«Dans quel pays n’investiriez-vous jamais à long terme? Au Bangladesh, car ce pays sera un jour en partie submergé par la mer», répondait récemment à notre question un important investisseur.

Une réponse qui illustre bien à quel point les changements climatiques sont en train de changer en profondeur la donne en matière d’investissement.

Bien entendu, la chute du prix des matières premières, les difficultés économiques de la Chine ou la faiblesse des taux d’intérêt ont un impact plus direct et à court terme sur vos placements.

Pour sa part, l’impact des changements climatiques est plus subtil et davantage à long terme, un horizon d’investissement qui n’est pas nécessairement la norme dans l’industrie.

L’économie pâtit

Cela dit, les changements climatiques ont déjà un impact sur l’économie mondiale – et les investisseurs.

En 2006, le fameux rapport de l’économiste Nicholas Stern chiffrait cet impact à 7 000 milliards de dollars américains par année (soit quatre fois le PIB canadien) si les gouvernements ne faisaient rien pour lutter contre les changements climatiques.

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Force est de constater que l’on ne fait pas grand-chose, malgré les conférences internationales sur le climat qui se succèdent.

Ce chiffre représente la perte de croissance sur l’économie mondiale causée par la destruction d’actifs (infrastructures, récoltes, écosystèmes, etc.)

La géographie change

Par ailleurs, comme l’expliquait récemment un analyste dans Foreign Policy (Same Game, New Board: climate change is destroying the geopolitical playbook. How will Nation Survive?), les changements climatiques sont en train de changer la géographie même de la planète.

Des îles disparaissent et de grandes zones agricoles sont en train de dépérir.

Si un pays comme Bangladesh voit un jour une bonne partie de son territoire grugé par l’océan (plus de 20 millions d’habitants de ce pays pourraient être déplacés d’ici 2050), il ne sera pas le seul dans cette situation.

En Europe, par exemple, les Pays-Bas courent aussi le risque de perdre une partie de leur territoire et de leur capital de production, sans parler d’un possible déplacement de population.

En 2008, le comité Veerman estimait que le niveau de la mer pourrait monter de 65 à 130 centimètres d’ici 2100. Les Néerlandais devront investir des sommes astronomiques pour protéger leur pays contre la montée des eaux.

L’instabilité politique augmente

Les changements climatiques, prétendent plusieurs spécialistes, provoqueront aussi de l’instabilité politique dans le monde, sans parler du risque de guerres civiles ou de conflits entre États.

Pourquoi? Parce que les conséquences des changements climatiques, tels que les inondations et les sécheresses, provoqueront des crises humanitaires, des migrations massives, sans parler d’une concurrence pour l’accaparement des ressources, au premier chef l’eau.

Dans son essai Effondrement (Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie), Jared Diamond explique pourquoi les sociétés ne peuvent prospérer à long terme si leur environnement se dégrade.

Et pour illustrer son propos, il donne notamment l’exemple des Mayas, des Vikings du Groenland et des habitants de l’île de Pâques, trois sociétés qui se sont effondrées.

En 2012, dans une entrevue au journal Le Monde, Jared Diamond posait ainsi crûment le choix auquel l’humanité est confrontée à l’avenir, alors que la population mondiale continue de croître et que les besoins économiques, en matière de santé et d’énergie, progressent sans cesse.

«L’humanité est engagée dans une course entre deux attelages. L’attelage de la durabilité et celui de l’autodestruction. Aujourd’hui, les chevaux courent à peu près à la même vitesse, et personne ne sait qui va l’emporter. »

Discours alarmiste, souligneront plusieurs observateurs. Chose certaine, les changements climatiques posent à terme tout un défi aux sociétés dans le monde, même si l’humanité évite l’autodestruction.

Voilà pourquoi les changements climatiques représentent sans doute votre plus grand risque à long terme.