Bien qu’elles soient de plus en plus présentes, ces startups technologiques ne cherchent pas, pour la plupart à compétitionner avec les assureurs, mais désirent plutôt les accompagner, selon les résultats d’une étude réalisée par Deloitte et présentée lors de la Semaine numériQC à Québec, au printemps dernier.
En marge de ce qu’il considère comme « la deuxième vague de l’insurtech », le cabinet d’audit estime que les assurances personnelles et commerciales font face à des « pressions continues » pour innover. L’intelligence artificielle (IA), le big data, le machine learning, les objets connectés et l’économie partagée sont autant d’éléments qui influencent le comportement des consommateurs.
Dans ce contexte, les grands joueurs de l’industrie doivent moderniser leur plateforme technologique, et bonifier leur offre de solution afin de répondre aux attentes changeantes de leurs clients. « On croit sincèrement que les assureurs vont bénéficier [de l’apport] des startups et pourront diversifier leurs services. Ils pourront aller chercher des segments différents du marché et de nouveaux consommateurs », estime Mukul Ahuja, stratégiste pour Deloitte.
L’acquisition de clients est d’ailleurs l’un des grands segments d’activités dans la mire des assurtechs. La majorité des assureurs ont encore recours à des moyens plutôt conventionnels pour recruter de nouveaux clients, notamment avec le concours des courtiers, constate Mukul Ahuja. Toutefois, il cite l’approche de l’assurtech ontarienne Foxquilt, qui se démarque en créant des produits et des plateformes permettant de réunir des clients potentiels en fonction de leur position géographique, de leur situation économique, ou de leur appartenance à des communautés spécifiques.
Positionnement du Canada
Le Canada compte près de 90 assurtechs, qui emploient environ 1400 personnes, selon la plus récente carte de l’écosystème fintech canadien (janvier 2019) dressée par Fintech Cadence. De cette centaine de petites entreprises en activité au pays, une quarantaine sont des « startups plus sophistiquées », dont près de la moitié ont un chiffre d’affaires de plus de 100 M$, affirme Mukul Ahuja. On observe par ailleurs une croissance du financement par l’État, faisant en sorte que les assurtech sont en croissance dans tous les secteurs [d’activité], mais avec « une plus grande maturité pour les assurances personnelles », soutient le stratégiste.
Si le Canada est encore loin derrière les États-Unis en ce qui a trait au nombre de firmes technologiques en activité dans le secteur des assurances, celles-ci arrivent malgré tout à se tailler une juste place. Selon Mukul Ahuja, l’approche adoptée par les assurtechs, qui se positionnent d’abord et avant tout comme des collaborateurs, en opposition aux fintechs qui ont eu tendance au départ à vouloir compétitionner les entreprises traditionnelles du secteur financier, est un facteur qui explique cette situation. « Lemonade a voulu devenir un assureur, mais sinon il y a très peu d’exemples du genre », précise-t-il.
Les assurtechs ne sont pas réputées pour créer de nouvelles infrastructures, mais plutôt pour apporter des améliorations au sein d’écosystèmes existants, lit-on dans l’étude de Deloitte. Elles ont également su saisir des opportunités dans presque tous les secteurs des services financiers, nourrissant ainsi l’innovation. Les assurtechs ont aussi établi de nouveaux standards en matière d’expérience-utilisateur, notamment à travers le traitement rapide de réclamations auprès des assurés. Ainsi, ces entreprises ont démontré que cette expérience-client, bien développée au sein de grandes firmes comme Apple et Google, peut être mise à profit dans les services financiers, avance-t-on dans l’étude.
Par ailleurs, les habitudes des consommateurs continuent d’évoluer et mettent à mal certaines idées reçues. Par exemple, plus du tiers (37 %) des clients âgés entre 35-54 ans sont aussi enclins à contracter une assurance en ligne que les 18-24 ans et sont également tout aussi intéressés que ceux-ci à se procurer une assurance via un téléphone intelligent, indique également l’étude de Deloitte. Devant ce constat, les assureurs devraient « mettre de côté leurs hypothèses persistantes » selon lesquelles les outils numériques sont plus attrayants pour les milléniaux, suggère-t-on.
Le rapport indique par ailleurs que plus de 9 milliards de dollars (G$) ont été injectés dans les assurtechs depuis 2012 à travers le monde. Seulement pour 2018, ces investissements en capital-risque s’élèvent à plus de 2,6 G$ et ce montant est appelé à augmenter d’année en année.