold », dit-il. En ce qui concerne le lingot, M. Frost considère le retrait récent comme une « correction ». Bien que le lingot d’or n’ait pas nécessairement atteint son niveau le plus bas, « le marché haussier du lingot n’est pas terminé. »

Le prix canadien du pétrole brut, dit M. Frost, a bénéficié de l’augmentation récente du prix du pétrole en dollars américains par rapport à un dollar canadien plus faible et une baisse importante des rabais par rapport à l’indice de référence West Texas Intermediate qui s’est révélée depuis le début de l’année.

M. Frost a augmenté sa participation déjà importante à Suncor Énergie, une compagnie énergétique intégrée présente dans les deux fonds. La compagnie a augmenté ses dividendes et accéléré son programme de rachat d’actions, dit-il. Steve Williams, PDG aux commandes depuis maintenant plus d’un an, s’est engagé à restituer de l’argent aux investisseurs. »

Une compagnie de services énergétiques que M. Frost aime bien est Calfrac Well Services Ltd. Alors que l’activité pétrolière augmente, cette compagnie connaîtra une utilisation meilleure et un prix plus juste, dit-il. L’action a « un bon rendement en dividendes, à plus de 3 %. Les initiés possèdent beaucoup d’actions, ce qui aide à aligner les intérêts de la compagnie sur ceux des actionnaires. »

En ce qui concerne les oléoducs, qui sont inclus dans le secteur de l’énergie, M. Frost dit qu’il a augmenté sa participation à Enbridge dans le Fonds de revenu traditionnel AGF. L’action, dit-il, a reculé avec d’autres noms d’actions à revenus bien connues, avec l’augmentation des taux d’intérêt. « Enbridge a un bon profil de croissance et de bonnes perspectives de croissance des dividendes. »

M. Frost a vendu sa participation à la société de gaz naturel Keyera Corp. dans les deux fonds. « J’ai réalisé des profits grâce à cette action. » La croissance des dividendes de la compagnie a ralenti, dit-il, et le rendement en dividendes a été compressé, étant donné l’augmentation du prix des actions.

Enfin, une action favorite du secteur des services publics canadiens qui est détenue dans les deux fonds équilibrés est Brookfield Infrastructure Partners. Cette société investit dans des actifs d’infrastructures de longue durée dans le monde entier, notamment dans plusieurs ports européens, dit M. Frost. Il y a « des barrières élevées à l’entrée » dans ces entreprises, dit-il, et les actifs de Brookfield génèrent des flux de trésorerie prévisibles et croissants. « Ce sont d’importants critères dans la sélection des actions de revenu. »

Photo Bloomberg