Gestionnaire traditionnel axé sur la valeur, M. Moeschter a « modestement réduit » sa participation à ces compagnies cycliques, mais y conserve encore « des positions substantielles ». Il pense qu’elles n’ont toujours pas fini leur course.
« Nous avons montré notre enthousiasme tôt pour les noms européens », dit M. Moeschter. Cela, dit-il, reflète la discipline très affinée de Templeton, qui évalue une entreprise et son action pour les cinq ans à venir. « L’Europe, ajoute-t-il, était là où nous avons trouvé de la valeur. »
Plus récemment, dit-il, l’attitude générale des investisseurs envers les actions européennes s’est améliorée et elles sont en train d’être réévaluées. Ils semblent être réconfortés par le fait que l’économie européenne « montre des signes de stabilisation et pourrait reprendre une croissance modeste ».
La Commission européenne prévoit une hausse du produit intérieur brut réel (qui tient compte de l’inflation prévue) de 0,4 % pour l’Union européenne et de 0,1 % pour la zone euro. « Malgré ce qu’affirmaient les pessimistes, la zone euro est restée intacte », dit M. Moeschter.
Sur les 12 mois qui se sont terminés en fin février, l’Indice MSCI Monde a dégagé un rendement total de 15,6 % (en dollars canadiens). Cet indice est le point de repère des pays développés du monde entier. Nombre de pays européens qui le composent ont également affiché de solides résultats à deux chiffres sur cette période de 12 mois.
La France, par exemple, a eu un rendement total de 14,5 %, et l’Allemagne de 15,3 %. Ces pays sont parmi les plus fortement pondérés de l’Indice MSCI Monde, la France avec 4 % et l’Allemagne avec 3,6 %. Le Royaume-Uni, dont la participation dans l’indice est de 9,2 %, a enregistré un rendement total de 10,7 % sur les 12 mois en question.
Au sujet de la reprise économique du continent européen, M. Moeschter dit que les contraintes imposées aux pays de la zone euro qui connaissent les pires troubles financiers sous forme d’augmentations d’impôts et de réductions des dépenses étaient « une mesure nécessaire » pour diminuer leur déficit fiscal.
Par ailleurs la Banque Centrale Européenne « a apporté un soutien accru au secteur démuni des services financiers européens ». Ces banques reconstruisent leurs bases de capitaux, « ce qui aboutira à davantage de prêts pour alimenter la croissance économique ».
Apportant encore plus d’élan à cette reprise, dit M. Moeschter, certains pays européens périphériques comme l’Espagne, le Portugal et l’Irlande ont vu un déclin du coût de leur main-d’oeuvre. Cela a conduit à une amélioration de leur compétitivité. « Leurs exportations se remettent, et leurs produits sont souvent destinés à des marchés en dehors de l’Europe. »
Dans l’ensemble, dit M. Moeschter il y a des signes d’un regain de confiance des consommateurs et des entreprises en Europe. « Une plus grande confiance de la part des entreprises devrait aussi augmenter les investissements et les embauches, ce qui devrait réduire le taux de chômage en Europe. »
Chez Templeton, M. Moeschter est responsable des portefeuilles mondiaux et de l’EAEO (Europe, Australie et Extrême-Orient) pour les particuliers et les investisseurs institutionnels. Travaillant auprès de cette compagnie depuis 15 ans, il est revenu à Toronto l’an dernier après une mutation à Edimbourg.
L’Europe représente actuellement près de 50 % de ce portefeuille mondial, contre 28 % pour l’Indice MSCI Monde. Les États-Unis, avec leur participation indicielle marquée de 53 %, sont sous-pondérés avec 35 %. Le Japon, qui représente 8,7 % de l’Indice MSCI Monde, est également sous-pondéré en portefeuille à 7 %. Ce portefeuille arbore une composante des marchés émergents, avoisinant actuellement 8 %.
Pour ce qui est des secteurs, l’accent est mis sur les actions des valeurs industrielles et de la consommation discrétionnaire dans ce portefeuille d’actions mondiales, dit M. Moeschter. Sa pondération au secteur financier reflète celle du marché en étant la plus grande participation sectorielle de l’Indice MSCI Monde à 20,5 %. Dans les secteurs plus défensifs des places boursières mondiales, ce portefeuille est surpondéré dans les soins de la santé, mais affiche une sous-pondération à la consommation de base.
Deux titres européens cycliques, qui selon M. Moeschter profiteront de l’amélioration des économies régionales et mondiale, sont International Consolidated Airlines Group SA (ICA) et Randstad Holding NV. ICA est le produit de la fusion de British Airways et de la compagnie aérienne espagnole Iberia, il y a quelques années.
ICA évolue dans les trajets transatlantiques de premier ordre, dit M. Moeschter, et la rentabilité des activités de cette compagnie aérienne fusionnée est en train de s’améliorer. « Cette fusion a produit des efficacités matérielles. » Bien que cette action se soit reprise dernièrement, « elle peut continuer à bien se comporter, au fur et à mesure que le redressement se poursuit en Europe et dans le monde ».
Randstad, société basée aux Pays-Bas, fournit de la main-d’oeuvre temporaire à un tas d’entreprises, et se concentre sur l’Europe développée, bien que l’Amérique du Nord constitue plus de 20 % de ses revenus.
« Les attributions d’emplois temporaires sont souvent en hausse aux stades précoces ou intermédiaires d’une reprise, avant que les entreprises ne s’engagent à des embauches de personnel permanent. » Cette action, dit M. Moeschter, s’apprécie depuis six mois, mais continue à proposer un bon potentiel de hausse, et offre un dividende proche de 4 %.
M. Moeschter a liquidé sa position dans un autre nom européen cyclique, le fabricant allemand d’automobiles et de motos de luxe Bayerische Motoren Werke AG (BMW). « Nous avons gardé cette action des années. Elle s’est bien comportée, puis une meilleure valeur était disponible chez les fabricants japonais d’automobiles, dont la présence est mondiale. » Ce portefeuille possède Toyota, Nissan et Mazda.
Ce mandat d’actions mondiales sous-pondère le secteur de la consommation de base, dit M. Moeschter, « parce qu’il reste cher ». Un titre américain de consommation de base qui, selon M. Moeschter, propose de la valeur, est Mondelez International MDLZ .
Mondelez « est l’une des plus premières compagnies au monde de confiseries et friandises », avec des marques comme les biscuits Oreo, les craquelins Ritz, Cadbury, Toblerone et Dentyne. Cette société, dit M. Moeschter, est une ancienne division de Kraft Foods devenue indépendante en automne 2012.
Les confiseries et les friandises continuent à être un secteur de l’industrie alimentaire qui se développe rapidement, dit-il. La capacité de Mondelez à générer des bénéfices indépendamment « n’est pas encore claire à court terme », dit M. Moeschter. Toutefois, le potentiel à plus long terme de croissance de son revenu ainsi que d’amélioration de sa marge bénéficiaire « devrait conduire à un potentiel de profit supérieur sur un avenir de trois à cinq ans ».
La position surpondérée dans les soins de la santé, d’après M. Moeschter, reflète le fait que de nombreuses compagnies pharmaceutiques « réussissent à gérer leurs affaires malgré l’expiration de leurs brevets et recommencent à dégager une croissance de leurs bénéfices ». Un exemple en est Pfizer PFE , dit-il. Cette compagnie américaine est « une position centrale dans ce portefeuille ».
Pfizer ne bénéficie plus de la protection de son brevet pour Lipitor, un médicament anti-cholestérol qui est l’un de ses principaux produits, dit M. Moeschter. « Wyeth, une grande société pharmaceutique américaine achetée par Pfizer il y a trois ans, l’aide à amortir cette perte. » Pfizer se négocie à 12 fois ses bénéfices estimatifs par part pour 2013, et le rendement du dividende de cette action est de 3,4 %.